29 Novembre 2015
Le Panchen Lama "chinois" demande un contrôle plus sévère des moines non affiliés à un monastère
mardi 17 novembre 2015 par Monique Dorizon , Rédaction
Le 25 octobre 2015, lors d’une rare intervention publique, le "Panchen Lama du gouvernement chinois" a appelé à un contrôle plus strict des moines "itinérants" pour s’assurer qu’ils suivent les enseignements de Bouddha et les lignes directrices du quatrième Forum mondial du Bouddhisme réuni ce même jour à Wuxi, près de Shanghai.
Gyaltsen Norbu, nommé 11e Panchen Lama par la Chine, a dit que "les moines itinérants non rattachés à un temple sont particulièrement sujets aux préceptes de rupture".
"Il serait également difficile pour toute autorité ou la police de les saisir s’ils ne respectent pas la loi", a-t-il dit.
Gyaltsen Norbu est actuellement le vice-président de l’Association des bouddhistes de Chine et membre du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, organe consultatif politique suprême du pays.
Cependant, pour la première fois en 20 ans, le gouvernement chinois a admis le mois dernier que Gendun Choekyi Nyima, reconnu par le Dalaï Lama comme Panchen Lama, était vivant et menait "une vie normale".
Norbu Dunzhub, membre du Département du front uni de la "Région Autonome du Tibet" a alors dit : "Le Panchen Lama, que vous avez mentionné, est éduqué, vit une vie normale, grandit sainement et ne souhaite pas être dérangé".
Le Dalaï Lama, qui a reconnu Gendun Choekyi Nyima comme la véritable réincarnation, a insisté sur la nécessité d’approfondir les recherches sur la disparition du Panchen Lama et son état actuel.
Sources : Phayul et tibet-info.net
29 Novembre 2015
PEN international en appelle à la Chine au sujet de la culture et des écrivains tibétains
jeudi 19 novembre 2015 par Monique Dorizon , Rédaction
Les délégués du PEN International ont fait part de leur motion soumise à "l’Assemblée des délégués de Pen International" lors de son 81ème Congrès mondial réuni à Québec, Canada, tenu du 13 au 16 octobre 2015.
La motion présentée par des écrivains tibétains à l’étranger, le PEN d’Angleterre, Centre PEN chinois indépendant et le PEN de Sydney est intitulée "Résolution n ° 14" : Le droit à la liberté d’expression et la situation des écrivains dans la "Région Autonome du Tibet" recouvre la forte maltraitance des écrivains tibétains et autres souffrances des intellectuels ainsi que la pénalisation pour avoir simplement exercé leur droit à la parole et à l’expression.
En tant que signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit la liberté d’expression légitime, le droit de ne pas être arbitrairement détenu et le droit à un procès équitable, la Chine est obligée de "s’abstenir d’actes qui priveraient ou saperaient l’objectif et le but du traité", précise la déclaration.
L’Assemblée des délégués du PEN International a exhorté le gouvernement chinois à libérer les écrivains tibétains et les autres personnes emprisonnées pour avoir exercé leurs droits fondamentaux, cesser de torturer et faire subir de mauvais traitements aux écrivains et intellectuels, respecter le droit à la liberté d’expression, lever les restrictions imposées à la communication et à l’enseignement de la langue tibétaine et mettre en œuvre des mesures appropriées pour protéger et développer la culture tibétaine.
Tout en condamnant la répression vis-à-vis de la culture tibétaine et des manifestations non violentes, ils ont lancé quelques appels qui pousseraient la Chine à reconnaître non seulement les dommages et pertes causés jusqu’à présent, mais aussi à mettre fin à leurs politiques de propagande qui permettent de telles pratiques.
Les nombreuses victimes de ces répressions sont représentées à travers le sort des écrivains tibétains Lhamo Kyab, Yeshi Choedon et l’éditeur littéraire Konchok Tsephel, qui ont tous été condamnés à 15 ans de prison.
Sources : Phayul et tibet-info.net
29 Novembre 2015
Nouvelles mesures anti religieuses mises en place dans le Comté de Driru
jeudi 26 novembre 2015 par Monique Dorizon , Rédaction
Les autorités chinoises ont intensifié les campagnes anti religieuses en convertissant systématiquement les institutions monastiques tibétaines en bureaux du gouvernement chinois et la population monastique en membres du Parti communiste chinois à Driru [1].
Ces campagnes, mises en œuvre par le gouvernement et le Parti du Comté local grâce à un nouveau règlement, a considérablement restreint le droit à la liberté de religion et de croyance des Tibétains locaux, en particulier les moines, dont beaucoup ont été expulsés et punis, alors que les autorités exercent un contrôle absolu sur le fonctionnement et l’administration des institutions religieuses.
Le TCHRD, Tibetan Center for Human Rights and Democracy, basé à Dharamsala, en Inde, a récemment obtenu une copie du Document no. 224 [2] délivré par le gouvernement du Comté de Driru du 19 septembre 2015, qui appelle à l’intensification et à l’approfondissement de la campagne de purge et à réformer les institutions religieuses. Le document contient un ensemble de règles exposées en trois chapitres, 24 sections et 74 articles, et a été diffusé auprès des bureaux de différents niveaux : comté, canton / commune, comités de gestion des monastères, comités de gestion concernés, des cadres sédentaires permanents affectés aux villages et monastères.
Le règlement identifie et cible les 24 activités pour lesquelles les institutions religieuses (monastères, temples et ermitages) seront "purgées et réformées" dans le Comté de Driru. Par exemple, les autorités chinoises vont garder une partie de toutes les propriétés monastiques, et conserver le pouvoir exclusif de décider de leurs réparations. Les autorités devront surveiller et contrôler les cérémonies et les rassemblements religieux, restreindre l’organisation ou la participation des Tibétains à des rituels religieux importants.
Le TCHRD, a déclaré que les nouvelles règles contenues dans les documents ciblent ce que les Chinois considèrent comme étant l’influence du Lama sur les gens ordinaires, limite la taille et les finances des monastères, définit le cursus éducatif dans les monastères, et même interdit aux gens ordinaires la sculpture de mantras bouddhistes sur les pierres considérées par les Tibétains comme un acte méritoire. Les monastères sont menacés d’un dépouillement de leur statut religieux et du retrait des droits de récolte du Yartsa Gonbu [3], plante locale, source importante de l’activité économique au Tibet.
"Ce règlement évoque la Révolution culturelle, quand toute la structure de la société, de haut en bas, a été soumise à l’examen et à la punition par l’État", a déclaré Tsering Gyal, chercheur tibétain / chinois au TCHRD. "Chaque niveau de bureaux et d’unités du parti et du gouvernement, du Comté au village, est tenu pour responsable de toute clémence contraire à leur obligation de faire respecter la réglementation".
Sources : TCHRD, 9 novembre 2015, Tibet Post, 10 novembre 2015 et tibet-info.net
29 Novembre 2015
Propagande et loyauté exigée en "Région Autonome du Tibet"
Afin d’éliminer toutes les apparences de faiblesse et pour assurer une loyauté sans partage à tous les niveaux, Chen Quanguo, chef du Parti de la "Région Autonome du Tibet", a annoncé le 22 octobre 2015 que tous les fonctionnaires travaillant à la base, devaient être une "forteresse" contre le séparatisme et travailler à assurer le monopole du Parti communiste sur l’information, rapportait l’agence de presse Reuters, le 22 octobre 2015.
Chen Quanguo a aussi affirmé qu’il n’y avait "rien de plus nocif que le chaos" et que la stabilité de la Chine dans son ensemble reposait sur la stabilité et la sécurité du Tibet.
Il a poursuivi en disant qu’un élément central résidait dans la formation et la promotion d’un noyau de haute qualité de fonctionnaires tibétains et chinois fidèles, basés dans chaque Comté et village de la région.
Bien que le Parti communiste de la Chine s’y soit de tout temps entièrement consacré, Chen Quanguo a dit que la "sécurité idéologique" du Tibet demandait que le Parti contrôle l’opinion publique, les médias et l’Internet, et, dans chaque village, chaque maison doit être en mesure de regarder les programmes des chaînes de télévision dépendantes du Parti ou d’écouter des émissions sur les fréquences de stations de radio de ce type.
Chen Quanguo, exceptionnellement, n’a fait aucune mention directe au Dalaï Lama, mais a seulement affirmé que la lutte contre le séparatisme avait été sensiblement renforcée.
Sources : Tibetan Review et tibet-info.net
29 Novembre 2015
La Chine et COP 21 : « Le Marché peut-il dépolluer ? »
L’annonce a été faite en grande pompe par Xi Jinping lors de sa visite récente à Washington : la Chine lancera en 2017 le plus grand marché de carbone au monde. L’objectif est d’inciter financièrement les entreprises chinoises à réduire leurs émissions de CO2. Le principe est prometteur… à condition de ne pas répéter les mêmes erreurs que l’Europe, où le système de crédit carbone est un fiasco. Le 26 décembre dernier, Li Chen s’est offert un cadeau de Noël…
Fumée qui s’échappe d’une usine de chauffage à Heihe, dans la province du Heilongjiang en Chine, le 22 novembre 2015.
La Chine est le plus gros émetteur de gaz à effets de serre, thème central de la COP21 qui commence lundi 30 novembre à Paris. (Crédit : STR / AFP)
29 Novembre 2015
COP 21 : Selon Nicolas Hulot « Tout ce que la Chine fera aura un effet d’entraînement sur les grandes nations ».
COP21 : la Chine apporte une contribution tangible à l’action mondiale contre le changement climatique.
La 21e Conférence des parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui s’ouvre lundi à Paris verra les 196 parties tenter d’aboutir à un accord ambitieux, applicable à tous et fondé sur l’équité. La Chine, acteur majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique, n’a épargné aucun effort pour apporter une contribution tangible à cette tâche ambitieuse.
Ces dernières années, en tant que plus grand pays en développement de la planète, elle a réalisé des progrès remarquables dans la gestion de l’environnement, les économies d’énergie, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’innovation dans les technologies bas carbone.Parallèlement, Beijing a contribué à l’avancement des négociations internationales sous l’égide de l’ONU en faveur d’un nouvel accord universel sur le climat, en assumant pleinement ses responsabilités internationales, en participant activement aux dialogues internationaux et en aidant d’autres pays en développement à faire face aux changements climatiques.De la Déclaration conjointe sino-américaine sur le changement climatique signée en novembre 2014 à la signature d’une série de déclarations bilatérales tout au long de l’année 2015 sur le même sujet avec l’Inde, le Brésil, l’Union européenne, les Etats-Unis, la France, etc. en passant par la publication de sa contribution nationale de lutte contre le changement climatique (INDC), elle a adressé au monde des signes politiques forts, faisant preuve de sa détermination à s’engager dans une transition vers un développement vert, sobre en carbone et durable.
L’action de la Chine contre le changement climatique est « très impressionnante », bien qu’elle soit encore un pays en développement, a estimé Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la CCNUCC, lors d’une récente conférence de presse à Bonn (Allemagne), tout en soulignant l’exemplarité de la Chine dans cette course mondiale.
Elle a rappelé que la Chine s’est engagée à voir ses émissions de dioxyde de carbone atteindre un pic vers 2030, à lancer en 2017 un marché d’échange d’émissions de CO2 et à inclure la lutte contre le changement climatique dans son 13e Plan quinquennal, démontrant l’attitude « très, très sérieuse » des autorités chinoises face au réchauffement climatique.
En tant que deuxième puissance économique mondiale, la Chine dispose d’une influence de plus en plus importante dans les affaires internationales. La France, pays hôte de la COP21, s’est félicitée du soutien apporté par Beijing pour promouvoir la réussite de la conférence.
Le président français, François Hollande, a estimé que la Chine pourrait jouer « un rôle majeur » lors de la COP21, alors que son envoyé spécial pour le climat, Nicolas Hulot, a également loué le rôle exemplaire de la Chine en la matière.
« Tout ce que la Chine fera aura un effet d’entraînement sur les grandes nations. La Chine fait la démonstration et elle peut valoriser cette démonstration », a affirmé M. Hulot, ajoutant que les Chinois sont capables d’atteindre leurs objectifs « beaucoup plus vite que les engagements ».
« Il faut vraiment que la Chine, dans le concert des nations sur le changement climatique, fasse entendre sa voix », a-t-il estimé.
En outre, la Chine soutient un examen complet tous les cinq ans des progrès accomplis par rapport aux objectifs à long terme agréés par tous, faisant preuve de sa capacité et de sa confiance à respecter ses engagements.
Un engagement actif dans la lutte contre le changement climatique est nécessaire et c’est un devoir devant lequel aucun « grand pays responsable » ne peut se dérober, mais il répond également aux besoins réels du développement socio-économique de la Chine à l’heure actuelle.
Elle est déjà aujourd’hui le No1 mondial en matière d’économies d’énergie et d’utilisation de nouvelles énergies et d’énergies renouvelables. En 2014, le niveau de consommation d’énergie et celui d’émissions de dioxyde de carbone par unité de produit intérieur brut (PIB) ont respectivement baissé de 29,9% et de 33,8% par rapport à 2005.
Confrontée au défi climatique, la Chine, en accélérant ses propres actions, n’a jamais hésité à apporter dans la mesure du possible son soutien et assistance aux pays dont les niveaux de développement économique et technologique ne leur permettent pas d’avoir les moyens nécessaires de relever ce défi par eux-mêmes.
Selon la déclaration présidentielle sino-américaine sur le changement climatique, signée à Washington en septembre dernier par le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Barack Obama, la Chine a promis de débloquer 20 milliards de yuans (trois milliards de dollars) pour créer un Fonds chinois de coopération Sud-Sud en vue d’aider d’autres pays en développement à combattre le changement climatique.
De nombreux officiels et experts du monde entier ont hautement apprécié cette générosité chinoise, considérant que Beijing avait montré l’exemple aux pays développés.
Le changement climatique est une menace mondiale, qui n’épargne personne. La Chine a déclaré soutenir un accord de Paris ambitieux et juridiquement contraignant, fondé sur l’équité et basé sur les principes de la CCNUCC et du Protocole de Kyoto.
D’après le rapport annuel de 2015 sur les politiques et les actions de la Chine contre le changement climatique qui vient d’être publié, la Chine s’est engagée à collaborer avec d’autres parties sur la base du respect du principe « des responsabilités communes, mais différenciées », de l’équité et des capacités respectives, pour faire avancer le processus de négociations et à établir en la matière un système international juste et raisonnable. (tibet.fr)
Publié le samedi 28 novembre 2015 | Xinhua
29 Novembre 2015
Selon Amnesty, la Chine utilise des techniques de torture dignes du Moyen Âge à l’encontre de ses opposants.
Londres – Amnesty International a publié un rapport, intitulé « Une situation toujours sans issue : Torture et « aveux » forcés en Chine », basé sur 40 entretiens avec des avocats défenseurs des Droits de l’Homme. Ce rapport décrit la brutalité du traitement infligé à ceux placés en garde à vue.
Le rapport fait état de techniques de torture dignes du Moyen Âge utilisées contre les opposants au gouvernement, les activistes, les avocats et les signataires de pétitions. Comme, par exemple, des barres à aiguillons, des chaises de fer et des matraques électriques.
L’auteur du rapport, Patrick Poon, indique qu’en dépit des promesses du gouvernement de réformer le système, Amnesty avait récemment fait état de cas de torture dans pratiquement chaque recoin du pays. « De Pékin au Hunan, en passant par le Heilongjiang et le Guangdong, il y a des cas de torture dans quantité d’endroits. Le problème est toujours très largement répandu dans les différentes provinces. Il ne se concentre pas uniquement dans quelques unes des régions de Chine. »
Poon affirme que la plupart des personnes visées sont des avocats des Droits de l’Homme, des cadres du Parti emmenés en détention par des enquêteurs dans le cadre de la lutte anti-corruption, et des adeptes du Falun Gong, mouvement spirituel Bouddhiste Taoïste interdit.
L’un des cas les plus terribles décrit dans ce rapport est celui de Cai Ying, âgé de 52 ans, avocat des Droits de l’Homme de la Province du Hunan. Cai affirme qu’après avoir été mis en détention en 2012, on l’a obligé à s’asseoir sur une « chaise de contention suspendue » – dispositif qui permet d’immobiliser les prisonniers en les suspendant en l’air, bras et jambes sanglés à une planche.
Dans une récente interview au South China Morning Post de Hong Kong, Cai se remémore des séances de torture abominables. « J’ai ressenti une telle humiliation que j’ai voulu en finir une bonne fois pour toutes, puis j’ai pensé à ma fille, » explique-t-il « Cette expérience humiliante m’a rempli le cœur de haine. »
Yu Wensheng, avocat lui aussi, raconte comment il a passé plus de trois mois en détention, soumis à la torture, après avoir été emmené en octobre dernier pour avoir protesté devant un centre de détention où l’un de ses clients était retenu.
