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Shakyamuni, "Shakyathouppa" Sagesse des Shakya
Jaune: renoncement, richesse des qualités éveillées, transformation de l'orgueil en sagesse
Buddha………. et Buddhas. Shakyamuni, Buddha Historique.
Budha, un seul terme pour de multiples réalités. Au regard de l’Occidental, bien souvent il n’existe qu’un Bouddha, « Le » Buddha, dont il sait qu’il vécut au sixième siècle avant le Christ Jésus, et qu’il délivra un enseignement; parfois connait il aussi son nom, Sidharta Gautama, ou Shakyamuni. Un Être ancré dans le monde, l'espace et l’histoire… Or les enseignements portés par le Mahayana Tibétain ou "Vajrayana", "la Voie du Diamant", font état des bouddhas, et plus encore « de l’état de bouddha », qualificatif sanscrit beaucoup plus large signifiant « éveillé ». Les tibétains ont eux même rendu le terme bouddha par « sang-gyé », ce qui se traduit « purifié-épanoui ». Purification de l’ignorance, dissolution des voiles qui obscurcissent l’esprit, épanouissement de qualités infinies telles qu’amour et compassion.
Selon différentes traditions, six, vingt quatre, ou trois Buddhas auraient précédé Sidharta Gautama, qui est essentiellement considéré comme le quatrième Buddha Historique. Cette qualification d’ « historique » s’inscrit toutefois difficilement pour les trois premiers dans nos référentiels spatio-temporels, chacun d’entre eux ayant connu une longévité de mille ans voire plusieurs milliers d'années, et étant séparés les uns des autres par des périodes extrêmement longues… tandis que depuis des temps sans commencement, les univers en nombre infini sont apparus et ont disparu… échappant ainsi à l'histoire telle que nous la connaissons.
L'habit de Shakyamuni fait de nombreuses pièces cousues et le bol de mendiant expriment la pauvreté monastique choisie.
Sa posture est l'Asana du Diamant.
Sa main gauche effectue le Moudra de la méditation, la droite la terre prise à témoin, rappelant un épisode de sa vie, précédant son Eveil sous l'Arbre de la Bodhi à Bodhgaya.
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Maitreya, "Jampa"
Rouge: force vitale, rayonnement de l'amour et de la compassion, désir transformé en sagesse.
Dans la cosmologie tibétaine, les univers apparaissent, se maintiennent, se consument et laissent la place au vide, avant qu’un autre univers ne lui succède. En durée et en nombre, ces cycles dénommés « Kalpas » sont infinis, et ne peuvent se situer dans l’histoire au sens ordinaire.
Lorsque, au cours d’une période de maintien de l’univers un Bouddha se manifeste et délivre un enseignement, le Kalpa est « lunineux ». Pour les tibétains c’est le cas du temps présent, marqué par la vie du Buddha Shakyamuni.
Maitreya (« Jampa » en tibétain) succédera à Shakyamuni, et sera le cinquième des mille Bouddhas devant apparaître durant ce Kalpa. L’apparition d’un nouveau Bouddha signifie que l’enseignement de son prédécesseur a complètement disparu, conduisant à la révélation d’une nouvelle doctrine, ou au renouvellement de la doctrine….
De nombreux Kalpas avant l’actuel, Maitreya était. Moine, son engagement dans un chemin spirituel de libération lui valut d’être considéré comme un « Bodhisattva » et son profond souci du bien des autres fit qu’on lui donna son nom, qui signifie « Celui qui aime ». Il atteint l’Eveil, puis il honore et sert Shakyamuni lorsque ce dernier régnait sur le Ciel de Tushita ("Ganden" en tibétain) avant de se manifester sur terre. Maitreya succède donc à Shakyamuni sur le trône céleste de Tushita, dans l’attente de sa manifestation en tant que cinquième Bouddha. Shakyamuni était de caste royale, Maitreya sera de caste sacerdotale.
Dans les représentations, la particularité exclusive de Maitreya est sa posture, assis à l’européenne, « Bhadrasana », ou « Posture de la bonté ». Elle rappelle sa fonction royale, sur le trône de Tushita, et suggère qu’il est prêt à descendre sur terre pour y secourir les êtres en les conduisant sur le chemin de la libération.
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Vajrasattva, "Dorjé Sempa"
Blanc: pureté, connaissance, colère transformée en sagesse, la sagesse semblable au miroir parfaitement poli, reflètant toutes choses telles qu'elles sont.
Présente au Tibet, la notion de « Buddha Primordial » n’en fait pas le créateur de toute chose, c’est dans « l’état de Buddha » qu’elle se place. Le Mahayana en rend compte en faisant état de trois corps, modalités de l’Eveil plutôt qu’états physiques:
Le « Corps Absolu » : non créé, dépasse tout concept et toute manifestation, c’est la nature ultime de l’esprit Eveillé.
Le « Corps de Gloire » : manifestation de l’Eveil perçue par les êtres de grande spiritualité, les Bodhisattvas sur le chemin de la libération.
Le « Corps d’Emanation » : manifestation sous forme visible, tangible, c’est un état perceptible par les êtres ordinaires: pour exemple, le Buddha Shakyamuni en habit de moine, avec sa protubérance crânienne et ses lobes d’oreilles allongés.
Parler de « Buddhas Primordiaux » semble relever de la contradiction. Au même titre que représenter le « non manifesté », ce qui est au delà des concepts…. Or, l’homme ayant besoin d’images à la portée de son intellect limité, les « Buddhas Primordiaux » peuvent être décrits comme des « tentatives » de représentations…….