Yu explique avoir été détenu 61 jours avec des condamnés à mort, au cours desquels il a subi environ 200 interrogatoires. A un moment, ses gardiens l’ont menotté à une chaise en fer, mains derrière le dos. « J’avais les mains enflées, et j’avais tellement mal que je voulais mourir, » aurait-il déclaré. « Les deux policiers tiraient d’un coup sec sur les menottes. Je hurlais à chaque fois. » Yu parle du sentiment de désespoir ressenti derrière les barreaux ». Je me sentais impuissant et très seul, » explique-t-il. « C’est une souffrance à la fois physique et psychologique. Je ne crois pas que je supporterais de retourner en prison pour une longue période. Si je devais y retourner, je ferais une grève de la faim. Je préfèrerais mourir plutôt que de devoir faire face à un long séjour en prison. »
Poon a expliqué que le gouvernement chinois avait pris des mesures au cours des cinq dernières années pour s’attaquer au problème de la torture. En 2012 Pékin a promis de « mettre en œuvre des mesures préventives et correctives pour empêcher l’extorsion d’aveux par la torture, et la collecte de renseignements par des méthodes illégales ». L’agence de presse officielle chinoise Xinhua, fait état de projets de dispositifs de contrôle en temps réel des interrogatoires, et de la façon dont ils sont menés, à l’aide de matériel audio et vidéo.
Amnesty affirme, cependant, que ces réformes « n’ont que bien peu changé le recours à la torture, bien enraciné, pour obtenir des aveux forcés des suspects ». Les lois chinoises interdisent uniquement certains actes de torture, mais ne tiennent pas compte des actes de torture mentale, affirme le groupe. Les avocats qui essaient d’enquêter ou d’obtenir réparation pour de tels cas voient leurs efforts systématiquement contrecarrés par la police, les procureurs et les tribunaux ».
Les défenseurs des Droits de l’Homme considèrent que la situation s’est détériorée depuis la prise de contrôle du Parti Communiste par Xi Jinping il y a trois ans. Xi, décrit par certains comme le dirigeant le plus autoritaire depuis Mao, a chargé l’appareil de sécurité du pays de contrer toute source potentielle d’opposition au Parti.
Au Tibet occupé, les prisonniers politiques, subissent eux-aussi des moyens et des méthodes de torture tout aussi inhumains, voire plus graves encore, lors de leur détention. Dans son autobiographie « L’Enfer sur Terre » (Hell on Earth), le Vénérable Bagdro, ancien prisonnier politique, parle de chocs électriques et de lits de glace. Ces faits sont attestés par une longue liste de Tibétains ayant vécu des expériences similaires.
Une nouvelle vague de répression a été lancée contre les défenseurs des Droits de l’Homme depuis juillet, et au moins 12 personnes – y compris des avocats réputés comme Wang Yu, Li Heping et Zhang Kai – sont toujours retenus dans des lieux tenus secrets, accusés d’atteinte à la sécurité de l’état. Les opposants craignent que ces prisonniers n’encourent des tortures mentales et sans doute aussi physiques.
Invité à commenter le rapport d’Amnesty, un porte-parole du Ministère des Affaires étrangères a indiqué que la Chine travaillait à plus d’ « équité et de justice » pour tous. (tibet.fr)
29 Novembre 2015
Chine: la journaliste Gao Yu condamnée en appel, mais autorisée à sortir de prison
La journaliste chinoise Gao Yu, 71 ans, condamnée pour «divulgation de secrets d’Etat», a vu sa peine réduite de sept à cinq ans de détention en appel, mais elle pourra néanmoins sortir de prison, bénéficiant d’un sursis pour raisons médicales, selon un verdict annoncé jeudi.
Le Tribunal populaire supérieur de Pékin a décidé que l’éminente journaliste recevrait un traitement médical en-dehors de l’environnement carcéral pour soigner «ses graves problèmes de santé», a indiqué à l’AFP son avocat Mo Shaoping.
Mme Gao va rentrer chez elle, mais restera susceptible de retourner en prison si son état s’améliore, a-t-il tempéré. La septuagénaire souffre d’insuffisances cardiaques depuis le début de son incarcération l’an dernier.
«A un âge aussi avancé et avec une santé si précaire, qu’elle puisse effectuer sa peine hors de prison, à son domicile, c’est évidemment une bonne chose. Mais ce n’est pas du tout comme être une personne libre», a insisté M. Mo.
Gao Yu, première lauréate en 1997 du Prix mondial de la liberté de la presse de l’Unesco, avait été arrêtée en avril 2014: reconnue coupable «d’avoir transmis des secrets d’Etat à des étrangers», elle avait été condamnée au printemps dernier à sept ans d’emprisonnement.
Elle avait été accusée d’avoir transmis à un média hongkongais un document interne du Parti communiste chinois, ce que son avocat dément. Le texte prônait une répression accrue des idées démocratiques, des voix dissonantes surgies de la société civile et des tentatives d’indépendance des médias.
A la suite d’une très brève audience en appel mardi, le Tribunal populaire supérieur de la capitale chinoise avait rendu son verdict jeudi matin, réduisant la peine initiale à cinq ans de détention. Mais son avocat n’avait alors pas été informé de son «sursis» pour raisons médicales.
Des dizaines de policiers bloquaient l’accès au tribunal, interdisant aux journalistes étrangers et à une douzaine de diplomates de s’en approcher. Des agents de la Sécurité publique ont également mis à terre une femme qui criait des slogans de soutien à Mme Gao.
«Nous pensons qu’elle est innocente. La peine est juste plus légère, c’est seulement une petite amélioration», avait déclaré Mo Shaoping à l’AFP jeudi matin.
La réduction de peine est un «soulagement», mais le tribunal «aurait dû rejeter l’affaire entièrement», avait aussitôt réagi sur Twitter Sophie Richardson, directrice pour la Chine de Human Rights Watch (HRW).
Le gouvernement, lui, s’est encore une fois défendu: «Les autorités judiciaires chinoises ont traité l’affaire et rendu leur décision conformément à la loi», a martelé Hong Lei, porte-parole de la diplomatie chinoise, interrogé lors d’un point-presse régulier.
Depuis l’arrivée à la tête de l’Etat et du Parti communiste chinois il y a trois ans du président Xi Jinping, Pékin a nettement durci la répression des voix critiques du pouvoir, avec l’arrestation de centaines d’avocats, militants et universitaires –dont des dizaines ont été condamnés à des peines de prison.
Dans le classement mondial de la liberté de la presse en 2015 établi par l’ONG Reporters sans Frontières (RSF), la Chine figure au 176e rang sur 180 pays.
La lourde condamnation de Mme Gao au printemps avait suscité de vives critiques de la part des pays occidentaux et d’ONG de défense des droits de l’Homme, les Etats-Unis appelant notamment à sa libération immédiate.
En 1993, Gao Yu, déjà inculpée pour divulgation de «secrets d’Etat», avait écopé de six ans de prison, avant d’être libérée en février 1999 pour «raisons médicales».
Elle avait également pris part aux manifestations prodémocratiques de Tiananmen de 1989, qui avaient conduit à sa première incarcération.
http://www.liberation.fr/planete/2015/11/26/chine-la-journaliste-gao-yu-condamnee-en-appel-mais-autorisee-a-sortir-de-prison_1416345
AFP
Agence France-Presse
PÉKIN
La journaliste chinoise Gao Yu, 71 ans, condamnée pour «divulgation de secrets d’État», a vu sa peine réduite de sept à cinq ans de prison en appel, a indiqué jeudi à Pékin son avocat.
Des dizaines de policiers bloquaient l’accès au Tribunal populaire supérieur de la capitale chinoise où le jugement concernant Mme Gao a été annoncé.
«Nous pensons qu’elle est innocente. La peine est juste plus légère, c’est une petite amélioration», a déclaré à l’AFP son avocat Mo Shaoping.
Des agents de la Sécurité d’État interdisaient aux journalistes étrangers et à une dizaine de diplomates de s’approcher du tribunal, et ont mis à terre une femme qui criait des slogans de soutien à Mme Gao.
Première lauréate en 1997 du Prix mondial de la liberté de la presse de l’UNESCO, la journaliste avait été arrêtée en avril 2014, et avait été reconnue coupable au printemps dernier «d’avoir transmis des secrets d’État à des étrangers».
Gao Yu avait été accusée d’avoir transmis à un média hongkongais un document interne du Parti communiste chinois. Le texte prônait une répression accrue des idées démocratiques, des voix dissonantes surgies de la société civile et des tentatives d’indépendance des médias.
De santé fragile, la septuagénaire a souffert de problèmes cardiaques depuis le début de son incarcération, et son avocat a déclaré qu’il subsistait une «possibilité» que sa cliente soit libérée pour raison médicale dans le futur.
Depuis l’arrivée à la tête de l’État-Parti chinois il y a près de trois ans du président Xi Jinping, Pékin a nettement durci la répression des voix critiques du pouvoir, avec l’arrestation de centaines d’avocats, militants et universitaires –dont des dizaines ont été condamnés à des peines de prison.
Dans le classement mondial de la liberté de la presse en 2015 établi par l’ONG Reporters sans Frontières (RSF), la Chine figure au 176e rang sur 180 pays.
La condamnation de Mme Gao avait suscité de vives critiques de la part des pays occidentaux et d’ONG de défense de la liberté d’expression, les Etats-Unis appelant à sa libération immédiate.
En 1993, Gao Yu, déjà inculpée pour divulgation de «secrets d’État», avait écopé de six ans de prison. Libérée en février 1999 pour «raisons médicales», elle avait pris part aux manifestations prodémocratiques de Tiananmen en 1989, conduisant à une première incarcération.
http://www.lapresse.ca/international/asie-oceanie/201511/25/01-4924924-chine-une-journaliste-condamnee-a-5-ans-de-prison-en-appel.php
La journaliste chinoise emprisonnée Gao Yu, 71 ans, récompensée par plusieurs prix internationaux, a fait appel mardi de sa condamnation à sept ans de prison pour « divulgation de secrets d’Etat » –un verdict vivement dénoncé par les organisations de défense des droits de l’Homme.
Plusieurs dizaines de policiers bloquaient aujourd’hui l’accès au Tribunal populaire supérieur de Pékin, où Mme Gao comparaissait, interdisant aux journalistes et à une douzaine de diplomates étrangers de s’en approcher. L’audience, qui a duré environ une heure, s’est déroulée « à huis clos », a indiqué son avocat Mo Shaoping, qui ne s’attendait pas voir le tribunal réduire la lourde peine infligée à la journaliste. Gao Yu, première lauréate en 1997 du Prix mondial de la liberté de la presse de l’Unesco, avait été arrêtée en avril 2014, et avait été reconnue coupable au printemps dernier « d’avoir transmis des secrets d’Etat à des étrangers ».
En 1993 Gao Yu, déjà inculpée pour divulgation de « secrets d’Etat », avait écopé de six ans de prison. Libérée en février 1999 pour « raisons médicales », elle avait pris part aux manifestations prodémocratiques de Tiananmen en 1989, conduisant à une première incarcération. Dans le classement mondial de la liberté de la presse en 2015 établi par l’ONG Reporters sans Frontières (RSF), la Chine figure au 176e rang sur 180 pays. (tibet.fr)
29 Novembre 2015
Au Xianjiang, la police chinoise tue 17 personnes, dont des femmes et des enfants, lors de représailles.
Au Xinjiang, les forces de sécurité chinoises (Est du Turkestan) ont tué 17 personnes, dont des femmes et des enfants, issus de 3 familles, lors de représailles, les accusant d’être impliquées dans l’ attaque d’une mine de charbon, attaque qui a fait au moins 50 morts, signale Radio Free Asia (RFA, Washington) le 17 Novembre.
Le rapport cite le Ministre chinois de la Sécurité publique dans sa déclaration du 14 novembre, publiée sur son site internet, déclarant que cette action était «une grande victoire dans la guerre contre la Terreur.»
RFA nous informe que cette déclaration a été retirée rapidement après avoir été publiée, que cela ne lie pas les « terroristes » supposés à un acte spécifique. L’opération de revanche semblerait avoir été lancée suite à l’attaque du 18 septembre de la mine de Sogan dans la Préfecture d’Aksu (chin. : Akesu) dans le district de Bay (Baicheng).
RFA rapporte que l’ attaque du 18 septembre, qui n’a pas été relayée par les média chinois, s’est produite lorsqu’un groupe de suspects brandissant des couteaux a agressé les gardes de sécurité à l’entrée de la mine de la commune de Terek, avant de s’en prendre à la résidence du propriétaire et au dortoir des travailleurs. Lorsque la police est arrivée, les assaillants ont violemment poussé leurs véhicules, utilisant des camions remplis de charbon, ces actes conduisant à la mort d’au moins 5 officiers, dont un chef de la police locale.
Suite à l’attaque, les autorités ont lancé une chasse à l’homme concernant 17 suspects, incluant les 3 hommes considérés comme les instigateurs de l’incident – Tursun Jume, 46 ans, Musa Toxtiniyaz, 47 ans et Memet Eysa, 60 ans, de Chokatal Meadow, dans la commune de Kanchi à Bay, ainsi que les membres de leurs familles. Le rapport ajoute que 4 des suspects sont des femmes et 3 sont des enfants.
Le rapport cite des officiers de police du district de Bay confirmant au service ouïghour de la RFA que « tous les terroristes » y compris les 7 femmes et enfants, ont été tués dans le raid. (tibet.fr)
29 Novembre 2015
Les recherches chinoises révèlent que la propreté du plateau tibétain est comparable à celle du pôle Nord
La CAS (Académie Chinoise des Sciences) démontre – lors d’une étude sur le changement climatique – que le plateau tibétain est l’ une des régions les plus propres au monde. L’étude analysait les exploitations minières, la déforestation et l’enfouissement des déchets nucléaires.
Ce rapport, qui inclut aussi des travaux de scientifiques du monde entier, a révélé que les niveaux de polluants enregistrés sur le plateau tibétain étaient comparables à ceux de la région arctique.
Par conséquent, l’étude devance la COP21 (réunion à Paris, du 30 novembre au 11 décembre 2015). Elle appelle ainsi les parlementaires européens à une action mondiale forte pour lutter contre les exploitations et exprimer leurs préoccupations face aux effets considérables du changement climatique sur le plateau tibétain.
Malgré cela, le rapport affirme que « L’écosystème du plateau tibétain s’améliore de façon globale ». Une étude (datant de 1960 à 2012) a analysé la température annuelle moyenne du plateau tibétain. Celle ci augmente de 0.3/0.4°Celsius tous les dix ans : c’est plus de deux fois la moyenne mondiale! Cette augmentation de température a ainsi engendré la fonte de glaciers et la disparition du pergélisol (Ndlr: Sol gelé en profondeur toute l’année dans des régions froides du globe et indicateur du changement climatique).
En démontrant que la fonte des glaciers n’est pas spécifique au plateau tibétain, Xu Baiqing, un chercheur de la CAS, déclare: » C’est une crise commune à laquelle tous les plateaux font face, merci au réchauffement climatique! Les glaciers sont en train de fondre encore plus rapidement au niveau des Alpes, des Andes et du Kilimanjaro. »
Le plateau tibétain – avec 46.000 glaciers – est la source principale de nombreux fleuves et rivières d’Asie, distribuant de l’eau douce à plus de 2 milliards de personnes. Le rapport a aussi annoncé que les températures continueront d’augmenter dans les cent prochaines années, scénario catastrophe prédit par plusieurs scientifiques, où 81% du pergélisol sur le plateau devrait être amené à disparaître avant 2100.
Par conséquent, l’Administration Centrale Tibétaine* a décidé de placer l’année 2015 sous le signe de la prise de conscience : le monde doit être au courant de l’importance du plateau tibétain. C’est pourquoi le Premier ministre, Monsieur (Sikyong) Lobsang Sangay, déclarait le 12 novembre: » Les glaciers du Tibet sont en train de fondre et le monde doit en prendre conscience. Son pergélisol se dégrade et le monde doit s’en soucier. Le Tibet souffre du déboisement massif, de la construction de nouveaux barrages et le monde doit agir. »
Traduction Marie Clergeau pour France Tibet
- L’Administration Centrale Tibétaine est sise à Dharamsala en Inde.
29 Novembre 2015
Ce que les législateurs américains ignoraient lors de leur visite au Tibet
Ce 20 novembre l’ Administration tibétaine ainsi que Radio Free Asia ont déclaré que la visite de trois jours de Lhassa, entamée le 10 novembre par la délégation américaine de sept démocrates de la Chambre des représentants (dirigée par le chef de la minorité Nancy Pelosi ), avait été mise en scène point par point. L’administration Centrale en exil cite une lettre envoyée par un Tibétain de Lhassa qui explique comment la ville avait fait l’objet d’une forte répression juste avant la visite de la délégation. Cette lettre détaille l’endoctrinement subit par les Tibétains et la façon dont leur liberté de mouvement a été réduite. Ou encore comment les agents de sécurité habituels installés aux portes de Bharkor avaient été retirés, afin de donner l’image d’une ville paisible.
Le rapport Radio Free Asia cite une source anonyme à Lhassa indiquant que, juste avant l’arrivée de la délégation, la lourde sécurité habituelle avait été retirée du centre ville. En outre » les responsables chinois ont ordonné à 10 membres de chaque canton et six membres de chaque quartier de participer à des activités religieuses mises en scène. »
« Des Tibétains ont dit avoir été forcés d’éviter certains sites religieux, tandis que les monastères de la ville ont été appelés à organiser des activités religieuses durant les trois jours. Bon nombre de ces personnes appelées à organiser des activités ont signalé avoir été payées pour leur participation. »
« Peu importe ce qu’ils ont vu, tout était mis en scène et faisait partie d’un plan pour les tromper sur la situation ; il est important que tout le monde connaisse la vérité » a conclu la source anonyme.
Les membres de la délégation ont reconnu après leur visite qu’ils ne voyaient que ce que les Chinois voulaient qu’ils voient, qu’ils ont été guidés par les organisateurs et ont eu des difficultés à rencontrer les résidents tibétains de la ville.
Jim McGovern, leader dans la défense des droits de l’homme a déclaré : » Je pense qu’il est juste de dire que le Gouvernement chinois voulait contrôler autant de notre visite qu’ il le pouvait. Et nous avons vu ce qu’il voulait que nous voyons. «
De même, Pelosi précisait qu’au moins 30 officiers chinois s’étaient assurés que les législateurs américains s’en tiennent à l’itinéraire prévu.
Traduction Maxime Belhache pour France Tibet
Mais ce qu’ils n’ont pas pu … ne pas voir !!
23 Novembre 2015
« WE STAND WITH PARIS » … le soutien de nos amis du Tibet
Ce touchant message de solidarité circule depuis une école monastique tibétaine, suite aux tragiques événements que vient de connaître Paris …
photo de Geshe Tsultim Namdak.
MERCI
TU CHI CHE – Merci – à toute la charmante classe de moinillons :
Photo prise dans un village tibétain : Tibétains d’un village reculé d’Amdo, Tibet.
23 Novembre 2015
«Nous sommes un pays en voie de développement»… s’excuse la délégation onusienne de Pékin en réponse aux questions du Comité contre la torture …
Un réfugié tibétain: «Je n’en crois pas mes oreilles»
La Chine répondait aux questions du Comité contre la torture. Le Tibétain Golog Jigme réagit
La délégation chinoise n’a répondu que très partiellement aux questions soulevées par les membres du Comité de l’ONU contre la torture mercredi au Palais des Nations. Mais l’exercice s’est révélé utile, ont souligné des représentants de la société civile. Il est rare en effet que des représentants de Pékin rendent des comptes, qui plus est sur des sujets aussi sensibles que la sécurité. Or c’est bien ce à quoi ont dû se résoudre une vingtaine de représentants de l’administration judiciaire. A commencer par la définition même du mot torture – «kuxing» en chinois – loin de recouvrer dans les textes de lois produits par Pékin le champ qu’il occupe dans les conventions internationales. «C’est un problème de langue et de culture», s’est défendu un responsable du Ministère chinois de la justice.
«Nous sommes un pays en voie de développement»
L’ambassadeur de Chine auprès de l’ONU, Wu Hailong, s’est excusé de ne pouvoir produire toutes les réponses nécessaires, notamment concernant les cas individuels, par manque de moyens, de statistiques et de temps. «Nous ferons tout en notre possible pour vous répondre, mais la réalité est que nous sommes un pays en voie de développement», s’est-il justifié en promettant de faire mieux lors du prochain rapport (dans plusieurs années) alors que la règle du Comité exige une réponse orale dans les vingt-quatre heures ou écrite dans les quarante-huit heures.
Les représentants chinois n’ont accepté de répondre que sur un seul cas individuel: le moine tibétain Tenzin Delek Rinpoche, condamné à mort en 2002 pour avoir fomenté des attentats et décédé en prison en juillet dernier. Pour les opposants tibétains, il a été injustement emprisonné, torturé et son décès est suspect. «Une expertise médicale a été opérée, son corps a été rendu à sa famille et ses cendres éparpillées dans un fleuve proche de son lui d’origine», ont répondu hier les officiels chinois.
«Les réponses de la délégation chinoise me laissent sans voix»
Parmi les auditeurs de cette session, il y avait Golog Jigme, un moine tibétain qui a témoigné des mauvais traitements subis durant des semaines dans ce qu’on appelle la chaise du tigre – un instrument de torture – et qui vient d’obtenir l’asile politique en Suisse. «Les réponses de la délégation chinoise, me laissent sans voix, explique-t-il. Quand j’étais au Tibet, on était habitué à la propagande. Je connais leurs mensonges. Mais voir le gouvernement mentir sur la scène internationale avec une telle arrogance dans un meeting de l’ONU, je suis complètement bouleversé et choqué. Par moments j’avais envie d’éclater de rire, je n’en croyais pas mes oreilles. Affirmer qu’il n’y a pas des prisonniers politiques au Tibet, c’est une insulte pour un ancien prisonnier politique comme moi qui me retrouve en face d’eux dans cette salle.»
Les représentants de la presse chinoise – nombreux à Genève – ont boudé la réunion, un sujet trop «sensible» comme l’explique l’un d’entre-eux. L’agence Chine nouvelle a toutefois fait mention du travail du Comité en relayant uniquement le discours de l’ambassadeur Wu Hailong.
Lire aussi :
Golog Jigme Gyatso, moine tibétain, se voit accorder l’asile politique en Suisse
http://www.tibet.fr/actualites/golog-jigme-gyatso-moine-tibetain-recoit-lasile-politique-en-suisse/
Rappelons l’histoire de Golog
Golog Jigme (Jigme Gyatso, Jinmei Jiacuo) [1] est né en 1969.
Il appartient au monastère de Labrang Tashikyil [2] dans la province du Gansu, où il est entré à l’âge de 14 ans. Décrit comme un moine de grande intégrité, un travailleur social sincère, Golog Jigme est un militant des Droits de l’Homme. Pendant des années, il a eu à cœur de transmettre aux jeunes générations la langue et la culture tibétaines.
Sa première arrestation a eu lieu en 2006, au retour d’un séjour en Inde pour rencontrer le Dalaï Lama. A son retour, il a été immédiatement détenu, puis libéré après 40 jours, par manque de preuves.
Avec son ami Dhondup Wangchen, il a participé au tournage du documentaire « Leaving fear behind » [3] dans lequel des Tibétains s’exprimaient sur leurs conditions de vie et leurs espoirs à la veille des Jeux Olympiques de 2008 à Pékin.
Depuis, Dhondup Wangchen a été condamné à 6 ans de prison. [4]
Après avoir participé à ce documentaire, Golog Jigme a été arrêté par les autorités chinoises au moins à 3 reprises.
En mars 2008, il a été sévèrement torturé pendant des jours, accusé d’avoir des contacts avec le Dalaï Lama, puis libéré de prison le 15 octobre 2008
Il a été de nouveau emprisonné le 13 mars 2009, libéré le 22 avril 2009. Il aurait ensuite rejoint son monastère de Labrang Tashikyil, le 2 mai 2009.
Il y est demeuré sous liberté surveillée.
Lorsqu’un fort tremblement de terre a touché le Comté de Yushu le 14 avril 2010 [5], Golog Jigme est allé dans la région pour aider au travail de sauvetage.
Le 5 septembre 2012, son logement a été complètement rasé [6]. Les policiers avaient cherché de quoi accuser Golog Jigme, mais rien ne semble avoir été trouvé.
Le 13 septembre 2012, Dhondup Wangchen, son ami, a gagné le « Prix International Press Freedom Awards » attribué par le « Committee to Protect Journalists » basé à New York. [7]
Golog Jigme a disparu depuis le 20 septembre 2012.
Le 28 novembre 2012, le Bureau de la Sécurité Publique de la province du Gansu a émis un mandat contre lui pour meurtre, promettant une récompense de 200 000 yuans (24 550 € environ) aux informateurs. [8]
Le texte officiel affirme que Jigme Gyatso (Golog Jigme) est « soupçonné d’avoir commis un homicide volontaire« .
Selon Ajam Amchok, Tibétain vivant dans le sud de l’Inde, citant des sources de la région : « Il ne peut y avoir de base pour cette accusation d’homicide. Jigme Gyatso est un moine tibétain qui a toujours fermement cru en la non-violence« .
« De telles allégations de meurtre ont créé de fortes suspicions parmi les Tibétains. Entre autres, que Golog Jigme puisse être décédé en prison après avoir souffert de terribles tortures de la part des gardes« . « Les gens croient que les autorités chinoises tentent de jeter le discrédit contre le moine cinéaste tibétain en lançant des accusations montées de toute pièce« . cf tibet-info.net
23 Novembre 2015
La plus importante mine d’or du Tibet s’agrandit.
La mine de cuivre et d’or de Gyama, dans le district administratif de Medro Gungkar, Région Autonome du Tibet (RAT) est appelée à se développer d’avantage à la suite du prêt de 627 millions de dollars (3,98 milliards de yuans) accepté cette semaine.
Un collectif de banques mené par la Banque de Chine et d’autres, comme la Banque agricole de Chine, China Construction Bank et Bank of Tibet, a conclu un accord pour prêter la somme. Le remboursement débutera en mai 2019 et sera remboursable en totalité d’ici 2029.
S’adressant à Phayul, Bawa Kelsang Gyaltsen, député du Parlement tibétain, balayait toutes les fausses promesses de progrès et de développement économique pour les locaux, non seulement pour Gyama mais pour d’autres activités minières qui se déroulent au Tibet. « Contrairement à la propagande chinoise déclarant que la richesse de la terre appartient à ses habitants, toutes les ressources exploitées ici, qu’ elles soient les mines, l’eau ou la forêt, servent uniquement à remplir les coffres du Gouvernement chinois. Ces lieux d’exploitation au Tibet subissent non seulement le coup sur l’environnement mais aussi les retombées socio-économiques néfastes. Toutes les manifestations et les initiatives de la population sont violemment réprimées par l’emprisonnement et la torture.
La mine Gyama bien que présentée comme un projet modèle et respectueux de l’environnement par le Ministère chinois du Territoire et des Ressources a eu des incidences néfastes telles qu’un glissement de terrain en 2013, dans lequel 83 mineurs dont deux Tibétains ont perdu la vie. Outre la pollution évidente de l’environnement et la contamination des plans d’eau à proximité en raison de déversement de déchets toxiques qui a conduit à la mort d’un grand nombre de têtes de bétail et d’habitants locaux, la mine affecte les conditions socio-économiques de la région. Un grand nombre de travailleurs migrants en provenance de Chine ont comblé la demande d’emploi dans la région.Cette migration est la source de tension entre Tibétains locaux et travailleurs chinois. En Juin 2009, un affrontement entre les Tibétains locaux et la police chinoise a vu trois Tibétains blessés.
La mine traite actuellement 6000 tonnes de minerai par jour et vise à produire environ 80 000 tonnes de cuivre en 2016.
Le Ministère de l’environnement de l’Administration Centrale Tibétaine a déclaré dans un rapport : « La mine de Gyama ne représente pas les mines vertes ou le progrès ; elle est l’archétype des problèmes rencontrés sur les 200 sites miniers à travers le plateau tibétain et un signal d’alarme pour agir « .
La mine Gyama est gérée par Huatailong, une filiale d’ Etat pour le développement minier, appartenant à la China National Gold Group Corporation. Elle est la plus grande mine d’or en activité au Tibet et en Chine. Elle se situe dans la ceinture de cuivre de Gangdise au Tibet central, à environ 60 kilomètres de la ville de Lhassa le long de l’axe Sichuan-Tibet. (tibet.fr)
23 Novembre 2015
Tragique 13 novembre 2015 : « Qu’est-ce qui a mené à cela? » se demande Matthieu Ricard en Savoie.
De passage dans sa Savoie natale, le moine boudhiste Matthieu Ricard était en train de donner une conférence quand les attentats ont éclaté à Paris. Ce samedi 14 novembre au matin, nous avons rencontré un homme en pleine réflexion sur l’origine de tels actes.
Vendredi soir, il n’a été informé des attentats à Paris qu’à l’issue de la conférence qu’il donnait à Aix-les-Bains. Une conférence intitulée: « Plaidoyer pour l’altruisme ». Au lendemain des attentats, celui qui prône le respect de l’autre et la bienveillance se dit, comme tous, « choqué, terrifié, outré ». Mais il tente déjà de prendre du recul et s’interroge sur les « racines » de ces actes terroristes.
« Avant d’être endoctrinés, tous ces jeunes ne sont pas nés en se disant: je vais tuer tout le monde autour de moi! Qu’est-ce qu’on a négligé pour que cela mène à cette horreur? », s’interroge Matthieu Ricard avant d’esquisser une réponse: « Il faut soutenir les jeunes et leur donner un idéal. Si on avait su leur procurer des idéaux, on aurait pu éviter que cette forêt s’enflamme. »
Interview
http://france3-regions.francetvinfo.fr/alpes/savoie/matthieu-ricard-en-savoie-qu-est-ce-qui-mene-cela-853047.html
Interview Matthieu Ricard
23 Novembre 2015
Le Dalaï Lama, à propos des attaques terroristes
Jusqu’à présent, Sa Sainteté le Dalaï Lama s’est exprimé par deux fois à propos des attaques terroristes du 13 novembre à Paris, qui ont tué au moins 132 personnes.
Le Dalaï Lama répond à propos des attaques terroristes du 13 Novembre à Paris : Les individus doivent créer le changement
Le samedi 14 Novembre, dans la ville indienne de Jalandhar, Sa Sainteté Le Dalaï-Lama a déclaré aux journalistes :
La violence est une réaction à courte vue, perpétrée par des personnes hors de contrôle. A 81 ans, je crois qu’elle ne peut pas être résolue par des prières ou avec l’aide du gouvernement. Nous devons aborder le changement de prime abord au niveau individuel et passer ensuite à l’entourage et à la société.
Et dans une interview avec la Deutsche Welle (D.W.) (radiodiffuseur international d’Allemagne), le Dalaï-Lama a déclaré:
Le XXe siècle a été un siècle violent, et plus de 200 millions de personnes sont mortes en raison de guerres et autres conflits. Nous assistons maintenant à un débordement du bain de sang du siècle précédent dans ce siècle. Si nous persévérons davantage dans la non-violence et l’harmonie, nous pouvons annoncer un nouveau départ. A moins de faire de sérieux efforts pour parvenir à la paix, nous allons continuer à vivre une répétition du chaos que l’humanité a vécu au 20ème siècle.
Les gens veulent mener une vie paisible. Les terroristes voient à court-terme, et c’est l’une des causes des attentats suicides. Nous ne pouvons pas résoudre ce problème uniquement par la prière. Je suis bouddhiste et je crois en la prière.
Mais les humains ont créé ce problème, et maintenant, nous demandons à Dieu de le résoudre. C’est illogique. Dieu dirait, résolvez le vous-même parce que vous l’avez créé en premier lieu.
Nous avons besoin d’une approche systématique pour promouvoir les valeurs humanistes, les valeurs d’unité et d’harmonie. Si nous commençons à le faire maintenant, il y a un espoir que ce siècle soit différent du siècle précédent. C’est dans l’intérêt de tout le monde.
Alors laissez-nous travailler pour la paix au sein de nos familles et de la société, et n’attendez pas l’aide de Dieu, de Bouddha ou des gouvernements.
– «Votre message principal a toujours été de la paix, la compassion et la tolérance religieuse, mais le monde semble aller dans une direction opposée. Votre message n’a-t-il point trouvé d’écho chez les gens ? »
Le Dalaï Lama : Je ne suis pas d’accord. Je pense que seul un petit pourcentage de gens souscrit au discours violent. Nous sommes des êtres humains, et il n’y a pas de base ni de justification pour tuer les autres. Si vous considérez les autres comme des frères et des sœurs et que vous respectiez leurs droits, alors il n’y a pas de place pour la violence.
En outre, les problèmes auxquels nous nous trouvons, aujourd’hui, confrontés sont le résultat de différences superficielles à propos de confessions religieuses ou de nationalités. Nous sommes un seul peuple.
Nous voyons les dirigeants du monde obsédés par la croissance économique et ne se préoccupant pas de la moralité. Etes-vous inquiets de cette tendance ?
Nos problèmes vont aller en s’accroissant si nous n’élevons pas les principes moraux au-dessus de l’argent. La moralité est importante pour tout un chacun, y compris pour les personnes religieuses et les politiciens.
Le Dalaï Lama, à propos du 11 Septembre 2001 et des attaques terroristes sur New-York.
La non-violence, la réponse appropriée et efficace aux conflits humains.
L’attaque du 11e Septembre du World Trade Centre et du Pentagone a été profondément choquante et d’une tristesse infinie. Je considère ces si terribles et si destructrices actions comme des actes de haine, de violence qui sont le résultat d’émotions destructrices. Des événements de ce genre montrent clairement que si nous permettons à notre intelligence humaine d’être guidée et contrôlée par des émotions négatives comme la haine, les conséquences s’avèrent absolument désastreuses.