Vajrasattva serait un aspect de Vajradhara, Buddha Primordial
Son nom signifie « Héros de Diamant ». De couleur blanche, il est représenté sous la forme du Corps de Gloire, paré d’un diadème, et de boucles d’oreilles, collier, sautoir et bracelets. Dans sa main droite, au niveau du coeur, un Vajra (Dorjé en tibétain), et dans la gauche, une cloche, l'ensemble représentant l’union des moyens (permettant d’atteindre l’Eveil) et de la connaissance de l’état de vacuité.
Vajrasattva a une fonction de purification. Il élimine les voiles de l’esprit que sont ignorance, perturbations intérieures, et certains traits du karma.
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Akshobia, "Mikyeupa"
Bleu: pure tranquillité, guérison, dissolution de l'ignorance dans la sagesse.
Vairochana, Akshobia, Ratnasambhava, Amitabha et Amoghasiddhi sont appelés Bouddhas Patriarches, Dhyani Buddhas, ou encore « Les Cinq Vainqueurs », Vainqueur étant un titre quasiment synonyme de Buddha. Ceux ci ont une place symbolique au coeur du Vajrayana.
Avec pour Souverain le Buddha Primordial Vajradhara (ou son autre représentation Vajrasattva), ils président cinq familles, au sein desquelles se trouvent tous les Bouddhas (sauf les Primordiaux), les Bodhisattvas et les Divinités qui sont à différents degrés leurs émanations. Ces cinq familles représentent différentes facettes de l’Eveil. Cinq facettes, comme
- le monde est constitué de cinq éléments.
- l’individualité s’associe aux formes, sensations, perceptions, actes de volonté, consciences.
- les perturbations de l’esprit sont les cinq poisons, que peuvent vaincre les cinq sagesses.
Ils sont généralement représentés en Corps de Gloire ou en Corps d’Emanation.
Akshobia « Mikyeupa » en tibétain, est « l’inébranlable ».Sa famille est symbolisée par un Vajra (Dorjé), qu’Il tient dans la main gauche. De la main droite Il effectue le moudra de la terre prise à témoin. De couleur bleue, celle du Béryl, le point cardinal Lui correspondant est l’Est. L’animal qu’on Lui associe est l’éléphant, et l’élément: la Terre. Le poison: la colère.
Le Bodhisattva qui Lui est lié est Vajrapani, celui qui tient en main le Vajra, "Dorjé" « Foudre-Diamant », témoignant de la puissance de tous les Bouddhas.
Enfin il règne sur un « Champ Pur », autrement dit un « Paradis », le champ pur d’Abhirati (en tibétain Ngoeunpar Gawa, Joie Véritable). Représenté en Corps d’Emanation, Il apparaît dans une manifestation terrestre semblable à Shakyamuni.
Au niveau de la pureté de l’Eveil, Akshobia « Mikyeupa » représente ce qui apparaît pour les êtres ordinaires comme les « consciences », c’est à dire les facultés de la connaissance liées aux sens: conscience visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile, et la conscience mentale.
Il est aussi l’expression de la sagesse « semblable au miroir », soit la dimension d’universalité de l’esprit éveillé: un miroir parfaitement poli reflète toutes choses de la même manière. Cette sagesse se révèle lorsque l’Esprit est totalement libéré du poison qu’est la colère.
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Amitabha, "Eupamé"
Amitabha, « Eupamé » en tibétain, est avec Vairochana, Akshobia, Ratnasambhava et Amoghasiddhi, l’un des « Cinq Vainqueurs », les Bouddhas Patriarches ou Dhyani Buddhas. La famille d’Amitabha est appelée « Padma » (Lotus), symbole de pureté. Symbolisée par cette fleur, cette famille désigne une des cinq facettes de l’Eveil. Amitabha est la « Lumière Infinie ».
Il tient dans ses mains un bol de mendicité, tout en accomplissant le moudra de la méditation. L’animal qu’on Lui associe est le paon; l’élément, le feu; le poison, le désir. Le Bodhisattva qui Lui est lié est Padmapani, « Celui qui tient en main le Lotus ».
Enfin Il règne sur un « Champ Pur », autrement dit un paradis, le Champ pur de Sukhavati (Paradis de Béatitude).
Amitabha représente ce qui apparaît pour les êtres ordinaires, comme les « perceptions », c’est à dire la faculté de reconnaissance des objets avec lesquels nous entrons en contact. Il est aussi l’expression de la sagesse de la distinction, laquelle témoigne d’un esprit totalement libéré du désir. A la place de celui-ci, Amitabha porte l’amour inconditionnel, libre.
Représenté en Corps d’Emanation, c’est à dire de manifestation terrestre semblable à Shakyamuni, sa couleur rouge est celle du soleil couchant: couleur de la compassion, de la puissance émotionnelle et de l’amour bienveillant. Ceci traduit sa faculté d’attirer les êtres par le charisme de l’amour. Le lotus, symbole de la famille d’Amitabha rappelle la pureté de cet amour, pour le bien des autres, sans attachement, de même qu’un lotus pousse dans la vase sans en être souillé.
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Amitayus, "Tsépamé"
Amitayus, « Tsépamé » en tibétain est un aspect d’Amitabha, lié à a longévité.