Prendre part
Comment répondre à une telle attaque est évidemment une question très difficile. Bien sûr, ceux qui sont aux prises avec le problème sont plus à même de le mieux connaitre, mais je pense qu’une attention particulière est nécessaire et qu’il est approprié de répondre à un acte de violence en utilisant les principes de la non-violence.
Ceci est d’une grande importance. Les attaques contre les États-Unis furent choquantes, mais la réponse qui leur fut faite, les représailles qui consistèrent à partir en guerre, ne peut pas représenter la meilleure solution à long terme. En fin de compte, seule la non-violence peut contenir le terrorisme. Les problèmes au sein de la société humaine devraient être résolus d’une manière humanitaire, et la non-violence constitue la solution appropriée.
Je ne suis pas un expert dans ces affaires, mais je suis sûr que si des problèmes peuvent être discutés avec un esprit calme, en appliquant des principes non violents et en tenant compte de la sécurité, à long terme, du monde, alors un certain nombre de solutions différentes peuvent être trouvées. Bien sûr, dans des cas particuliers une approche plus agressive peut également s’avérer être nécessaire.
Le terrorisme ne peut être surmonté et endigué par l’utilisation de la force, car il n’aborde, ni ne traite les problèmes complexes qui le sous-tendent.
En fait, l’usage de la force ne peut, non seulement, parvenir à résoudre les problèmes, mais encore, il peut les aggraver et n’entraine, le plus souvent, dans son sillage que destructions et souffrances. Les conflits humains devraient être abordés et résolus avec compassion. La clé est la non-violence.
Les actions militaires de rétorsion mises en place par les États-Unis peuvent apporter une certaine satisfaction et sembler engranger des résultats à court terme, mais il ne pourront, en aucun cas, extirper les causes profondes du problème qu’est le terrorisme. Les mesures à long terme doivent être prises.
Les États-Unis doivent examiner les facteurs qui se reproduisent et qui donnent naissance au terrorisme. J’ai écrit au président Bush, pour lui demander de faire preuve de retenue et ne pas chercher une vengeance brutale, suite aux attentats du 11 septembre. Je lui ai exprimé ma sympathie, mais je lui ai suggéré que répondre à la violence par plus de violence encore pourrait ne pas être la réponse appropriée.
Je tiens également à souligner que de parler de la non-violence quand les choses vont rondement, sans à-coup, et, que tout va pour le mieux n’est pas d’une grande pertinence. C’est précisément quand les choses deviennent vraiment difficiles, critiques et urgentes que nous devons penser et agir de façon non violente.
Parfois, l’intervention de particuliers ou d’organisations non gouvernementales peut se révéler très efficace dans la résolution de certains types de conflits dans le monde.
En conséquence de quoi, l’une des choses que j’ai suggérée à plusieurs membres du Parlement Européen au cours de ma récente visite, était, que, peut-être, sous les auspices du Parlement Européen, une réunion pourrait être organisée avec des particuliers, des gens qui se sentent concernés et sont préoccupés par la paix dans le monde, ainsi que des organisations non gouvernementales, pour discuter de comment le problème du terrorisme peut être traité et comment le surmonter.
Il serait utile d’inclure les personnes qui sont considérées comme étant des terroristes ou qui sont considérés comme soutenant le terrorisme, de sorte que nous pourrions apprendre et comprendre pourquoi ils y ont recours, ou encouragent le terrorisme. Il est possible que certains de leurs griefs évoqués soient valables. Dans de tels cas, nous devons y faire face. Mais là où ils n’ont pas de raisons ou griefs valides, la véritable situation devrait être clarifiée, afin d’éliminer les malentendus et les soupçons sans fondement.
Les conflits humains ne naissent pas sans raison. Ils se produisent à la suite de causes et de conditions, dont bon nombres d’entre-elles sont indépendantes de la volonté des protagonistes.
C’est là que le leadership est important. Il est de la responsabilité de nos dirigeants de décider quand agir et quand pratiquer la retenue. Dans le cas d’un conflit, il est important de faire preuve de retenue avant que la situation ne devienne totalement incontrôlable. Une fois que les causes et les conditions qui conduisent immanquablement à des affrontements violents ont mûri, il devient très difficile de rétablir la paix.
La violence engendre immanquablement davantage de violence encore. Si nous ripostons instinctivement à la violence qui nous est faite, à quoi pouvons-nous nous attendre d’autre sinon que notre adversaire se sentira légitimé et justifié dans les représailles qu’il exercera son tour et en retour ? Voilà, telle est l’escalade de la violence. Les mesures de prévention et de retenue doivent être observées à un stade précoce. Il est clair que les dirigeants doivent se montrer vigilants, clairvoyants et décidés.
Tout le monde veut vivre en paix, mais nous nous montrons souvent confus sur la façon d’y parvenir. Mahatma Gandhi a fait remarquer que parce que la violence mène inévitablement à plus de violence epcore, si nous sommes sérieusement intéressés par la paix, et préoccupés par elle, nous devons chercher à l’atteindre par des moyens pacifiques et non violents.
Nous pouvons être tentés de recourir à la force, car elle peut apparaitre comme une réponse décisive, mais elle ne peut seulement qu’être en dernier recours. Pour une raison, la violence est imprévisible. L’intention initiale peut être d’utiliser la force mesurée, mais la violence donne lieu à des conséquences imprévues. D’une manière générale, la violence est la mauvaise méthode dans cette ère moderne. Si, d’autre part, l’humanité devait utiliser des méthodes plus perspicaces et plus complètes, alors je pense que bon nombre des problèmes auxquels nous sommes confrontés pourraient être résolus assez rapidement.
Nous devons continuer à développer une vue plus large, penser rationnellement et travailler pour conjurer des catastrophes à venir d’une manière non-violente. Ces questions concernent l’humanité tout entière, et pas seulement juste un pays. Nous devrions explorer l’utilisation de la non-violence comme une mesure à long terme pour contrôler le terrorisme quel qu’il soit.
Mais nous avons besoin d’une pensée claire et bien équilibrée, coordonnée à une stratégie à long terme. La bonne façon de régler les différents, le chemin approprié pour y parvenir passent par le dialogue, est tissé de compromis et de négociations, grâce à la compréhension humaine et l’humilité. Nous devons comprendre que la paix véritable vient de la compréhension mutuelle, du respect et de la confiance. Comme je l’ai déjà dit, les problèmes humains devraient être résolus d’une manière humanitaire, et la non-violence est l’approche humaine.
Dans ce contexte, punir un pays tout entier pour les méfaits d’un ennemi qui ne peut pas être trouvé peut se révéler inutile. Faire face à des situations telles que celles auxquelles nous sommes désormais confrontés exige de déployer une appréhension des choses, une vue et des perspectives plus larges. D’une part, nous ne pouvons pas simplement identifier quelques individus et les blâmer de tout, mais nous ne pouvons pas, non-plus, non cibler un pays tout entier, pour inévitablement faire souffrir des innocents tout comme ils l’ont fait, aux Etats-Unis, le 11 Septembre.
Quant à ceux qui ont perpétré l’attaque.
Ceux qui ont perpétrés les actes de violence du 11 Septembre étaient aussi des êtres humains. Si quelque chose de similaire était arrivé à leur famille et amis, sans doute, eux aussi, auraient-ils éprouvé douleur et souffrance. Et, en tant qu’êtres humains, ils auraient naturellement eu à cœur d’éviter la souffrance.
Par conséquent, nous devons essayer de comprendre ce qui les a motivés à se comporter de la façon qui fut la leur, si nous voulons éviter une future possible répétition de ces terribles événements. Je pense que la haine et les émotions destructrices qui sous-tendent les attentats du 11 Septembre ont été complètement contre-productifs pour la cause, quelle qu’elle soit, épousée par les assaillants.
Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui n’est aussi plus simple que celui d’autrefois. Il est complexe et toutes ses composantes sont interdépendantes. Nous devons reconnaître cela et comprendre que si nous nous fixons le but de résoudre un problème complètement, nous devons agir en conformité avec la réalité.
Par exemple, alors que l’économie mondiale évolue, chaque nation devient, dans une certaine mesure, plus ou moins dépendante de toute autre nation. L’économie moderne, comme l’environnement, ne connaît pas de frontières. Même les pays ouvertement hostiles les uns aux autres doivent coopérer dans l’utilisation des ressources de la planète. Souvent, par exemple, ils dépendent des mêmes rivières. Et plus nos relations économiques deviennent interdépendantes, plus nos relations politiques doivent devenir interdépendantes.
Lorsque nous négligeons des pans entiers de l’humanité, nous ignorons non seulement la nature interdépendante de la réalité, mais aussi la réalité de notre situation. Dans le monde moderne, les intérêts d’aucune communauté en particulier ne peuvent être considérés uniquement dans les limites de ses propres frontières.
Ceci est quelque chose que je tente de partager avec d’autres personnes partout où je vais.
Les terribles événements du 11 Septembre ont éveillé la répulsion du terrorisme auprès de gens partout dans le monde, quels que soient ses objectifs. Par conséquent, ce qui est arrivé, les conséquences du terrorisme, ont effectivement plombé les espoirs que les terroristes espéraient atteindre.
Que pouvons-nous apprendre de cet événement tragique ?
Cet événement tragique nous fournit une très bonne opportunité. Il y a, à travers le monde, une volonté de s’opposer au terrorisme. Nous pouvons utiliser ce consensus pour mettre en œuvre les mesures de prévention à long terme. Ce sera finalement beaucoup plus efficace que de prendre des mesures spectaculaires et violentes inspirées par la colère et d’autres émotions absolument destructrices.
La tentation de répondre par la violence est compréhensible, mais une approche plus prudente s’avérera plus fructueuse.
La source de cette violence
Des générations de souffrance et de griefs accumulés ont engendré cette violence. En tant que bouddhiste, je crois qu’il y a des causes et des conditions derrière chaque événement. Certaines de ces causes peuvent avoir une origine récente, mais d’autres remontent à des décennies, voir à des siècles.
Celles-ci comprennent le colonialisme, l’exploitation des ressources naturelles par les pays développés, la discrimination, la suspicion et l’écart grandissant entre les riches et les pauvres. Des années de négligence et d’indifférence à la pauvreté et à l’oppression peuvent être parmi les causes de cette recrudescence du terrorisme. Ce qui est clair, c’est que les attaques terroristes traumatisantes, tristes et horribles, dont ont fait l’objet les Etats-Unis, étaient l’aboutissement de plusieurs facteurs.
Qui sont ces terroristes?
C’est une erreur de se référer à des terroristes musulmans. Je crois qu’aucune religion ne soutient le terrorisme. L’essence de toutes les grandes religions est la compassion, le pardon, l’autodiscipline, la fraternité et la charité. Toutes les religions ont le potentiel de renforcer les valeurs humaines et de développer l’harmonie générale.
Mais les individus pervertissent les croyances religieuses à leurs seuls buts et à leurs propres fins Il en est qui utilisent la religion comme une moyen pour atteindre leurs intérêts, de sorte qu’il serait bien erroné de blâmer leur religion particulière.
Les divisions religieuses sont récemment devenu dangereuses une fois de plus, et pourtant, le pluralisme, en vertu de laquelle tout le monde est libre de pratiquer sa propre foi, fait partie du tissu de la société contemporaine. Le bouddhisme peut être bon pour moi, mais je ne peux pas assurer qu’il sera aussi bon pour vous ou n’importe qui d’autre.
Pour le peuple américain
L’Amérique est un pays démocratique. C’est vraiment une société pacifique et ouverte, dans laquelle les individus ont le maximum de chances de développer leur créativité et leur potentiel humain. Après ces incidents terribles, nous avons pu voir la volonté avec laquelle les Américains, en particulier les New-Yorkais, ont œuvré pour s’aider les uns les autres. C’est vital de maintenir cette élévation morale – cet esprit américain. Je souhaite que les gens gardent le moral et, adoptant une vue plus large, juger tranquillement de la meilleure façon d’agir.
Mes souhaits et prières s’adressent à tous afin que tous conservent leur calme. Ces événements négatifs sont le résultat de la haine, de la myopie, de la jalousie, et, dans certains cas, la conséquence d’années de lavage de cerveau.
Personnellement, je peux ne pas comprendre les gens qui détournent un avion entier avec ses passagers pour mener à bien une telle destruction. C’est tout à fait impensable.
Mais ce ne sont pas des actes de l’émotion négative spontanée. Ils sont le résultat d’une planification minutieuse, ce qui ne les rend plus terrible encore. Ceci est un autre exemple de la façon dont notre intelligence humaine sophistiquée et la technologie sophistiquée dont nous disposons peuvent nous conduire à des résultats désastreux.
Ma croyance fondamentale est que les événements malheureux sont provoqués par des émotions négatives. Finalement, la réponse à la question de savoir si nous pouvons, si nous sommes en mesure de créer un monde plus pacifique réside dans notre motivation, ainsi que dans le type d’émotions et d’attitudes que nous entretenons en nous-mêmes.
Je suis sûr que tout le monde conviendra que nous devons surmonter la violence, mais si nous devons l’éliminer complètement, nous devons d’abord analyser, si oui ou non, elle a une valeur quelconque. Du point de vue strictement pratique, nous constatons qu’en certaines occasions la violence semble en effet être utile. Nous pouvons résoudre un problème rapidement avec la force. Cependant, un tel succès s’acquiert souvent au détriment des droits et du bien-être d’autrui. En conséquence de quoi, même si un problème a été résolu, la semence d’un autre problème a été semée.
D’autre part, si votre cause est étayée par un raisonnement solide, il est inutile de recourir à la violence. Ce sont ceux qui n’ont aucun autre motif que le désir égoïste, et, qui ne peuvent pas atteindre leur objectif grâce à un raisonnement logique, qui comptent sur la force. Même quand leur famille et amis sont en désaccord avec eux, ceux qui ont des raisons valables peuvent les énoncer les unes après les autres, et, faire valoir leur point de vue, point par point, tandis que ceux qui ne bénéficient que de peu de soutien rationnel, sombreront, bientôt, en proie à la colère.
Ainsi la colère n’est-elle pas un signe de force, mais de faiblesse.
En fin de compte, il est important d’examiner notre propre motivation et celle de notre adversaire. Il existe plusieurs types de violence et de non-violence, mais nous ne pouvons les appréhender seulement en fonction de facteurs extérieurs.
Si notre motivation est négative, l’action qu’elle produit est, dans le sens le plus profond, violente, même si elle peut sembler être faussement douce.
Inversement, si notre motivation est sincère et positive, mais que les circonstances requièrent un comportement dur, essentiellement, nous pratiquons la non-violence.
Peu importe le cas qui se présente, je pense que le souci de compassion pour le bien-être des autres – pas simplement pour soi-même – est la seule justification de l’usage de la force. (tibet.fr)
19 Novembre 2015
Messages des Tibétains après les attentats du 13 Novembre 2015 à Paris envoyés à l'association.
Un message de TCV Bylakuppe
Dear Denis la,
How are you? I am extremely sorry for the recent terrorist attack at France. This is absolutely insane! They are human but without humanity. I send you and all the people in France our deep condolences and deep prayers. You all are very much in thoughts and prayers everyday specially those who lost their loved ones. We really hope and pray that you all will overcome out of this unfortunate incident.
Please do stay calm and God bless you all more strengths to move forward with your life.
My deepest prayers and condolences,
Lochoe
Sponsorship Secretary
Un message reçu de TCV Suja
Dear friends,
With much pain and grief, we would like to convey that we at Tibetan Children's Village are shocked and saddened to hear about the Paris terrorist attack. The way French people handled the situation, the way you showed courage and unity in this difficult hour is example for the world to follow.
The Government and the people of France had been so kind and had supported Tibet and its people in all possible ways. We extend our prayers and solidarity to our dear friends and to all the terror victims.
With prayers
Yours sincerely
Loten
Lobsang Tenzin
Sponsorship Secretary
Tibetan Children's Village, Suja (Bir)
P.O Matroo, PIN Code : 175032
District: Mandi
H.P (INDIA)
Voici le message reçu de Mainpat.
Dear Phuntsok Dolma,
We are very sorry to hear about the
recent terrorist attack in Paris. We Tibetans in Mainpat share feelings
of the Parisians and the people of France. Our prayers and condolences
are with the Innocent Victims, their families & friends and the people
of France. May God Bless France and we pray that this things will never
happen again in the land of peace loving people, France....
Please pay our prayers and condolence to our philanthropist sponsors too..