Représenté en Corps de Gloire avec diadème et bijoux, dans la posture du Diamant, ses mains effectuent le moudra de la méditation, tout en tenant, non pas un bol de mendicité comme Amitabha, mais un vase, le « Vase de Vie » qui contient l’ambroisie, la liqueur d’immortalité.
Au dessus du vase, un arbre, l’« Arbre qui exauce les souhaits ».
Dans les rituels et initiations d’Amitayus, les tibétains reçoivent des Lamas quelques gouttes de liqueur d'immortalité, le souhait qu’ils font d’une longue vie étant de disposer de temps pour pratiquer le Dharma. Ainsi, davantage avancer sur leur chemin spirituel tant que les conditions de vie leur sont favorables, disposant d’un enseignement et de la présence de maîtres.
Amitayus est souvent associé et représenté avec Tara Blanche et Ushnishavijaya, avec lesquelles il constitue le groupe des trois divinités de longue vie.
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Baishajyaguru, "Sangyé Mènla"
Il révèle l’art médical. Il soulage les malades qui s’adressent à lui: Bhaishajyaguru, "Sangyé Mènla", le Bouddha Médecin ou Bouddha de Médecine. Sa médecine a une dimension divine: deux émanations de lui même,
« Sagesse de la Science », issue de son coeur, prend place dans l’espace, et « Né de l’Esprit », issue de la gorge, s’assoit sur le sol, un genou en terre, mains jointes. Les réponses de « Sagesse de la Science » aux questions de « Né de l’Esprit », constituent les « Quatre Tantras de Médecine », qui se comparent respectivement:
A une graine, contenant potentiellement tous les éléments de la médecine,
Au soleil, ne laissant dans l’ombre rien qui puisse être utile: anatomie et diagnostic,
Un joyau qui exauce les souhaits, remèdes couvrant tous les besoins du praticien,
Un diamant, qui parachève la maîtrise de la médecine.
La médecine traditionnelle exposée dans ces Tantras se divise en huit branches: pathologie générale, pédiatrie, gynécologie, science des esprits malins, toxicologie, science des blessures, gériatrie et traitement de certains états d’anémie. Les maladies sont réparties en quatre groupes,
101 qui guérissent d’elles mêmes ou ne nécessitent qu’un traitement simple,
101 dues aux esprits malins, traitées par des remèdes médicaux spécifiques et des rituels,
101 maladies graves, fatales si elles ne sont pas traitées correctement,
101 pour lesquelles aucun traitement n’est efficace: dues à un karma arrivant à pleine maturité.
Le Bouddha de Médecine est bleu comme le Béryl aigue-marine (ou pour certains le Lapis Lazuli). Couleur de la pure tranquillité, de guérison, et dissolution de l'ignorance dans la sagesse.
Dans sa main gauche, un bol rempli de substances médicinales. Dans la main droite, une tige d’Aruba (Terminalia chebula), considérée comme la reine des plantes médicinales.
Les tibétains voient les maladies s’exprimer au travers du corps mais perçoivent qu’elles sont liées à des facteurs profonds, dérèglements dus à l’ignorance fondamentale, désirs, colère, et le karma. Ils associent souvent thérapie physique et récitation de mantras et prières adressées au Bouddha de Médecine.
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Avalokita Padmapani, "Chènrézi Pémaicha"
Avalokita ou Avalokiteshvara « Seigneur du monde, qui veille plus particulièrement sur notre Terre », est le Bodhisattva incarnant la compassion de tous les Bouddhas.
Alors qu’aucun Bouddha n’avait posé le pied au Tibet, et souhaitant que les êtres y vivant puissent être conduits vers la libération, Shakyamuni avait prédit que le Bodhisattva de la compassion leur viendrait en aide. Ce lien a fait d'Avalokita, connu sous le nom de Chènrézi « Chèn - Ré - Zi, Celui qui regarde continuellement avec les yeux (de la Compassion) », la divinité tutélaire du Haut Pays des Neiges. Avec Tara, les tibétains l'ont placé au plus haut niveau de popularité.
Dans le Mantra d’Avalokita « Om Mani Padmé Houng »,
"Om" symbolise corps, parole et esprit des Bouddhas; "Mani" signifie « joyau » rappelant celui que Chenrézi tient en mains dans ses représentations à quatre, six, huit ou mille bras, toujours symbole de compassion; "Padmé", prononcé « Pémé » par les tibétains, signifie « lotus », symbole de la connaissance également associé à Chenrézi; enfin "Houng", cinq éléments, cinq sagesses
« Mani Padme » est aussi une façon de nommer Chènrézi; récitant le Mantra, c’est le nom de la divinité qu’on invoque. Investi de la grâce et de la puissance de l’esprit d’Avalokita, Le Mantra peut purifier, ouvrir à l’amour et la compassion, et mener vers l’Eveil.
L’épaule gauche d’Avalokita Padmapani « Chènrézi Pémaicha » est couverte d’une peau de biche: animal dont la bonté est légendaire, symbolisant la pensée d’Avalokita tournée vers le bien des autres.
De la main droite Il effectue le Moudra du don. Tenue dans sa main gauche, une fleur de lotus largement épanouie, surmontée par un bouton en voie d’éclosion; le lotus signifie qu’Il oeuvre dans le monde sans être entaché par les imperfections de celui-ci.
Sa posture, pied gauche replié contre le corps, pied droit en avant est celle du Bodhisattva, dégageant un sentiment de disponibilité.
Les bijoux qu’Il porte manifestent la richesse des qualités de son esprit, ayant atteint l’Eveil.