With Love,
Settlement Office, LTA & Tibetans in Mainpat
«La France incarne tout ce que les fanatiques religieux haïssent: la jouissance de la vie ici, sur terre, d'une multitude de manières: une tasse de café qui sent bon, accompagnée d'un croissant, un matin; de belles femmes en robes courtes souriant librement dans la rue; l'odeur du pain chaud; une bouteille de vin partagée avec des amis, quelques gouttes de parfum, des enfants jouant au jardin du Luxembourg, le droit de ne pas croire en Dieu, de ne pas s'inquiéter des calories, de flirter et de fumer, et de faire l'amour hors mariage, de prendre des vacances, de lire n'importe quel livre, d'aller à l'école gratuitement, de jouer, de rire, de débattre, de se moquer des prélats comme des hommes et des femmes politiques, de remettre les angoisses à plus tard: après la mort. Aucun pays ne profite aussi bien de la vie sur terre que la France. Paris, on t'aime. Nous pleurons pour toi. Tu es en deuil ce soir, et nous le sommes avec toi. Nous savons que tu riras à nouveau, et chantera à nouveau, que tu feras l'amour, et que tu guériras, parce qu'aimer la vie fait partie de ce que tu es. Les forces du mal vont reculer. Elles vont perdre. Elle perdent toujours.»
Source: http://www.slate.fr/story/109987/aucun-pays-ne-profite-aussi-bien-de-la-vie-sur-terre-que-la-france-nyt
15 Novembre 2015
CONDOLÉANCES DU PREMIER MINISTRE TIBETAIN EN EXIL LOBSANG SANGAY SUITE AUX ATTENTATS A PARIS LE 13/11/2015
Central Tibétan Administration, Dharamsala (Inde) 15/11/2015 http://tibet.net/…/sikyong-offers-condolences-to-victims-o…/
Dans le sillage des attentats terroristes meurtriers à Paris la capitale française, le Premier ministre tibétain Dr. Lobsang Sangay, chef politique du peuple tibétain a exprimé ses profondes condoléances aux victimes et a condamnés ces attaque barbare.
«Je présente mes sincères condoléances aux familles et aux amis des victimes et condamne fermement les attaques barbares et lâches menées par quelques fanatiques égarés", a déclaré le Prenier Ministre tibétain en exil.
"Le terrorisme est une attaque contre l'humanité et ceux qui commettent de telles attaques ne représentent pas toute la foi ou de la communauté. Il est un fléau et ne peut être justifiée en aucune manière grâce à des affiliations morales, politiques ou religieuses ", at-il ajouté.
"Cette attaque brutale et inhumaine renforce une fois de plus la nécessité d'une approche internationale coordonnée et concertée pour combattre le terrorisme et rétablir la sécurité et la stabilité dans le monde."
"Le peuple tibétain est unis avec le peuple de France dans cette période sombre et douloureuse, et espère que les auteurs de cet acte horrible seront traduits en justice rapidement"
15 Novembre 2015
Nouvelles du Népal
Voici quelques nouvelles reçues ce matin du Népal.
Nous avons ce matin parlé successivement avec Marylin et Guy puis avec Dikkila.
Les informations sont les mêmes.
Vous les retrouverez aussi dans l’article paru le 11/11/15 sur le journal suisse de la Tribune.
Le pays traverse une période très difficile après le tremblement de terre. Il y a le blocus indien de l’essence et des transports. Il est impossible de s’approvisionner en essence, parfois il faut faire des queues de 2 ou 3 jours pour obtenir 2l d’essence. Les transports en commun sont pris d’assaut et bondés, ils deviennent très dangereux. Le gouvernement a fait venir de l’essence de la Chine mais cela n’a pas couvert le 1/3 des besoins. La route très dangereuse Chine- Népal va être fermée dès les 1ères neiges.
« Née en 2006 de la rébellion maoïste et de l'abolition de la monarchie, la jeune république népalaise est secouée par de violentes manifestations depuis l'adoption de sa Constitution, fin septembre. Inquiète, l'Inde a initié un blocus sur le pétrole et le gaz il y a trois semaines, officiellement pour des raisons de sécurité. Officieusement, selon les Népalais, pour soutenir la minorité indienne des Madhesis, instigatrice de la révolte contre le texte… Le blocus s'est fait sentir de Katmandou jusqu'à Dolakha avec des milliers de voitures et de Mobylette patientant pour faire le plein d'essence, des transports publics bondés et une hausse des prix des denrées alimentaires… »
On ne trouve plus de gaz pour faire la cuisine. A nouveau on utilise de la bouse, parfois du bois. Cependant certains propriétaires ne permettent pas de faire des feux à l’intérieur des maisons en bois. Difficile aussi d’acheter les produits de 1ère nécessité. Il n’y a plus de médicaments dans la plupart des hôpitaux publics
Les familles continuent de vivre sous la tente ou sous les abris en tôles. Le gouvernement ne permet pas la reconstruction des maisons. Ils veulent superviser et demandent que les maisons soient construites ensuite selon les normes anti sismiques. Ils promettent 2 lakhs de Nrs soit environ 1700€ en plusieurs tranches. Les familles savent que ces promesses ne seront pas tenues. Une maison antisismique coûte un minimum de 5000€.
Les prix du matériel de construction flambent et on en trouve peu. Exemple : de 1700Nrs à 9000Nrs. Même les ONG internationales sont arrêtées dans leurs efforts de reconstruction
Nous avons récemment envoyé 3000€ à Dikkila.
Elle a donné 500€ à Rinzin Tsering docteur tibétain du Solokhumbu dont nous avions parrainé les études pour qu’il puisse soigner. Il nous écrit pour nous remercier et nous informer que cette somme va lui permettre d’aller soigner au Solokhumbu particulièrement dans le district de Dolakha
Voici des nouvelles de cette région :
« Le blocus de l'Inde paralyse le pays
Parmi les plus affectés du pays, le district de Dolakha pleure son abandon en silence. Les paysages sont ceux des zones d'urgence où s'activent les ONG : des bâches jaunes, des points d'eau, des toilettes et des kits de survie installés par l'ONG Plan international, des bâches grises pour la Croix-Rouge chinoise, des bâches blanches pour l'agence des Nations unies pour les réfugiés (lire encadré ci-dessous). Le long des routes, des centaines de baraquements provisoires côtoient des monticules de gravats et des maisons en ruine. Quelques villageois déblaient des pierres ou stockent de précieux parpaings. Tous savent néanmoins qu'il leur faudra cinq ans, au moins, pour retrouver un paysage semblable à celui disparu le 25 avril.
«Les problèmes sont devant nous. Avec le froid, il y a aussi des risques de fièvre, de pneumonie et de diarrhée. Quelqu'un peut mourir à nouveau…»
Le reste de la somme a été donnée pour la région de Tsum dévastée par le tremblement de terre. Nous aurons un compte rendu au fur et à mesure des travaux
Marylin et Guy continuent d’aider dans l’urgence autour d’eux. Pour les deux jeunes de Namo Bouddha il n’est pas possible actuellement de reconstruire une maison pour eux. Leur abri précaire va être rendu plus confortable en attendant les autorisations du gouvernement. Ils nous tiennent au courant au fur et à mesure. Ils viennent en décembre à Pau et nous ferons à nouveau un point avec eux.
Tribune de Genève.ch (TDG) - Par Andrés Allemand -11/ 11/ 15 – Voici un article qui éclaire la situation actuelle au Népal
Népal - Pourquoi le pays tarde à reconstruire Après le séisme, mousson, fêtes hindoues, batailles politiques et crise du fuel paralysent le pays depuis six mois alors qu’arrivent les premières neiges.
«L’hiver est là et nous vivons sous des abris en tôle! Six mois après le séisme, l’argent promis par le gouvernement n’est pas arrivé. Viendra-t-il un jour?» L’assemblée villageoise est houleuse à Dubachour, dans ce district de Sindhupalchok tellement meurtri par les tremblements de terre qui ont ébranlé le Népal le 25 avril puis le 12 mai. Dans cette zone accidentée au pied de l’Himalaya, juste au nord-est de Katmandou, presque toutes les maisons ont été détruites. A l’échelle du pays, il y a eu près de 9000 morts, 23 000 blessés et 600 000 sans-abri.
Pourtant, la reconstruction n’a pas commencé, malgré les 4 milliards de francs promis le 25 juin à Katmandou par la communauté internationale. Ecoles, centres médicaux ou maisons privées, les Népalais vivent pour l’heure dans les constructions temporaires livrées par les humanitaires, dont les partenaires de la Chaîne du Bonheur. Des organisations qui attendent toujours le feu vert des autorités pour construire en dur. Pourquoi de telles lenteurs?
Mousson
Il y a d’abord eu la mousson, nous explique sur place Ernst Lüber, chef du Département projets de la Chaîne du Bonheur, qui a lui-même vécu au Népal. Entre mai et septembre, difficile de fabriquer des briques ou de fixer le ciment.
Transition politique
La saison des pluies passée, l’administration n’est pas pour autant entrée en action. Le pays est en transition politique depuis la fin, en 2006, d’une décennie de guerre civile (13 000 morts) entre maoïstes et pouvoir, puis en 2008 la chute de la monarchie (vieille de 240 ans) et la promesse d’une nouvelle Constitution. Mais après des années de querelles, c’est le séisme qui a convaincu les politiciens de s’entendre d’urgence. Une Constitution a été adoptée le 20 septembre, le premier ministre Khadga Prasad Sharma Oli choisi le 11 octobre et la présidente Bidhya Devi Bhandari désignée le 28 octobre. L’administration allait enfin recevoir des consignes…
Fêtes hindoues
Fait aggravant pour la reconstruction, il était impensable de démarrer des chantiers durant les fêtes hindoues de Dasain (13-26 octobre) puis de Tihar (9-13 novembre), équivalent des fêtes de fin d’année chez les Occidentaux.
Crise du fuel
Mais ce qui paralyse aujourd’hui la reconstruction, c’est le blocage par des manifestants du principal point de passage (à Birganj) entre l’Inde et le Népal, pays fortement dépendant des importations. Depuis plus d’un mois, les rues sont congestionnées de voitures et de motos formant d’interminables queues près des stations-service. Selon Sebastian Zug, délégué de Terre des hommes, il a fallu cinq jours à l’un des chauffeurs de l’ONG pour parvenir à la pompe.
Depuis août, la colère gronde en effet chez les Madhesi, groupes ethniques des plaines du Terraï, au sud du Népal, tout au long de la frontière avec les Etats régionaux indiens du Bihar et de l’Uttar Pradesh. Cette bande de terre où vit la moitié de la population du Népal est son poumon économique. Mais une partie de la population se dit discriminée, estimant que trop de revenus vont aux ethnies des collines et des montagnes. Les Madhesi réclament leur propre Etat régional au sein de la fédération népalaise, ils refusent d’être des minorités réparties dans six des sept Etats prévus par la Constitution. Laquelle viole les promesses faites en 2008, selon eux.
Vu de Katmandou, note Bharat Pokharel, de Caritas, c’est plutôt l’Inde du premier ministre Modi qui fomente les troubles, soutenant les Madhesi pour plaire à l’électorat du Bihar voisin, peuplé d’ethnies parentes. Le 28 octobre, le Népal a brisé des décennies de monopole pétrolier indien en passant un accord d’importation de fuel avec la Chine. Cela suffira-t-il?
15 Novembre 2015
Le Tibet sous le poids des barrages chinois
Rien n’est trop grand pour la Chine.
Et quand les provinces chinoises ne suffisent plus, Pékin poursuit ses projets pharaoniques jusqu’aux contreforts du pays. En témoignent, les projets de construction de grands barrages dans la Région autonome du Tibet. Une manière de rassasier les mégalopoles chinoises boulimiques en énergie, mais aussi de maintenir la vitalité de la croissance économique. Une « croissance verte », promet le plus grand pollueur au monde, oficiellement résolu à réduire ses émissions de CO² par unité de PIB de 60 % à 65 % par rapport à 2005, et à les plafonner d’ici 2030.
Comment la Chine compte-t-elle procéder ? En réduisant sa consommation d’énergies fossiles et en augmentant la part d’énergies renouvelables – en l’occurrence, l’énergie hydraulique. L’enjeu est de taille : Il s’agit rien de moins pour Pékin que de multiplier par plus de 2,5 ses capacités hydroélectriques d’ici à 2030, pour parvenir à 568 GW.
Sur le papier, la « croissance est verte » et les sources d’énergies sont« propres » comme les neiges éternelles des monts sacrés des plateaux tibétains. Après tout, la Chine n’est-elle pas déjà la championne des énergies renouvelables, avec plus de 80 000 barrages sur son territoire (dont 22 000 « grands » barrages) ? La multiplication des centrales hydroélectriques comme solution à la pollution qui fait tousser les grandes villes de l’Ouest chinois, l’eau pour produire de l’électricité et éliminer progressivement le charbon, est un projet séduisant.
Mais attention, disent les spécialistes : 80 % des rivières et des lacs en Chine sont en voie de tarissement ! Pékin manque d’eau pour ses barrages, et pour y remédier, les autorités communistes visent désormais les fleuves du Tibet, à l’écosystème particulièrement fragile. Question : le « toit du monde » va-t-il s’écrouler sur une Chine en perpétuelle quête d’énergies, et cela avant que le « rêve chinois » ne se réalise ?
Contexte
La dynastie des Qing ne s’est pas trompée en appelant le Tibet« Xizang », autrement dit « le trésor de l’Ouest » en mandarin. Les caractères chinois révèlent ici une réalité concrète, puisque les riches sous-sols tibétains renferment 126 minéraux différents tels que le fer, la chromite ainsi que d’importants gisements de cuivre et d’or. Sans parler du lithium, élément indispensable aux batteries de nos tablettes électroniques et de nos téléphones portables. Le Tibet est riche, ce qui n’empêche pas la région d’être sous perfusion chinoise depuis les années 1960.La région autonome du Tibet est en effet le territoire de la grande Chine le mieux doté en subventions directes. Une situation qui pourrait sembler paradoxale lorsque l’on mesure le niveau de vie des populations. L’indice de développement humain au Tibet était en effet le plus bas de l’ensemble des provinces chinoises en 2010 (dernières données en date).
Pourquoi un tel décalage ? L’une des raisons est liée à la nature des investissements destinés essentiellement au développement des infrastructures : Autoroutes, lignes ferroviaires, gazoducs ou encore, projets de câblage électrique à distance. L’objectif étant ici de contribuer au développement du grand Ouest chinois, avec des infrastructures mais aussi des salaires nettement moins élevés que sur la côte est. Dans un tel contexte, la planification de nouveaux barrages au Tibet, très confidentielle, permet de s’interroger sur les réels bénéficiaires du projet. (tibet.fr)
La photo : Photo non datée du Canyon Jiacha sur le fleuve Yarlung Tsangpo au Tibet, où le projet de barrage hydroélectrique est en train d’être construit par la Chine.
(Crédit : Shui xiaojie / Imaginechina / via AFP)
Les auteurs
Expert en développement durable et environnement avec une prédilection pour la question de l’eau. Il a été formé dans les instituts de Dauphine à Paris et Imperial Collège à Londres. Animé par la recherche de solutions durables nouvelles, il aborde les questions d’économie circulaire, de technologies environnementales et d’éco-tourisme. Il a notamment travaillé au Forum for the Future à Londres et à Greenpeace à Jakarta.
Experte en relations internationales et spécialiste des enjeux de développement (particulièrement en Asie du Sud-Est). Elle a été formée dans les instituts de la School of Oriental and African Studies (SOAS) à Londres et de l’INALCO à Paris. Engagée dans la problématique de développement humain, elle a notamment travaillé pour le think-tank Center for Strategic and International Studies et le Programme des Nations Unies pour le Développement à Jakarta.
15 Novembre 2015
Nancy Pélosi à la tête d’une délégation du Congrès américain pour un « rare » voyage au Tibet…
La Chine a permis à une délégation de haut niveau du Congrès américain de visiter le Tibet, incluant la leader démocrate Nancy Pelosi, très critique à l’égard des Droits de l’homme en Chine.
Depuis que la Chine a déclaré que le Tibet a été « libéré pacifiquement » par l’Armée Populaire de Libération en 1950, les voyages de journalistes occidentaux et de personnalités politiques sont très rares.
Une rencontre a eu lieu au Palais de l’Assemblée du Peuple ; Zhang Dejiang, Président du Comité Permanent de l’Assemblée Nationale Populaire, et leader au troisième rang du Parti communiste, déclarait qu’il était heureux de voir que « Pelosi avait l’air bien » après son voyage au Tibet. De cette visite au Tibet, aucune information n’ a filtré. La visite de Pelosi et de six autres démocrates visait à mettre l’accent sur le renforcement des liens commerciaux avec la Chine, les discussions sur la Sécurité nationale et les cyber-attaques, le changement climatique et les droits humains.
« Mme Pelosi, vous êtes allée au Tibet. Je suis préoccupé par votre santé. Je vois que tout paraît normal. Cela montre que vous avez une bonne santé. Je suis curieux d’entendre vos impressions de votre visite au Tibet, » a demandé Zhang Dejiang.
Pelos répondait qu’elle avait déjà partagé des points de vue sur le Tibet lors d’une autre réunion, espérait « que ces échanges d’idées seraient utiles et souhaitait pouvoir aborder d’autres sujet de la même manière».
Pas d’autres commentaires sur sa visite devant les journalistes, visite qui n’avait pas été officiellement annoncée à l’avance.
L’Ambassade américaine à Pékin n’a pas donné d’autres détails sur ce voyage au Tibet.
Le Porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois Hong Lei a décrit la visite comme «un échange normal entre les Etats-Unis et la Chine». Il n’a donné aucune autre précision.
Des groupes de Droits de l’homme et des exilés rappellent que la Chine bafoue les droits culturels et religieux des populations bouddhistes du Tibet. La Chine nie fermement ces accusations et affirme qu’elle a apporté le développement nécessaire à ce qui était une région arriérée.
Pelosi s’est régulièrement prononcée sur les questions relatives aux droits de l’homme au Tibet et a rencontré le Dalaï-Lama, chef spirituel en exil du Tibet, un homme vilipendé par Pékin comme un séparatiste violent. Alors que ce dernier ne cherche que simplement une véritable autonomie pour le Tibet. (tibet.fr)
Jim McGovern, Président de la Commission des droits de l’homme au Congrès, s’est également déplacé avec la délégation de Pelosi.
(Reportage par Ben Blanchard et Megha Rajagopalan, édité par Nick Macfie)
15 Novembre 2015
La croissance de la Chine est alimentée par la destruction de l’environnement au Tibet
Par Daniela Del Bene (Institut des sciences et des technologies de l’environnement – Université autonome de Barcelone)
« Le nombre de Tibétains à s’auto-immoler augmente de manière alarmante. […] En plus des facteurs politiques, sociaux, religieux et économiques, l’impact de la pollution minière et environnementale est l’une des sources des mouvements de protestation passionnés qui secouent le Tibet ». C’est en ces termes qu’un article de 2013, émanant de l’office de Recherche du Bureau Environnement et Développement du Gouvernement tibétain à Dharamshala, fait le lien entre les auto-immolations et le désarroi relatif à l’environnement au Tibet. « Le mardi 20 novembre 2012, un Tibétain de 35 ans […] a gravi la colline jusqu’à l’entrée de la mine d’or de Gyagar Thang, s’est aspergé de kérosène et y a mis le feu. » Selon le Centre tibétain pour les droits de l’homme et la démocratie, basé à Dharamshala, le jeune homme entendait dénoncer les difficultés des communautés locales touchées par les opérations minières des compagnies chinoises. Comme dans beaucoup d’autres pays, la souffrance causée par la détérioration des écologies locales, et le bouleversement dans les modes de vie traditionnels conduit à des résistances et à des luttes constructives, mais aussi à des actes de contestation et de frustration extrêmes. Qui plus est, l’occupation du Tibet par la Chine depuis les années 50 a ouvert la porte à une exploitation systématique des richesses minérales du Tibet (cuivre, or, chromite, aluminium, minerai de fer, bore, plomb, zinc, lithium), mais également pétrole brut, potassium, amiante, gaz naturel et charbon. La pollution des plans d’eau, et l’impact additionnel des centrales hydroélectriques indispensables à l’approvisionnement des mines en énergie, contribuent à l’aggravation des conditions de vie. Les voies ferrées et les routes ont grandement facilité l’accès aux sites de culture locale et aux espaces naturels, et le tourisme entraîne de graves répercussions au niveau culturel et environnemental. Aussi, pour faciliter l’extraction des ressources naturelles, contrôler leurs déplacements et l’utilisation qu’ils font de ces ressources, les autorités chinoises obligent les nomades tibétains à se fixer dans des villages opportunément construits où ils perdent leurs coutumes ancestrales, et ainsi une partie de leur culture.
En décembre 2014, à Dharamshala, j’ai discuté de ces questions avec Tempa Gyaltsen Zamlha, chercheur en environnement à l’Institut politique tibétain. Voici une version abrégée de notre entretien. [Lien vers le texte intégral en PDF, et pour plus d’informations sur le conflit à la mine de Gyama, premier cas que nous couvrons au Tibet, lisez-nous sur EJatlas ]
Pourriez-vous nous présenter votre travail au Bureau Environnement et Développement, et nous décrire les défis environnementaux majeurs auxquels vous êtes actuellement confrontés au Tibet ?
Le Bureau Environnement et Développement a été mis en place sous l’égide de l’Institut Politique Tibétain. Nous suivons la situation de l’environnement au Tibet, nous effectuons des recherches sur l’impact des changements climatiques et sur les dégâts résultant de facteurs humains, puis nous essayons de diffuser des informations impartiales et fiables sur l’importance du Plateau tibétain au niveau mondial, et sur son état environnemental actuel auprès de la communauté internationale et des gouvernements. Pour les Tibétains, la question de l’environnement est l’une des tâches les plus urgentes. Sa Sainteté (le Dalaï Lama) a dit que la question politique pouvait attendre, mais pas celle de l’environnement. Dans la mesure où le plateau tibétain est très fragile, il serait difficile de restaurer son état écologique en cas de dégât majeur. En tant que Tibétains, nous avons une relation très intime à la nature car nous voyons la présence de Dieu partout, dans les montagnes comme dans les rivières, et nous essayons donc de limiter notre impact au maximum.
Les choses ont changé depuis le début de l’occupation du Tibet par la Chine dans les années 50. Il y a eu de nombreux dégâts, volontaires ou non, dans les zones du Tibet sous autorité chinoise. La Chine a déjà construit des lignes de chemin de fer, qui facilitent l’exploitation minière, la rendent meilleur marché et plus rentable. Puis, ils ont construit des centrales hydroélectriques, indispensables à l’extraction minière. Bien souvent, ceux qui investissent dans les compagnies minières sont des fonctionnaires du gouvernement central ou provincial. Donc chaque fois que les communautés locales s’opposent, on leur demande d’abord, tout simplement, de s’en aller. S’ils ne cèdent pas, les compagnies essaient de les convaincre qu’elles agissent pour le développement de la communauté. Si l’opposition persiste, elles essaient de diviser la communauté, et d’en soudoyer les membres. En dernier ressort, elles font appel aux forces de police qui répriment brutalement la résistance (gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc, ou tirs à balles réelles). Nous sommes parvenus à rassembler des preuves concernant au moins 20 mouvements de protestation d’ampleur contre l’extraction minière depuis 2009, sachant que le nombre est sans doute beaucoup plus important. Ce type d’information ne paraîtra jamais dans les médias chinois, et ainsi la population locale n’a d’autre issue que de les faire connaître au monde extérieur, en prenant des risques considérables. Il est donc fondamental pour nous d’informer le reste du monde et le gouvernement chinois. Il appartient à la communauté interantionale de réagir. Les gouvernements locaux et les compagnies minières travaillent toujours main dans la main. Ce sont des protagonistes trop importants.
Quelles sont les conséquences de l’exploitation minière sur les Tibétains vivant dans cette région? Quelles sont les politiques de relocalisation mises en œuvre?
Pour accélérer l’exploitation minière dans les régions tibétaines, il faut en évincer les populations nomades. Le gouvernement chinois a mis en place des politiques permettant de déplacer les nomades tibétains et de les concentrer dans des villages mal conçus, afin que les compagnies minières aient les mains libres pour s’approprier les immenses ressources et riches pâturages aux dépens des nomades tibétains. On peut donc affirmer qu’ils s’agit là d’un autre type de déplacement forcé, non d’un endroit précis sur lequel vous avez des droits officiels, mais de toute une région et de tout un mode de vie.
L’exploitation minière n’est pas seule en cause. Au Tibet, le tourisme se développe rapidement, mais la grande masse des visiteurs se concentre sur quelques régions et sur une saison estivale très courte. La Chine a récemment construit des routes pour permettre aux touristes de visiter les lacs sacrés et les sites naturels importants. Mesure qui affecterait à la fois les populations et le territoire. Ce type de tourisme ne crée que peu de richesses et d’emplois pour la population tibétaine locale. Au Tibet, la plupart des touristes sont chinois. Ils réservent des vacances clé en main par l’intermédiaire d’agences de voyages chinoise, qui elles-mêmes réservent des hôtels chinois pour le séjour, un chauffeur chinois pour se déplacer localement, et un guide chinois. Et ils mangent essentiellement dans des restaurants chinois.
Le travail que vous effectuez pour rendre compte des résistances socio-économiques est unique en son genre. Vous souvenez-vous d’un cas particulièrement intéressant que vous ayez rencontré, et de son issue?
Le cas le plus célèbre est probablement la fermeture d’une mine de cuivre proche de Lhassa, Gyama (en chinois Jiama) Copper Gold Polymetallic Mine
(Mine polymétallique de cuivre et d’or de Gyama), située dans une zone riche en cuivre, zinc, plomb et lithium. La mine avait été, par le passé, déclarée mine modèle par le gouvernement chinois. Quelle ironie de constater que les communautés tibétaines des alentours dénoncent, depuis plus de cinq ans maintenant, les perturbations apportées par la mine à la vie nomade dans les montagnes de cette vallée ! Elle est aussi responsable de la pollution de l’eau de la rivière. Cette mine gigantesque a notamment provoqué des glissements de terrain entraînant la mort de 80 ouvriers en 2013. Malgré l’insistance du gouvernement chinois à affirmer que les glissements de terrain étaient dus à des facteurs naturels et non à la mine, nous avons, ici, au Bureau de l’Environnement, des preuves flagrantes montrant que le glissement de terrain était bel et bien dû à une mauvaise gestion de la mine. (tibet.fr)
Pour plus de détails, histoires et anecdotes, se reporter à la version intégrale de cet entretien : http://www.ejolt.org/wordpress/wp-content/uploads/2015/09/Tibet.pdf
Pour plus d’information :
- Le conflit de la mine de Gyama, sur EJAtlas
- Bureau Environnement et Développement,
- Shielding the Mountains (Protéger les montagnes), documentaire réalisé par Kunga Lama, et produit par Emily Yeh.
- Centre tibétain pour les Droits de l’Homme et la Démocratie, « Imposing Modernity with Chinese Characteristics » (Imposer une démocratie à la chinoise), Dharamshala 2011.
- Jampel Dell’Angelo, « The sedenterization of Tibetan nomads : conservation or coercion? » (Sédentarisation des nomades tibétains : préservation ou coercition ?)p.309-332, H. Healy et al. Ecological Economics from the Ground up (L’économie écologique de A à Z), Routledge, London 2012.
- « We are here to stay » (Nous sommes là pour rester), documentaire LAMCA-EJOLT voir le documentaire
- Leah Temper, Daniela del Bene et Joan Martinez-Alier, 2015. Mapping the frontiers and front lines of global environmental justice: the EJAtlas. Journal of Political Ecology (Le tracé des frontières et des lignes de front de la justice environnementale au niveau mondial : l’EJAtlas. Jounal d’écologie politique)
15 Novembre 2015
La réunion régionale de 3 jours d’International Tibet Network a commencé
Dharamshala : La 4ème réunion régionale des associations de défense du Tibet réunie par International Tibet Network (ITN), un regroupement des soutiens au Tibet, dont France Tibet fait partie, est actuellement en train de se dérouler à la Norbu House à Mcleod Ganj.
46 délégués de 14 groupes de support au Tibet basés aux USA, Royaume-Uni, Bangladesh, Taiwan, Kenya, Malaisie, Philippines, Italie et Inde participent à la réunion, dont le but est de générer de nouvelles stratégies et de maximiser l’impact du mouvement mondial de défense du Tibet.
Sikyong Lobsang Sangay, le leader politique des Tibétains élu démocratiquement, accompagné de Kalon Dicki Chhoyang du département de l’information et des Relations internationales (DIIR) ont inauguré la réunion qui se tiendra sur 3 jours.
Prononçant le discours d’introduction, Sikyong Lobsang Sangay a souligné l’extrême gratitude du Peuple du Tibet envers les groupes de soutien du Tibet pour leur très important engagement envers la cause tibétaine. Il a également déclaré que le soutien apporté par les groupes Tibet était crucial pour faire entendre le mouvement tibétain à un niveau global.
Expliquant que les Tibétains sont stratégiquement désavantagés en terme démographique pour poser un défi au Gouvernement chinois, Sikyong identifie certains sujets de préoccupations où les efforts des groupes en soutien au Tibet sont essentiels pour consolider le support des leaders mondiaux et les groupes internationaux de droits de l’homme.
Il a souligné la situation politique des Tibétains au Tibet, les violations des droits de l’homme, la dégradation environnementale du plateau tibétain et l’annihilation de la culture et de l’héritage tibétains comme les points centraux de la répression chinoise, appelant à un effort concerté pour alléger les souffrances du peuple tibétain.
Sikyong a également souligné l’importance du rôle joué par l’Administration Centrale Tibétaine- C .T. A. comme avant-garde du mouvement tibétain. Il a reconnu que plusieurs groupes de soutien au Tibet demandent la complète indépendance contrairement à la Voie du milieu préconisée par l’ Administration tibétaine. Cependant, il a exprimé un respect similaire pour tous les groupes de soutien et a appelé à leur soutien et à leur coopération sans réserve dans les campagnes de l’Administration Centrale Tibétaine.
Mme Sharling Dhardon, co-présidente du Comité de direction de l’ITN, dans ses remarques inaugurales, a souligné les buts et objectifs de cette réunion. Elle a déclaré que ces 3 jours de réunions devaient refléter les succès et les échecs passés du mouvement tibétain et rectifier les potentielles erreurs, s’il y en a eu, pour renforcer le mouvement tibétain. Elle a également déclaré que l’unité et la coordination parmi les groupes de support était la clé pour résoudre le problème du Tibet et restaurer la liberté et la dignité du peuple tibétain.
Un rapport complet de l’ITN a également été lancé durant la session inaugurale présidé par Sikyong Lobsang Sangay.
Cette réunion de 3 jours verra des Tibétains et des soutiens du Tibet échanger des idées, présenter des campagnes performantes, apprendre auprès d’experts et développer des plans de campagne stratégiques pour les 18 prochains mois.
L’ITN a été fondé en 2000, avec pour buts spécifiques d’assurer une réelle coopération parmi les différents groupes de support au Tibet et de renforcer les capacités de leurs campagnes. L’ITN est engagé dans la non-violence en tant que principe fondamental du mouvement tibétain. France Tibet est représentant pour la France de ce réseau international. (tibet.fr)
15 Novembre 2015
Un Tibétain, journaliste et photographe, a reçu un Prix national
Dharamshala, le 5 novembre : Un Tibétain, journaliste photogrape travaillant pour The Indian Express a été annoncé parmi les lauréats du prix national de cette année pour l’excellence 2015 en journalisme.
Le Conseil de la presse de l’Inde (PCI) a annoncé mercredi la liste des gagnants qui comprenait Tashi Topgyal, un photographe tibétain, dans la « catégorie reportage photo» pour recevoir ce prix prestigieux par le Président indien Pranab Mukerjee, lors de la journée nationael de la presse, ce 16 novembre.
Tashi, dans la profession depuis neuf ans, décrit son travail comme simplement « quelque chose qui ressemble à la religion » et a réalisé de nombreux reportages photographiques qui ont reçu un bon accueil comme « Inside the Death Valley, The Kedarnath Massacre», «The Inside Story: Rat hole Coal Mining in the Jaintia Hills » et «Reporting via Panorama», parmi d’autres.
Le photographe spécial pour The Indian Express a peu de réticences à ce que son travail implique et de ce qui pourrait se produire quand les décideurs y prêtent attention. Parlant à Phayul, il déclare, « Cela vous donne un immense sentiment de joie quand votre travail peut effectivement se traduire par changer la vie des gens. J’ai couvert de nombreuses missions et j’ai rencontré de nombreuses tragédies humaines ». Sa couverture de 12 jours des inondations de 2014 au Cachemire lui a valu le Prix national.
Tashi est originaire de Sonada, Darjeeling et a étudié à l’École St. Joseph North Point. Après sa scolarité, il a rejoint l’Université musulmane d’Aligarh.
« C’est une reconnaissance pour moi et je suis aussi heureux que quiconque qui aurait reçu un tel honneur. J’espère que cela inspirera de jeunes Tibétains ainsi que des jeunes à Darjeeling » dit-il.
Son blog « The shutter speed journal » représente tout son travail et établit une manière unique de narration, où il écrit:« A la fin, tout ce qui reste ce sont des histoires ». (tibet.fr)
15 Novembre 2015
« Le Tibet transformé en base militaire »… Le huis clos se consolide.
Le Sommet pour la Cause Tibétaine, s’est tenu ce lundi 2 novembre 2015. Cet organisme, représentant les Groupes de soutien au Tibet en Inde, accuse Pékin de transformer le plateau tibétain en une « vaste zone militaire » lors de sa 5e conférence à Guwahati, dans l’ Etat indien de l’Assam.
Plus de 180 représentants de divers Groupes de soutien au Tibet à travers l’Inde ont assisté à cette réunion de deux jours organisée par le S. C. T. afin de délibérer, discuter et élaborer des stratégies sur le renforcement du mouvement tibétain.