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Avalokiteshvara, "Chènrézi" aux onze visages
Onze visages et huit ou mille bras…..Pourquoi ? Les conséquences d’un voeu:
Avalokita (Chènrézi), voulant oeuvrer pour le bien des êtres, dit en présence d’Amitabha: « aussi longtemps qu’un seul n’aura pas atteint l’Eveil, j’oeuvrerai pour le bien des êtres; si je venais à manquer à cet engagement, que ma tête éclate en dix morceaux, et mon corps en mille »
En réponse à ce voeu, la promesse d’Amitabha d’aider Avalokita à l’accomplir.
Le corps d’Avalokita émet alors six rayons de lumière créant une multitude d’Emanations venant soulager les souffrances de tous types d’êtres. Après de nombreux Kalpas, autrement dit un temps incalculable, Avalokita constate que le nombre d’êtres restant à libérer du Samsara avait à peine diminué….
Jugement d’inutilité de soi même, découragement, pensées détruisant la promesse faite. Son corps et sa tête se brisent. Douleur, appel à l’aide d’Amitabha, qui exhorte Avalokita de reprendre son oeuvre et lui donne dix visages, neuf paisibles, un irrité, afin qu’il puisse poser dans toutes les directions son regard de compassion. Au dessus des dix visages, celui d’Amitabha lui même, témoignant de son soutien..
Corps et visage principal d’Avalokita sont blancs: pureté, connaissance, colère transformée en sagesse, la sagesse semblable au miroir parfaitement poli, reflétant toutes choses telles qu'elles sont. Il est totalement libre, aucun voile ne l’affecte.
Le joyau tenu dans ses mains jointes: amour et compassion secourant les êtres.
Le Mala : la récitation du Mantra d’Avalokita soulage les êtres de leurs souffrances.
Le Lotus: sagesse immaculée.
La Roue du Dharma: l’enseignement, pour le bien des êtres.
Arc et Flèche: connaissance et compassion.
Moudra du don, et l’Aiguière, contenant le nectar d’immortalité.
Les visages d’Avalokita font alterner les couleurs: Vert, activité éveillée; Blanc, pureté et absence de voiles des perturbations internes et de l’ignorance; Rouge, rayonnement de l’amour et de la compassion.
La dixième tête est bleue, symbole de la connaissance des enseignements: elle a les traits d’une divinité irritée, de Dharmapala, « Protecteur » du Dharma . Ses trois yeux symbolisent la connaissance des temps passé, présent et futur.
Ces dix visages représentent « les dix Terres de Bodhisattva ». Un Bodhisattva, mu par l’amour, la compassion et la sagesse permettant de dissoudre l’ego aura atteint la première Terre; gravir les dix degrés conduit au parfait état de boudha.
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Manjushri, "Jampelyang"
Avec Avalokita, Il est l’un des huit grands Bodhisattvas, les « Huit Grands Fils proches » , disciples de Shakyamuni. Son nom tibétain, Jam Pel Yang signifie « Douce et Glorieuse Mélodie ».
Il personnifie la connaissance, ordinaire et transcendantale. Dans le cadre de la première, au sein des écoles, il est coutumier de commencer la journée par la récitation de son Mantra. La connaissance transcendantale vise quant à elle la découverte de la vacuité des phénomènes extérieurs et la vraie nature de l’individu, connaissance libérant du Samsara.
Certains textes Lui donnent une origine humaine dans des temps extrêmement reculés, puis il aurait vécu ensuite une deuxième naissance, reconnu comme « Roi du Monde Entier » et servant durant 84000 ans le Budha de l’époque, devenant Bodhisattva. Il aurait alors fait le voeu d'apparaître continuellement comme Bodhisattva de la dixième Terre, aux yeux de ceux qui naitraient dans le Kalpa actuel, celui des Mille Buddhas.
Son origine divine le fait naître d’un rayon de lumière issu du front du Budha Shakyamuni, fendant un arbre sur les Montagne aux Cinq Pics (Wutai Shan, au nord de la Chine, à l’Ouest-Sud Ouest de Pekin). Un lotus y apparaît, sur lequel Manjushri est assis.
A l’instar du Mont Potala, demeure d’Avalokita (Chènrézi), le Mont Wutai (au Sud Sud-Ouest de Pekin) est la demeure de Manjushri. La légende dit que ses cinq pics sont respectivement de diamant, saphir, émeraude, rubis et de béryl; sur leurs flancs poussent cinq espèces de fleurs odoriférantes correspondant aux cinq formes de la divinité. Cinq gemmes, cinq couleurs, symbolisant pureté, connaissance de la vacuité, activité éveillée, rayonnement de l’amour et de la compassion, richesse de toutes les qualités éveillées.
Dans Ses représentations les plus classiques, Manjushri est de couleur jaune-orangé; le jaune, couleur du renoncement, de la richesse des qualités éveillées, et transformation de l'orgueil en sagesse.
L’épée et le texte sacré sont les deux éléments caractérisant Manjushri; tenus dans les mains ou bien posés sur deux lotus s’épanouissant sur ses épaules. L’épée est destinée à couper les voiles de l’ignorance, l’ignorance de la véritable nature des choses, l’aveuglement qui empêche de distinguer le réel de ce qui ne l’est pas. L’épée porte de multiples symboles.
Ses deux tranchants sont la connaissance indissociée de la vérité absolue et de la vérité relative. Sa pointe, la Prajnaparamita, est perfection de la Sagesse transcendantale, et perception aiguisée permettant la reconnaissance de la nature de toutes choses, du vide, et l’atteinte de l’Eveil. La couleur de l'épée, le bleu, est celle de l’espace, et de la vacuité.
Le Texte Sacré contient les enseignements de la Prajnaparamita, l’absence de réalité en soi de l’individu et des phénomènes.
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Vajrapani, "Chana Dorjé"
Son nom tibétain signifie « Dorjé en Main »
Troisième Grand Bodhisattva, il représente « la force et la puissance de tous les Buddhas » dernier élément de la trilogie des Qualités de l’Eveil, qu’il forme avec la Compassion d’Avalokita « Chenrézi » et la Connaissance de Manjushri « Jam Pel Yang ».
Le plus souvent, Vajrapani est représenté sous sa forme irritée, avec entre autres un visage féroce, des canines saillantes, et une posture impressionnante, dans un halo de flammes. A tout cela aucune connotation violente ou seulement négative, ces attributs sont ceux des Dharmapala, « Protecteurs des Enseignements » et pour lui particulièrement, « Gardien des Secrets des Tantras ».
Moins fréquente, la forme paisible de Vajrapani est bleue, comme le lapis lazuli: pure tranquillité, guérison, dissolution de l'ignorance dans la sagesse.
Si la main gauche de la divinité irritée fait le Moudra de la menace, Vajrapani Paisible effectue le Moudra du Don (parfois celui de la protection).
le Vajra n’est pas tenu dans la main droite, mais repose sur une tige de lotus, dont la fleur est épanouie.
Cette représentation, en Corps de Gloire, est un élément figuratif du Champ Pur de Sukhavati, Champ Pur de Béatitude. Entourant Amitabha, avec Vajrapani se trouve alors souvent Avalokita, « Chènrézi ».
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Sarvavid, " Kunrik "
On ne peut parler de Sarvavid sans citer Vairochana - Nampar Nangdzé en tibétain, dont elle est une forme plus complexe que les représentations habituelles.
Avec Amitabha, Akshobia et deux autres Bouddhas patriarches, Vairochana fait partie du groupe des Cinq Vainqueurs, lesquels président les cinq familles à l’intérieur desquelles se trouvent tous les Bouddhas, sauf les primordiaux.
A l‘instar d’Amitabha, famille du Lotus, et d'Akshobia famille du Vajra, Vairochana préside la famille nommée « Bouddha », ou « Eveil » symbolisée par une Roue du Dharma.
Chacune des familles symbolisant une des facettes de l’Eveil lui même.
Tandis que les quatre autres Vainqueurs sont représentés aux quatre points cardinaux, les Mandalas voient Vairochana en son centre, de couleur blanche.
Sarvavid est à considérer comme un Yidam, terme tibétain désignant une divinité dont on a reçu l’initiation, et dont on fait la pratique, à travers visualisations et récitations du Mantra…
Elle devient pour l’adepte qui la pratique, son support individuel afin d’accéder à la réalisation.
Pour les Yidams masculins, le terme de « Heruka » recouvre dans ses trois syllabes « la Vacuité », « la Compassion », et « l’Union des deux ». L’équivalent féminin en est « Dakini de Sagesse ». Les tibétains traduisent parfois ce terme "Heruka" par "buveurs de sang", ce qui doit être compris comme "absorbant l'Ego".
En Sarvavid, qui signifie « Omniscient », on retrouve la couleur blanche de Vairochana: pureté, connaissance, colère transformée en sagesse, la sagesse semblable au miroir parfaitement poli, reflètant toutes choses telles qu'elles sont.
Dans la posture du Diamant, ses mains accomplissent le moudra de la méditation tout en tenant une Roue, symbolisant la famille de Vairochana Vainqueur.
Ce qui donne à Sarvavid son aspect particulier, est la présence de quatre visages, regardant vers les quatre points cardinaux. Le symbolisme va de pair avec le nom de la divinité elle même « Qui connaît tout » est aussi « Qui voit tout, simultanément, dans toutes les directions ».
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Prajnaparamita, "Shérab Ky Pareultou Chinma"
Prajnaparamita signifie Perfection (Paramita) de Connaissance (Prajna). On l’appelle aussi Grande Mère (Youm Chènmo).
Toutes les divinités féminines représentent aussi la perfection de connaissance.
Les divinités autres que Prajnaparamita se manifestent en Corps de Gloire (Sambhogakaya). Bien qu’elle puisse aussi apparaître en Corps de Gloire, Prajnaparamita se trouve davantage sur le plan du Corps Absolu (Dharmakaya).
Moudras et attributs attestent symboliquement de sa relation à la Connaissance, et la Sagesse.
Le Vajra (Dorjé) dans sa main droite exprime la nature ultime de toute chose, l’indestructibilité de la vacuité, qui ne doit pas être confondue avec le néant. Dans sa main gauche, le texte est un soutra de la Prajnaparamita. Ses deux autres mains accomplissent le moudra de la Méditation.
De couleur dorée ou blanche au Tibet, Sa posture est celle des bouddhas, l'Asana du Diamant.
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Tara Verte, "Dreuljang"
Vert: équilibre, harmonie, activité éveillée, jalousie transformée en sagesse
Parmi toutes les Tara, la Blanche, les Tara de louange et les Tara de protection, Tara Verte est la forme la plus courante. C’est celle à qui les tibétains en quête d’attention, de secours, s’adressent avec confiance. On l’appelle aussi « Tara du Bois d’Acacia » tandis que son nom tibétain, « Dreuljang » signifie « Libératrice Verte ».