Le Premier ministre tibétain le Docteur Lobsang Sangay, Shri. R. K Khrimey, le Docteur NK Trikha, Dicki Chhoyang, la ministre de l’information et des affaires étrangères étaient entre autres présents pour la cérémonie d’inauguration.
Exprimant des préoccupations sur le déploiement d’un grand nombre de troupes chinoises le long de la frontière indienne, le SCT a déclaré que « la Chine a transformé un état tampon, autrefois paisible entre l’Inde et la Chine en une vaste zone militaire. La militarisation du Plateau affecte profondément l’équilibre géopolitique de la région, ce qui provoque de graves tensions internationales, en particulier dans le sous-continent indien ».
Le SCT affirme aussi que les autorités chinoises ont construit 17 stations radar secrètes, 14 aérodromes militaires, huit bases de missiles avec huit missiles balistiques intercontinentaux et 20 missiles de portée intermédiaire.
Sa Sainteté le Dalaï-Lama dans un message vidéo spécialement enregistré pour cette Conférence déclarait : «L’environnement naturel fragile des hauts plateaux tibétains est également source de préoccupations pour nous tous. La façon dont les prairies et l’extraction de minéraux sont gérées affecte le mode de vie des Tibétains. La neige, les glaciers et le permafrost du plateau ont une influence sur le changement climatique comparable à celle des Pôles Nord et Sud.
En outre, plusieurs des grands fleuves d’Asie, y compris ceux qui traversent l’Inde du Nord, prennent leur source au Tibet. Ils fournissent de l’eau précieuse pour des millions d’habitants. La protection de l’écologie du Tibet est d’ordre mondial. »
Le Premier ministre tibétain Lobsang Sangay a indiqué aux participants de la réunion que la construction de barrages sur les fleuves chinois qui prennent leur source au Tibe,t comme le Brahmapoutre, aurait de graves répercussions sur les moyens de subsistance et l’écologie dans le nord de l’Inde et d’autres pays asiatiques en aval. (tibet.fr)
9 Novembre 2015
Mise à jour de la liste des prisonniers Tibétains sur la page:
http://apact.fr.gd/Prisonniers-Tib-e2-tains.htm
9 Novembre 2015
Réfugiés tibétains, la crise oubliée
23 octobre 2015
New Delhi, Inde – La colonie de réfugiés tibétains de Majnu Ka Tilla à New Delhi est un enchevêtrement d’allées étroites et de baraques en béton entassées sur une mince bande de terre entre la Route Nationale 9 et la Yamuna.
La colonie de réfugiés a été fondée dans les années soixante pour regrouper en un seul lieu les communautés de réfugiés tibétains disséminées autour de la capitale. Environ 3 000 Tibétains vivent actuellement à Majnu Ka Tilla.
Des restaurants tibétains, des petits hôtels, des échoppes qui proposent à manger, et des boutiques d’artisanat bordent les rues étroites encombrées de rickshaws, de mendiants, de chiens errants et de femmes portant des charges invraisemblables sur la tête.
C’est le chaos typique d’une rue en Inde. Mais dans cette partie de la capitale indienne, les murs sont recouverts de graffitis « Tibet libre » et d’affiches du Dalaï Lama. Un temple bouddhiste se dresse au centre de Majnu Ka Tilla, et sur sa façade est accrochée une immense affiche indiquant le nombre de jours de grève de la faim d’un trio de militants tibétains.
« Tu te promènes par ici et tu entends tellement d’histoires de gens qui ont tout abandonné pour venir en Inde, » raconte Lopsang Sherap, 35 ans, qui dirige un petit hôtel à Majnu Ka Tilla. « Ça te donne une idée de la situation au Tibet! »
Les parents de Sherap ont franchi l’Himalaya en 1959 pour fuir le Tibet –la même année où le Dalaï Lama est parti en exil. Sherap est né en Inde, mais n’a pas la citoyenneté indienne. Il n’a pas de passeport. Il est donc apatride et n’a pas le droit de retourner dans ce qu’il appelle « sa patrie ».
» Il m’est impossible de me rendre au Tibet, » explique-t-il. « Ils ne laisseraient jamais entrer un Tibétain né en Inde. Et si le Tibet était libre? Bien sûr que je rentrerais. Et mes parents aussi. »
Un génocide culturel
Dans son livre publié en 1957, « Sept ans au Tibet », l’alpiniste autrichien Heinrich Harrer raconte ses aventures dans ce qu’il appelle la « Terre interdite » –en référence à l’interdiction quasi-totale pour les visiteurs étrangers d’entrer au Tibet avant l’invasion chinoise de 1950.
« Le nombre d’étrangers que j’ai rencontrés au cours de mes cinq années à Lhassa n’a pas dépassé sept, » relate Harrer, faisant référence au temps qu’il a passé dans la capitale tibétaine.
Le Tibet n’est plus interdit d’accès aux étrangers. Selon des sources officielles chinoises, quinze millions de touristes ont visité la Région Autonome du Tibet (TAR) en 2014. Pourtant, 65 ans après l’invasion du Tibet par la Chine communiste, le pays demeure une terre interdite. Mais pour une raison totalement différente : le Tibet est devenu une prison pour les Tibétains qui y vivent.
« Les Tibétains sont bloqués en Chine, ils ne peuvent même pas quitter leurs propres villages, » nous a expliqué Karma Rinchen, Secrétaire général adjoint au Département de la sécurité auprès du Gouvernement tibétain en exil, au cours d’un entretien accordé au Daily Signal à Dharamshala, en Inde.
« Il faut au moins cinq permis à un villageois pour se rendre à Lhassa, » a ajouté Rinchen. » Le gouvernement régule complètement les déplacements des Tibétains à l’intérieur du Tibet. C’est de la folie. »
A l’intérieur des 1 227 654 km² de la TAR, les Tibétains vivent dans des conditions orwelliennes de constante surveillance de la part du gouvernement et de restriction de la liberté de mouvement. Les Tibétains sont soumis à des emprisonnements arbitraires et à la torture. La souveraineté de leur culture, de leur religion, de leur histoire et de leur langue est systématiquement et délibérément niée, victime de ce que le Dalaï Lama a qualifié de « génocide culturel » commis par le Parti Communiste chinois.
« Il se produit une sorte de génocide culturel, » a expliqué le Dalaï Lama en novembre 2011, s’exprimant à propos d’une série d’auto-immolations par des Tibétains à l’intérieur de la Chine. Et d’ajouter : « C’est la raison pour laquelle ces tristes incidents se produisent, voyez-vous, en raison d’un sentiment de désespoir face à la situation ».
Depuis 2009, 141 Tibétains se sont immolés au Tibet, dont 122 sont morts sur le coup ou peu de temps après, selon des représentants officiels à Dharamshala.
D’après un rapport sur les libertés fondamentales émanant du Centre tibétain pour les Droits de l’homme et la Démocratie au Tibet : « Les auto-immolations doivent être vues comme un indicateur de la constante détérioration des conditions de vie au Tibet : manque de liberté religieuse, prévalence de la détention arbitraire et de la torture, et inégalité d’accès au développement pour les Tibétains. »
En 2008, des manifestations contre la domination chinoise se sont propagées à travers tout le Tibet avant les Jeux Olympiques de Pékin. Les autorités chinoises, qui en font porter le blâme au Dalaï Lama, ont réagi par une répression accrue des libertés pour les Tibétains, et une plus grande surveillance de la part du gouvernement, pour éradiquer tout vestige de résistance. Si l’on en croit certains réfugiés tibétains, la police chinoise confisque maintenant au hasard les téléphones portables des Tibétains dans la capitale, Lhassa. Être pris avec une photo du Dalaï Lama ou du drapeau tibétain est suffisant pour motiver une arrestation.
« Sur 100 Tibétains qui fuient le Tibet pour venir en Inde, 99 le font pour apprendre notre culture et notre langue, » indique Sonam Tsering, 30 ans, propriétaire du Café Nechung juste à côté de la Bibliothèque tibétaine à Dharamshala. « On nous a obligé à parler chinois à l’école, et on nous a interdit d’avoir des images de Sa Sainteté dans nos maisons. La culture tibétaine se meurt au Tibet –notre philosophie, notre religion, notre langue, tout. »
Tsering a fui le Tibet à l’âge de 9 ans. Il lui a fallu 23 jours, en 1994, pour franchir l’Himalaya et arriver au Népal. Tsering est venu seul, laissant sa famille derrière lui dans l’espoir d’une vie meilleure en Inde. Âgé maintenant de 30 ans, il ne les a pas vu depuis 21 ans.
« Nous gardons toujours espoir que le Tibet sera libre un jour, » nous a-t-il confié. « Si nous, le peuple, suivons Sa Sainteté à 100 pour cent, alors nous récupèrerons le Tibet. »
Une vie partagée entre deux mondes
Le camp de réfugiés tibétains de Sonam Ling à Choglamsar est situé sur l’Indus, à quelques kilomètres à l’extérieur de la ville indienne de Leh, capitale de la région himalayenne aride du Ladakh.
On ne voit pas l’horizon ici. Seulement comme un grand stade délimité, tout autour, par les sommets arides de l’Himalaya, dont les tons de terre contrastent avec le bleu profond du ciel. A 3 500 m d’altitude, l’air, vif et frais, se raréfie. Mais le soleil, moins filtré en raison de cette raréfaction de l’atmosphère, est brûlant. On peut trembler de froid et soudain transpirer, simplement en quittant l’ombre.
Les moines bouddhistes vêtus de leurs robes bordeaux déambulent dans les rues poussiéreuses, encombrées de Royal Enfield, de vaches et de taxis collectifs. Les restaurants servent tsampa et thé au beurre. Des murs de moulins de prière bordent les routes, et les passants les font tourner en récitant le mantra « Om mani padme hum ».
Éparpillés à travers l’Inde et le Népal, les colonies de réfugiés tibétains comme Sonam Ling sont devenues de véritables capsules historiques, témoins de la culture tibétaine avant l’invasion chinoise de 1950.
« Je suis retourné deux mois au Tibet en 1991, » raconte Topgyal Tsering, 47 ans, au cours d’un entretien dans les bureaux du gouvernement tibétain en exil de Sonam Ling. Beaucoup de choses avaient changé. La culture tibétaine était en train de disparaître à toute vitesse. Il n’y avait plus de yaks, et plus de dzos labourant les champs. Les gens ne portent plus les vêtements traditionnels, et dans certains lieux, il est interdit de parler tibétain. »
Le besoin de préserver leur culture, conjugué à la certitude inébranlable que le Tibet retrouvera un jour son indépendance, a laissé la communauté des réfugiés tibétains partagés entre deux mondes. « Les Tibétains ne peuvent pas s’intégrer en Inde, sinon c’est la fin de leur culture, » conclut Tsering.
Tsering a fui le Tibet et traversé l’Himalaya jusqu’au Népal avec sa famille à l’âge de neuf ans. Il a toujours de la famille au Tibet, qu’il appelle régulièrement. « Nous ne parlons pas de politique, » a-t-il expliqué. « Ils ont peur d’aborder ces sujets au téléphone. »
Avec la Chine qui anéantit la culture tibétaine à l’intérieur même du Tibet, Tsering considère qu’il en va de la responsabilité des communautés de réfugiés de préserver la culture, la religion et la langue de leur nation en exil.
« Notre culture disparaît, et pas seulement à cause de ce que les Chinois ont fait, » explique Tsering. « Les jeunes réfugiés tibétains veulent s’occidentaliser, et c’est dur pour eux de garder le souvenir de leurs racines. Seule une communauté peut préserver une culture. »
A Majnu Ka Tilla, Sherap explique : « Je suis né en Inde, mais je suis avant tout tibétain. Pourtant, quand la génération de mes parents s’éteindra, il n’y aura plus personne pour se souvenir du Tibet d’autrefois. »
Des liens familiaux
L’intérieur de presque tous les magasins, hôtels et restaurants de Majnu Ka Tilla renferme un autel dédié au Dalaï Lama, autel habituellement drapé de Katas et devant lequel on a déposé des offrandes de nourriture. Les autels dédiés au Dalaï Lama, omniprésents dans les colonies de réfugiés tibétains en Inde et au Népal, sont illégaux au Tibet. Un fait souvent dénoncé par les réfugiés tibétains quand ils racontent l’oppression qui les a poussés hors de leur patrie.
Tsundue (qui nous a demandé de ne pas mentionner son deuxième nom pour ne pas risquer de mettre sa famille au Tibet en danger) a installé un autel voué au Dalaï Lama à la caisse du magasin d’artisanat tibétain qu’il tient à Majnu Ka Tilla. Depuis les soulèvements de 2008, il est trop dangereux pour Tsundue de parler directement à sa mère qui vit au Tibet, alors il lui fait passer des messages par l’intermédiaire de son frère, moine dans la province du Kham à l’est du Tibet. Il n’est cependant jamais fait mention du Dalaï Lama, sachant que ces deux mots attireraient l’attention des autorités chinoises, déjà vraisemblablement en train d’espionner leur conversation. « Ma mère leur a dit (aux Chinois) que j’étais mort, donc le problème est réglé, » a expliqué Tsundue. « Mais il faut qu’on soit prudent. »
Tsundue avait 10 ans quand il s’est enfui du Tibet avec son oncle. Ils ont traversé l’Himalaya avec un groupe de 30 personnes, dont deux enfants, avant d’entrer au Népal, près de l’Everest.
« Je n’avais que dix ans, mais je me souviens avoir eu très peur, » nous raconte Tsundue, âgé maintenant de 25 ans, dans son magasin de Majnu Ka Tilla.
Très occidental dans sa façon de parler et de s’habiller, en jeans et T-shirt, arborant une petite moustache et une coupe de cheveu tendance –longue sur le dessus, et rasée sur les côtés, il est très souriant et parle un anglais impeccable.
« Nous avons franchi l’Himalaya en hiver, » poursuit-il. Nous avons dû voyager de nuit parce qu’il y avait des soldats chinois partout et qu’ils nous auraient tirés dessus s’ils nous avaient surpris. Mon oncle me tenait par la main pendant que nous marchions. J’étais quasiment endormi et j’étais gelé, alors il a fallu qu’il me traîne. »
Au début de leur périple, après avoir passé quatre jours cachés à l’arrière d’un camion, le groupe a dû traverser une rivière gelée. Il nous raconte que les réfugiés l’ont fait avec de précaution, leur chargement (c’est-à-dire un unique sac à dos bourré à craquer de toutes leurs possessions) arrimé sur la tête. Arrivé à quelques mètres de l’autre rive, Tsundue est passé à travers la glace. Son oncle l’a attrapé et l’a tiré d’un coup sec pour l’empêcher de glisser sous la couche de glace.
« Après ça, j’avais les jambes mouillées, et mon pantalon est devenu dur comme du bois au fur et à mesure de notre marche, » se rappelle Tsundue. « Ça craignait. »
Tsundue et son oncle n’avaient pas les moyens de s’acheter des lunettes de soleil pour se protéger contre la cécité des neiges, source d’inquiétude constante due à la réflexion aveuglante du soleil de haute altitude sur la couverture neigeuse hivernale. A la place, ils ont coupé des bandes dans des sacs poubelles noirs et ils les ont nouées autour de leur tête. « On a rencontré des marchands qui nous ont proposé des lunettes de soleil, » raconte Tsundue. « Mais ils en voulaient 700 roupies. Beaucoup trop cher. »
Tsundue et son groupe ont emprunté un chemin qui les a conduits jusqu’au Népal à travers l’Himalaya. Sans vêtements chauds ni équipement d’alpinisme, ni même suffisamment de nourriture, ils ont traversé quelques uns des glaciers et des montagnes dont Sir Edmund Hillary raconte l’exploration dans son livre publié en 1955, « L’Aventure est sur les Cimes » (High Adventure).
« Nous étions là, sidérés devant la vue qui s’offrait à nous, » écrit Hillary décrivant la région. « C’était bien pire que ce à quoi je m’attendais. Devant nous, une cascade de glace se déversait pour aller se fracasser des centaines de mètre plus bas dans un indicible chaos de glace brisée. Un éperon rocheux scindait la cascade en deux, et la glace s’y brisait en éclats comme la vague de proue d’un destroyer. »
Les unités de gardes-frontières chinois et népalais patrouillent désormais la même frontière, dans l’Himalaya, que celle explorée par Hillary. Pour les réfugiés tibétains qui tentent de passer à travers la souricière, le but, c’est le centre d’accueil des réfugiés dirigé par les Nations-Unies à Katmandou, promesse de liberté et marchepied vers les communautés de réfugiés en Inde. Mais arriver jusqu’à Katmandou ne suffit pas. Les réfugiés savent qu’ils ne sont pas en sécurité tant qu’ils n’ont pas franchi la porte du centre d’accueil.