Elle est la Mère aimante, Suprème, Mère du Monde, Universelle, Mère de tous les Buddhas, nombreux sont Ses noms..
Dans la symbolique, sa couleur est celle du vent, ce qui lui vaut également d’être nommée « Tara la prompte », agissant avec la rapidité du vent pour le bien de ceux et celles qui l’invoquent.
Sa posture, la jambe droite en avant, à demi dépliée, est un symbole allant dans le même sens: elle est prête à se lever pour aller secourir les êtres.
Sa jambe gauche, repliée démontre qu’elle n’est plus soumise aux perturbations internes; tout en étant totalement libérée des imperfections du Samsara, elle y demeure néanmoins pour aider ceux et celles qui souffrent. Elle leur porte secours sur deux plans, les soulageant des difficultés du temps présent, et sur le plan spirituel, Elle les guide vers la libération de toute souffrance.
Moudra du Don de la main droite, accordant tous les accomplissements, ordinaires et supérieurs;
Moudra du Refuge de la main droite, pouce et annulaire se touchant pour représenter les moyens habiles (permettant d’atteindre l’Eveil) unis à la connaissance; les trois autres doigts, dressés, symbolisent les trois joyaux, Buddha, Dharma et Sangha.
Enfin, le lotus Utpala qu’elle tient en mains témoigne de ses qualités de réalisation, pleinement épanouies en elle.
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Tara Blanche, "Dreulkar"
En Esprit, Tara, "Dreulma" est Buddha; manifestée, Elle est Bodhisattva.
Elle était une princesse, "Lune de Sagesse", faisant pendant dix millions d'années des offrandes au Buddha Dundubhisvara. Personne ne l'ayant fait auparavant, Elle exprima le voeu d'atteindre l'Eveil en venant au secours des Êtres, dans un corps de femme. Libérant dix millions d'humains le matin, et autant le soir, elle devint Bodhisattva, connue sous le nom de "Tara, la Libératrice"
Avec Amitayus et Ushnishavijaya, Tara Blanche, "Dreulkar" est une divinité de longue vie.
Elle se distingue en particulier par sa posture du Vajra (Dorjé), l’Asana du Diamant, et par le fait qu’elle possède sept yeux, trois sur le visage, deux dans les paumes des mains, et deux dans les plantes des pieds.
Sa couleur blanche manifeste qu’elle est n’est pas affectée par les deux voiles, des perturbations externes et internes.
Ses yeux au nombre de sept symbolisent
- sa vision de la réalité par les trois portes de la libération: vacuité, absence de formes et absence de souhaits;
- sa mise en mouvement par amour, compassion, joie et équanimité.
Mère de tous les Bouddhas et dotée d’une compassion sans limites pour les êtres, elle se distingue par sa beauté et son charme. Ses ornements, soieries et joyaux traduisent ses qualités et sa maîtrise des actes.
Son dos est droit, sa méditation est semblable au diamant, qui ne vacille jamais.
Le disque de lune derrière elle: la félicité, inépuisable, s’accroissant.
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Ushnishavijaya, "Tsouktor Nampargyelma"
De couleur blanche, c’est la « Victorieuse » aux trois visages.
Elle appartient à la famille du Budha Vairochana, sa couleur et les pierres vertes de son diadème le rappellent.
Avec Tara et Amitayus, elle est l’une des trois principales divinités « de longue vie ».
Le vase qu’elle tient dans l’une de ses mains gauche le souligne, vase rempli d’Ambroisie, nectar d’immortalité.
Ses trois visages portent chacun trois yeux, connaissance du passé, du présent et du futur, la vision dont elle est dotée par la sagesse transcendantale.
Dans l’une de ses mains droites, la « Syllabe-Germe » Hri, symbolisant le Budha Amitabha. Syllabe "Germe" qui, récitée et répétée rapidement permet au disciple méditant d'entrer en relation avec la divinité.
L'arc et la flèche traduisent l'union respectivement de la Connaissance et des Moyens (permettant d'atteindre l'Eveil). En tant qu'armes, ils sont l'image de la force qui subjugue les "Maras" (démons).
Ushnishavijayara a aussi la faculté d’éliminer le mauvais Karma.
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Sitatapatra, "Doukkar"
Divinité féminine, Sitatapatra est un aspect de Tara, dont la fonction est protectrice. Son nom tibétain, "Doukkar" signifie "blanche ombrelle"
En posture de diamant, elle effectue de la main droite le moudra du don, tandis que sa main gauche tient entre pouce et majeur une ombrelle, ou parasol, symbole de bon augure.
Le précieux parasol en effet symbolise la protection des êtres, en cette vie, les gardant des maladies, des accidents de toutes sortes, et des esprits malins en repoussant les attaques de magie noire; au delà de la vie présente, il protège vis à vis des souffrances du monde des enfers, de celui des esprits avides et animaux.
De même que l’ombrelle protège des rayons brûlants du soleil, Sitatapatra protège de tout mal celui qui s’adresse à elle.
Il est dit que celui qui pratique le Mantra de Sitatapatra renaîtra dans le Champ Pur de Sukhavati.