« Nous avons dû porter des vêtements népalais et faire semblant d’être du Népal, » nous explique Tsundue. « Mais seuls quatre d’entre nous ont échappé à la prison à notre arrivée. »
Tsundue raconte que ses parents l’ont envoyé au Tibet pour échapper à l’influence corruptrice de la culture de la Chine communiste. Il explique que Lhassa, autrefois lieu de résidence du Dalaï Lama, grouille de bordels et que l’alcool bon marché y coule à flots. « Les Chinois veulent détruire les Tibétains en tant que race, » selon lui. « Les mères s’inquiètent, vous savez, et donc ma mère voulait que je quitte le Tibet. Elle a demandé à mon oncle de m’en faire sortir. »
Mis à part son oncle, qui est maintenant moine et qui vit au Népal, toute la famille de Tsundue est encore au Tibet. Il n’a vu aucun d’entre eux en 15 ans. Quand la police chinoise a commencé à lui poser des questions sur l’endroit où se trouvait son fils, la mère de Tsundue a répondu qu’il était mort.
« Après mon arrivée en Inde, j’ai été sept ans sans pouvoir parler à ma mère, » poursuit Tsundue. « Au bout de tout ce temps, elle m’a envoyé une lettre avec une photo d’elle. Je ne l’ai pas reconnue. J’avais oublié à quoi elle ressemblait. »
En plus de son frère, Tsundue a une sœur de quinze ans qu’il n’a jamais vue. Sa mère était enceinte d’elle quand il a quitté le Tibet en 2000.
« Je suis tout seul. Je n’ai pas de famille ici. La vie est très dure. »
Quand Tsundue a finalement pu commencer à téléphoner chez lui, il a remarqué que son père n’était jamais disponible pour lui parler. A chaque fois qu’il appelait, sa mère lui disait que son père était parti en voyage ou bien qu’il était au monastère. « Au bout de quelque temps, j’ai eu des doutes, » se souvient Tsundue. « Quand elle a fini par me dire qu’il était mort, je lui ai dit : ‘Maman, je savais depuis longtemps qu’il était arrivé quelque chose à papa.’ Je crois qu’elle essayait de me protéger. »
Tsundue a récemment regardé, chez un ami, une copie piratée du film de 2014, « Invincible ». Le film raconte l’histoire du coureur olympique Louis Zamperini, qui a survécu à un accident d’avion dans le Pacifique pendant la deuxième guerre mondiale, et a passé plus de deux années dans un camp de prisonniers de guerre japonais. L’histoire fait écho chez le réfugié tibétain de 25 ans.
« Je crois toujours en un Tibet libre, » explique Tsundue. « Je continue à croire qu’un jour, je rentrerai chez moi et que je reverrai ma famille. »
Déchirure
La situation des droits de l’homme dans la TAR s’est constamment dégradée depuis 2008, mais c’est un fardeau inégalement réparti. Les Chinois Han de la TAR ne sont pas soumis à la même surveillance et aux mêmes restrictions de déplacement de la part du gouvernement que les Tibétains, source d’un véritable apartheid à l’intérieur même du Tibet.
L’obligation pour les Tibétains d’obtenir cinq permis de circuler pour se déplacer à l’intérieur de la TAR, par exemple, ne s’applique pas aux Chinois Han, selon des représentants du gouvernement à Dharamshala.
« Il y a des tensions certaines entre les Chinois Han et les Tibétains au sein de la TAR, » pour Sherab Woeser, membre invité du groupe de réflexion de l’Institut politique tibétain basé à Dharamshala. « Ils vivent dans des communautés différentes au sein de la même ville. Ils forment deux entités distinctes. »
Les mouvements de protestation de 2008 ont mis en évidence les tensions ethniques latentes à l’intérieur du Tibet. Les manifestants ont pris pour cible des magasins tenus par des Chinois à Lhassa, et, selon des rapports de presse occidentaux et chinois, les émeutiers s’en sont aussi pris à des civils chinois han.
Et Woeser de préciser : « Les Tibétains ont été complètement marginalisés en tant que peuple au sein de la Chine. Et ils commencent à exprimer leur ressentiment. »
Des moines surpris avec des portraits du Dalaï Lama ou des drapeaux tibétains sont forcés de subir une « éducation patriotique », ou bien ils sont arrêtés et torturés. En 1994, la Chine a interdit les photos du Dalaï Lama dans les monastères tibétains. Désormais cette interdiction s’étend à tous les foyers tibétains et s’applique mêmes aux téléphones portables. Être catalogué comme « sécessionniste » est un motif d’emprisonnement. Parfois, ceux qui sont arrêtés disparaissent pendant des années sans explication. Il est arrivé que des détenus meurent quelques jours après leur libération en raison des blessures infligées sous la torture.
Pour Woeser : « La solution finale au problème de la Chine avec le Tibet, c’est d’éradiquer sa culture et sa religion. »
Outre la répression gouvernementale délibérée, certains affirment que les mesures inégalitaires croissantes alimentent les tensions ethniques. D’après les données des recensements chinois, les Tibétains de la TAR ont une moins bonne éducation, vivent moins longtemps, et gagnent moins d’argent que ceux d’autres régions de Chine.
Sur les trente dernières années, la TAR a montré la plus faible espérance de vie de toutes les régions chinoises de Chine -66,33 ans en 2010.
La TAR compte aussi le plus fort taux de mortalité infantile de toutes les régions de Chine. Environ un quart (23,5 pour cent) des bébés de la TAR meurent entre six mois de grossesse et une semaine après la naissance. Cela représente trois fois la moyenne chinoise, qui est de 8,6 pour cent.
Le taux d’illettrisme est également le plus élevé de Chine. Ce taux a diminué de manière significative depuis 1990, mais à 24,4 pour cent en 2010, c’est six fois la moyenne nationale chinoise, qui est de 4 pour cent.
« Nombre de parents envoie leurs enfants ici parce qu’ils savent que leur vie sera meilleure s’ils quittent le Tibet, » rapporte Tsering au cours de notre conversation dans le café qu’il tient à Dharamshala.
Pas de fuite possible
Fuir le Tibet a toujours été périlleux. Le Dalaï Lama a eu recours à une escorte armée composée de combattants tibétains appartenant au mouvement Chushi Gangdruk pour le protéger lors de sa fuite en 1959. Quarante sept ans plus tard, en septembre 2006, la police des frontières chinoise a abattu une nonne tibétaine de 17 ans, Kelsang Namtso, alors qu’elle franchissait le col de Nangpa avec un groupe de Tibétains pour se rendre au Népal. Elle se trouvait à seulement 20 minutes de la frontière népalaise. Un alpiniste roumain qui participait à une expédition sur le Cho Oyu, sommet à proximité, a filmé les coups de feu.
Depuis 2008, il est encore plus difficile pour les Tibétains de s’enfuir en raison d’un durcissement de la sécurité chinoise aux frontières, et d’un renforcement de l’assistance et de la formation apportées par la Chine aux patrouilles frontalières népalaises –le passage par l’Himalaya est la principale porte d’entrée au Népal pour les réfugiés tibétains.
« Désormais, il n’existe aucun moyen de sortir. Ils ne tolèrent absolument aucun franchissement de la frontière par les Tibétains, » selon Rinchen. « Et ce n’est pas seulement une histoire de fermer la frontière, la Chine reprend aussi les passeports des Tibétains. »
Selon les représentants du gouvernement tibétain en exil, le nombre de réfugiés est passé d’environ 2 000 ou 3 0000 avant 2008, à environ 300 ou 400.
» La frontière entre l’Inde et la Chine est pratiquement hermétique, » nous explique Rinchen. « Il est quasiment impossible de sortir. La Chine dépense des sommes considérables pour garder cette frontière et empêcher les Tibétains de s’enfuir. Le constat est éloquent. On ne risque pas sa vie pour fuir un pays où l’on est heureux et où la vie est belle. »
Rinchen est le numéro deux du Département de la sécurité au gouvernement tibétain en exil. Le Département assume tout un ensemble de responsabilités. Pour le gouvernement tibétain en exil, c’est comme un mélange entre la CIA, les Services secrets et le FBI. Une centaine de collaborateurs et agents travaillant pour le Département prêtent main forte au gouvernement indien pour assurer la sécurité du Dalaï Lama. Ils font aussi la chasse aux espions chinois à Dharamshala, ils protègent les ordinateurs contre les fréquentes cyber attaques chinoises, et ils font le bilan des conditions de vie au Tibet auprès des nouveaux réfugiés.
Rinchen raconte que les débriefings de réfugiés par le Département de la sécurité signalent des violations généralisées des Droits de l’homme au Tibet, ainsi qu’un ressentiment latent contre l’autorité chinoise qui ne s’est pas démenti en 65 ans.
Rinchen a également reconnu qu’en raison du contrôle étroit exercé par la Chine sur les informations en provenance du Tibet, discuter avec des réfugiés est encore le meilleur moyen de connaître les réalités du terrain. Il a toutefois admis que l’essor des média sociaux avait contribué à mettre davantage en lumière les violations des libertés fondamentales, et aussi le travail de certains bloggeurs tibétains qui prennent des risques énormes pour relayer l’information.
« Il est toujours très difficile d’obtenir des informations, » explique Rinchen. « C’est compliqué et nous n’avons pas beaucoup de moyens. En plus, nous n’encourageons pas nos sources au Tibet à prendre des risques. »
Rinchen nous a indiqué que les renseignements collectés par le Département de la sécurité étaient utilisés pour informer les législateurs du gouvernement tibétain en exil, et pour produire des rapports à l’attention des gouvernements étrangers et des organismes internationaux.
« Il ne s’agit pas de renseignements militaires. Il s’agit de réunir des informations sur les atteintes aux libertés individuelles. »
Désintoxiquer l’esprit
« Quand on est arrivé en Inde, » raconte Choegyal Phuntsok, « j’ai compris pourquoi on était partis. »
Phuntsok, 25 ans, tient une boutique d’artisanat sur Temple Road, à Dharamshala. Il y vend des malas en os de yak, et des bracelets brodés « Tibet libre ».
Il avait dix ans, en 2005, quand il a fui le Tibet pour se rendre au Népal, en passant par l’Himalaya, parmi un groupe de 23 personnes dont sa mère, son père, son frère de 4 ans et sa sœur de trois ans.
Tandis qu’il raconte sa fuite du Tibet, il évoque les mêmes détails poignants que de nombreux autres réfugiés. Son groupe ne voyageait que de nuit, par crainte des patrouilles de soldats chinois le long de la frontière.
« Si les Chinois nous avaient attrapés, ils nous auraient tués, » explique-t-il avec un rire désinvolte. « Pendant la journée, on se cachait dans des grottes. Pendant tout un mois, on ne s’est déplacé que la nuit. »
Chaque jour, pendant que les autres dormaient, un homme du groupe, revêtu d’une tenue de camouflage pour se fondre avec la montagne, se portait volontaire pour aller en éclaireur repérer l’itinéraire de la nuit. Six hommes, dont son père, se relayaient pour effectuer les missions de reconnaissance.
Phuntsok raconte que le chemin à travers l’Himalaya est extrêmement dangereux. Son groupe a souffert du froid extrême, des conséquences physiologiques de la haute altitude, et des dangers des glaciers et des montagnes abruptes. Et également des soldats chinois et népalais armés qui patrouillaient le secteur.
« Nous avons vu plusieurs cadavres en chemin, » se souvient Phuntsok.
Ses parents avaient pris la décision de faire ce dangereux voyage avec leurs enfants afin qu’ils puissent bénéficier d’une éducation exempte du « lavage de cerveau » de la Chine communiste.
Au Tibet, les Chinois éradiquent systématiquement tous les vestiges de la culture tibétaine traditionnelle et de la langue, selon Phuntsok. Dans les écoles chinoises, on fait cours aux élèves tibétains en mandarin, même si ce n’est pas leur langue maternelle. Et les enseignants véhiculent une version biaisée de l’histoire en affirmant que le Tibet n’a jamais été un pays indépendant et que l’invasion chinoise de 1950 a, en fait, « libéré » le Tibet des impérialistes occidentaux.
(Comme Harrer l’écrit dans « Sept ans au Tibet », il y avait environ une demi-douzaine d’étranger au Tibet à l’époque de sa « libération » par la Chine)
Phuntsok a comparé les premières années de sa vie à Dharamshala, en Inde, parmi les réfugiés tibétains, à une cure de « désintoxication » mentale de la propagande communiste chinoise.
« Les Tibétains savent que, s’ils viennent en Inde, ils pourront recevoir une éducation et apprendre la culture tibétaine, » explique Phuntsok. « Au Tibet, nous n’avions pas le droit d’apprendre à connaître notre culture ni de parler tibétain. Nous n’avions même pas le droit d’avoir une photo du Dalaï Lama chez nous. Être Tibétain, c’est un crime en Chine. »
Et il ajoute : « Maintenant, quand je me rends compte de ce qui est arrivé à mon pays, ça me met en colère. »
Bien qu’ayant grandi et ayant reçu une éducation en Inde, le réfugié de 25 ans y voit sa vie comme transitoire et impermanente. Si le Tibet redevenait libre, il n’hésiterait pas un seul instant à repartir.
« Je garde espoir que ma vie, ma carrière, et un jour quand je fonderai une famille –tout cela se fera au Tibet. Je crois qu’un jour nous, Tibétains, regagnerons notre liberté et que nous reverrons le Tibet. » (tibet.fr)
Nolan Peterson
7 Novembre 2015
6 Novembre 2015
Dernière minute à NEW DELHI : Le quartier tibétain bouclé par la police
Ce matin du 6 novembre 2015, la Police de Delhi vient de boucler le quartier tibétain connu sous le nom de Tibetan Colony à Majnu Ka Tilla,
en raison de la visite de personnalités chinoises dans la capitale indienne, programmée ce jour.
6 Novembre 2015
La Chine effraie Séoul en refusant le visa aux Tibétains pour la conférence de la démocratie
(TibetanReview.net, Nov 02, 2015) – Cinq Tibétains en Inde invités à assister à une conférence internationale en Corée du Sud sur la démocratie ont été refusés d’obtention de visas, puisque le Premier ministre chinois Li Keqiang arrivait pour un Sommet de l’Asie de l’est le même jour, à savoir le 1er novembre. Cependant, trois Tibétains ou des militants liés au Tibet provenant d’autres pays également invités à la Huitième Assemblée mondiale du mouvement mondial pour la démocratie commençant le 1 novembre y ont pris part.
Il était difficile de savoir si la Corée du Sud a donné des raisons pour refuser les visas. Toutefois, lorsqu’elle a été contactée par les organisateurs sur la question, Séoul a clairement fait savoir que sa décision était définitive et ne pourrait être réexaminée, ce qui sous-entend évidemment la contrainte politique.
Les personnes invitées par les organisateurs de la conférence à Séoul, mais dont le visa a été refusé sont des tibétains du parlement en exil, la membre du parlement Mme Dhardon Sharling, le porte-parole du parlement M. Penpa Tsering, le représentant du Dalaï Lama basé à New Delhi M. Tempa Tsering, le chef du centre tibétain pour les droits de l’homme et la démocratie Mme Tsering Tsomo, et M. Tenzin Jigdrel du Réseau International du Tibet.
Cependant, Mme Migmar Dolma venant de Suisse, le représentant du Dalaï Lama de Washington M. Kaydor Aukatsang, et le président de Campagne internationale pour le Tibet M.Matteo Mecacci ont participé à la conférence. Le thème de la conférence est « responsabiliser la société civile pour la démocratie et son renouvellement ».
Plus de 450 militants de la démocratie, des praticiens, des intellectuels et des donateurs de plus de 100 pays participent à la conférence de quatre jours. Ils sont là pour aborder des questions telles que les moyens d’éviter que la transition vers la démocratie échoue, obtenir que la démocratie déjà établie se réengage à soutenir la démocratie, ainsi qu’aider et protéger les nouvelles démocraties d’un retour en arrière. (tibet.fr)
6 Novembre 2015
DRIRU ( TIBET) : Une nonnerie objet de destructions et 106 nonnes expulsées…
La Nonnerie de Jada à Driru, réputée et souvent citée pour des manifestations, vient d’être l’objet d’une action policière : 106 nonnes ont été expulsées et leurs logements détruits, selon une nonne exilée, originaire de cette localité.
Les habitants familiers de cette région précisent que cette Nonnerie de Jada, dans la Préfecture de Nagchu, dans la Région Autonome du Tibet accueille des nonnes originaires soit de la région, soit d’autres régions du Tibet.
Le Centre Tibétain pour les Droits de l’Homme (TCHR), basé à Dharamsala en Inde du Nord, rapporte que les autorités chinoises ont souvent lancé des mesures de répression dans la région et qu’un certain nombre de nonnes ont déjà été expulsées le mois dernier.
Selon Ngawang Tharpa, réfugié en Inde, en novembre de l’année passée, 26 nonnes avaient également été expulsées du même monastère.
C’est cependant la première fois que les autorités détruisent les habitations, sous la fausse promesse d’une rénovation de l’ensemble d’habitations.
Il ne réside plus que 60 nonnes en résidence suite à ces mesures répressives d’expulsion. (tibet.fr)
1er Novembre 2015