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Padmasambhava - Padmakara, "Guru Rimpoché"
Padmasambhava, "Né du Lotus" désigne le « Gourou aux huit noms », maître spirituel auquel sont attachés huit aspects associés à huit épisodes de sa vie. Padmakara est son nom en tant que Maître tantrique. Enfin, Guru Rimpoché, mêlant sanskrit et tibétain, signifie « Précieux Maître ». Il a une très grande place dans la pensée et la spiritualité des tibétains, dans les ordres monastiques Nyingmapa et Kagyupa en particulier. Guru Rimpoché doit être perçu aux plans, humain, mystique, mythique et symbolique, mêlant histoire et légende: né peu après le Buddha Shakyamuni par l’intervention du Buddha Amitabha; venu au Tibet plus d’un millénaire après, Il le quitte miraculeusement pour résider, jusqu’à nos jours, sur le sous-continent de Chamara. Vérité mystique n’est pas réalité historique.. A une échelle « humaine », il est dit que Guru Rimpoché demeura trente cinq ans au Tibet, organisant la traduction des textes sanscrits et diffusant le bouddhisme.
Sa principale représentation est très forte d’un point de vue symbolique:
De couleur blanche, doté d'un seul visage: la vérité absolue est Une. Les yeux grands ouverts: Padmakara demeure toujours dans la nature absolue. Ses deux jambes: identité du Samsara et du Nirvana;
Sa coiffe, un lotus à cinq pétales: Padmakara est une émanation d’Amitabha, l’un des Cinq Vainqueurs, dont la famille est « Padma », le lotus. Sur sa coiffe, un Dorjé surmonté par trois plumes de vautour: le sommet de l’enseignement et de la réalisation, dans la tradition Nyingmapa. Le soleil et un croissant de lune: symboles des Bodhicittas (l’esprit d’Eveil, l’aspiration et l’engagement à atteindre cet état)
Dans la main droite soumettant les forces négatives en faisant le Moudra de la menace, un Vajra (Dorjé): transformation des poisons en sagesses. Dans la main gauche, en Moudra de la méditation, une coupe crânienne contenant le vase de longue vie…
Au creux de son bras, un Khatvanga, et autant d’éléments en rapport avec l’univers:
La moitié inférieure d’un double Vajra: la base de l’univers. Le vase de longue Vie: le Mont Mérou, dont le sommet est le palais d’Indra. Trois têtes, fraîche, en décomposition, et sèche: mondes du désir, de la forme, et « sans forme ». Le trident: Buddha, Dharma et Sangha, ou encore les Bouddhas des temps passé, présent et de l’avenir; l’union des trois corps de Buddha, Corps Absolu, Corps de Gloire et Corps d'Emanation; ou enfin la destruction des trois poisons que sont désir, colère et ignorance.
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Simhamukha, "Sengé Dongma"
Simhamukha, qui signifie « Visage de Lion » est une divinité féminine irritée revêtant plusieurs identités, ou pour le moins étant reconnue de diverses manières:
Dans la tradition ancienne, de l’ordre Nyingmapa, Simhamukha est un « Terma Racine », lié à Padmasambhava, « Guru Rimpoché ». Le « Précieux Maître » aurait en quelque sorte légué une partie de ses enseignements sous forme de textes cachés, les « Terma » ou « trésors ».
Des « Terteuns », des découvreurs de trésors, émanations de Guru Rimpoché, viendraient les mettre au jour le moment venu. Ces trésors se présenteraient sous forme de textes, ou d’objets, voire se révéler directement à l’esprit du découvreur. Dans ce contexte, Simhamukha serait une « forme secrète » de Guru Rimpoché.
Dans la tradition nouvelle (Sakyapa, Kagyupa et Gelukpa), Simhamukha est à rapprocher du Yidam Chakrasamvara « Khorlo Dèmchok » dont le nom complet, attaché à Paramasukha signifie « Rassemblement de la Roue et de la Sublime Félicité ». Les pratiques méditatives associées à ce Yidam visent l’atteinte de la « claire lumière de l’esprit », soit le degré le plus subtil de la conscience. La demeure de Chakrasamvara est le Mont Kailash, lieu de pèlerinage majeur des tibétains, et siège de Shiva.
La représentation de Simhamukha présente des aspects singuliers, sa tête de lion, blanche, et sa posture, celle de la danse. Elle s’accompagne des nombreux attributs symboliques portés par les divinité irritées:
Un diadème de têtes de morts, des canines saillantes coupant les quatre types de naissance,
Trois yeux donnant la connaissance simultanée du passé, du présent et de l’avenir.
Dans la main gauche, une calotte crânienne, « Kapala » emplie de sang, traduisant la liberté vis à vis des notions de substance et de non-substance; un Khatvanga, qui exprime la possession de la félicité sublime. Attachés au Khatvanga, Damarou, Cloche et queue de yak. Dans la main droite, un Vajra.
Autour du cou, un sautoir de têtes coupées. Les trois habits signifiant autant de victoires sur des « poisons », peau d’éléphant, dépouille humaine, et jupe en peau de tigre.
Enfin, le piétinement d’un cadavre humain manifestant l’anéantissement de l’Ego.
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Claude Guyot Photographe
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Guru Drakpo
Padmasambhava le « Gourou aux huit noms », Padmakara, Guru Rimpoche, le « Précieux Maître », autant de dénominations pour désigner le grand Maître tantrique auquel les tibétains vouent une grande dévotion. Liste toutefois non limitative des nombreuses formes du Précieux Gourou…… paisibles, ou irritées comme Guru Drakpo, le « Gourou Féroce ».
Les personnes faisant appel à cette représentation pour méditer en attendent qu’elle leur permette de vaincre des obstacles, de différentes natures: maladies graves, ou difficultés dans leur cheminement spirituel.
Représentation destinée à servir de support de méditation, son aspect assez terrifiant n’est pas sans rappeler les caractéristiques des « Dharmapala », protecteurs du Dharma, « Gardiens », ou « Soungma ». Flammes, têtes de mort, collier de serpents, cadavres piétinés… autant d’images surprenantes, voire déroutantes, que l’on jugerait spontanément comme négatives, ou qu’on associerait à une forme de mal.
Les tibétains usent d’une comparaison qui apporte un éclairage différent:
La réalité éveillée est une, ses manifestations sont multiples. Ces dernières sont adaptées aux circonstances, paisibles ou violentes selon le cas.
Pour éduquer un enfant, une mère emploie la douceur, mais s’il le faut, se montre sévère. A la douceur correspondent les divinités paisibles, et à la sévérité, les irritées. L’amour de la mère est présent dans les deux attitudes, il est Compassion des Bouddhas, selon la forme la plus appropriée.
Dans la tradition tantrique, cette sévérité exprimée par les représentations irritées manifeste la puissance des bouddhas surmontant les obstacles extérieurs et intérieurs rencontrés sur le chemin de la libération.
Le plus souvent rouge, parfois bleu, Guru Drakpo est représenté portant de nombreux symboles. D’une main il tient un Vajra et de l’autre brandit un scorpion de fer.
Doté de trois yeux, il a la connaissance simultanée du passé, du présent et de l’avenir.
Ses quatre canines, saillantes, coupent les quatre types de naissance (dans une matrice, par un oeuf, par fermentation et par apparition spontanée).
L’éléphant dont il a la peau sur le dos est la victoire sur l’aveuglement. La dépouille humaine sur ses épaules, victoire sur le désir grâce à la compassion. La peau de tigre autour de sa taille, victoire sur la haine et l’agressivité par l’activité courageuse. Le serpent pourrait être un symbole de domination.
Les têtes de mort arborées comme un diadème symbolisent les Bouddhas des cinq familles, et leurs qualités amenant la victoire sur l’orgueil.
Les flammes du brasier brûlent tous les domaines du Samsara, par la connaissance. Les têtes coupées du sautoir, victoire sur la jalousie et purification des facteurs mentaux. Le cadavre humain piétiné: la disparition de l’ego.Le baudrier, double écharpe d’os croisée sur la poitrine, la sagesse.
L’agressivité de ces représentations symboliques n’est pas tournée vers l’adepte pratiquant du Vajrayana, mais au contraire dirigée contre les menaces qui se présentent à lui.
Vaishravana, Namtheu Sé
Vaishravana est l’un des Quatre Lokalapa, Gardiens des quatre Directions, « Chokyong Gyelpo », ou Quatre Rois Célestes.
Au sommet du Mont Mérou, Deva, séjour des dieux et axe du monde dans les mythologies persane, boudhique, jaïne et hindoue, ces quatre gardiens protègent le Dharma et ses fidèles.
Chacun d’eux a sa couleur propre, respectivement blanc, bleu, rouge et jaune; souverain sur la portion de l’espace qui lui est allouée, Il règne sur une catégorie d’esprits particuliers. Vaishravana est le Gardien du Septentrion. Il règne sur les Yakshas, « Neujin » ou esprits mangeurs de chair.
Dans les épisodes de la vie du Budha Shakyamuni, les Lokalapa sont mentionnés.
Ils escortent la mère du Budha aux jardins de Lumbini. Assistant à sa naissance, ils reçoivent le nouveau né sur une peau de tigre. Lorsque Shakyamuni renonce au monde, Ils soutiennent dans le ciel les sabots de son cheval pour lui permettre de voler au dessus des murailles de la ville. Au terme de sa période d’extrèmes austérités, Shakyamuni reçoit de leurs mains quatre bols de nourriture. Enfin, ils sont auprès de lui à Kushinagar.
Vaishravana est « Le Fils de Qui entend Tout » Namtheu (qui entend tout) - Sé (Fils)
Des quatre Gardiens, il est le plus complexe, recouvrant trois divinités réunies sous une même personnalité, ayant en commun la couleur jaune dans leurs représentations.
Sous le nom de Vaishravana, et dans sa représentation propre, son rôle de « Gardien des Directions, en charge du Nord » est mis en avant.
En tant que Jambhala il apparaît comme divinité de la richesse, avec en sa main droite, un joyau. La richesse, au sens de la prospérité permettant à l'individu de se libérer des contraintes, afin de se focaliser sur son chemin spirituel, au lie de se perdre en considérations temporelles et matérielles...
Enfin, ce Gardien du Nord se nomme aussi Kubera « Maitre des Richesses », « Nor Guy Dakpo » alors représenté juché sur un Lion des Neiges, un des symboles du Tibet, tenant dans la main droite, la bannière de la victoire. Au creux de sa main gauche, une mangouste crachant des joyaux. Au Tibet, la mangouste est considérée comme un symbole de la victoire de Kubera sur les Nagas, les gardiens des trésors.
Documentaire photographique " Cinq Couleurs " de Claude Guyot
Des cartes et tirages photo poster sont disponibles et peuvent être commandés via la page contact du site, intégralement au bénéfice de l’Association APACT, afin de soutenir les réfugiés de Mainpat.
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