La communauté tibétaine de France et ses Amis ont le plaisir et l’honneur de vous annoncer la célébration du 32eme anniversaire du décernement du prix Nobel de la Paix à Sa Sainte le 14eme Dalaï-lama du Tibet.
31 Octobre 2021
Un Tibet irrespirable
Des policiers chinois surveillent des pèlerins bouddhistes à Lhassa. La population subit toujours plus durement le joug du colonisateur chinois. KEYSTONE
TÉMOIGNAGE : Sécurité renforcée, violations des droits humains: la politique de répression et d’assimilation forcée de Pékin envers le Tibet s’est durcie, selon la chercheuse Fanny Iona Morel.
L’air est devenu irrespirable sur le Plateau tibétain. La population étouffe toujours plus sous le joug chinois. Réduite quasiment au silence, elle peine à faire entendre ses souffrances au-delà des frontières de la région autonome. Une chercheuse fribourgeoise s’en fait pourtant l’écho dans un livre « Whipers from the land of snows : Culture based violence in Tibet » ( Edition Globethics.net) . Dans le cadre d’un projet de recherche sur les violations des droits humains avec l’Observatoire de la diversité et des droits culturels, à l’Université de Fribourg, elle s’est entretenue entre 2019 et 2020 avec 19 exilés en Suisse et quatre occidentaux qui ont vécu sur place.
Si le Tibet fait l’objet d’une version allégée de la politique d’internement massif et de répression qui terrorise les minorités musulmans et turcophones du Xinjiang, la situation pourrait empirer avec l’approche des Jeux Olympiques
de Pékin en février 2022…
Les manifestations dans les villes tibétaines comme au printemps 2008 avant les JO pourraient-elles se reproduire avant Pékin 2022 ?
Fanny-Iona Morel : Je ne le pense pas. Les tibétains ont chèrement payés ces manifestations qui étaient pourtant pacifiques au départ. Il y aurait eu plus de 140 morts parmi les tibétains et un millier d’arrestations. Leurs revendications sont aussi restées largement ignorées par la communauté internationale jusqu’à aujourd’hui, la répression chinoise est montée d’un cran.
Que redoutez-vous ?
Je pense que Pékin va davantage isoler les tibétains, renforcer la surveillance de la population et être plus strict encore en matière de sécurité avant les JO de l’an prochain, afin de prévenir une nouvelle escalade. Si les habitants sortent dans les rues je crains que l’histoire ne se répète avec un bilan plus terrible encore.
Dans quelle mesure le Parti Communiste a-t-il serré la vis au Tibet depuis 2008 ?
La sécurité a été terriblement renforcée depuis 2008, et l’avènement de Xi Jinping en 2012 a accéléré le processus. Les témoins que j’ai interrogés ont observés une aggravation des violations des droits humains au Tibet et des risques d’une détérioration de la situation. Ils mentionnent de nombreux cas de disparitions forcées, d’arrestations arbitraires, de longues peines de prison, d’actes de tortures et d’actes d’intimidation. Par exemple, des témoins passés par des centres de détention font état d’actes de tortures et de traitements cruels (privations de nourritures, passages à tabac, électrochocs, isolement…).
Quel est l’objectif de Pékin ?
L’objectif d’unité nationale du Parti passe par son propre concept « d’unité ethnique » . Il veut assimiler les minorités du pays et leur imposer son idéologie, restreindre son l’expression de leurs identités culturelles, allant même jusqu’à rendre illégales certaines de leurs références identitaires. Pékin refuse aux tibétains le droit d’exister en tant qu’individus et comme communauté à part entière. Sur le long terme, c’est la disparition d’une société qui se joue au Tibet.
La Chine ne cherche pas à éliminer physiquement les tibétains ?
Non, je ne pense pas. Mais selon le concept de Raphael Lemkin (un juriste polonais qui a forgé le concept de génocide, NDLR) un génocide ne se limite pas à l’élimination biologique d’un peuple. Dans sa définition Lemkin fait référence aux mesures stratégiques et lois qui visent à l’assimilation forcées d’un peuple par une répression ciblant les fondements mêmes d’une société afin de briser son unité. Au Tibet cela concerne l’éducation, la langue, les arts, la spiritualité, la vie monastique ou encore le nomadisme.
Les moines et autres autorités spirituelles sont-ils une cible de choix ?
Aujourd’hui les nonnes et moines autorisés à rester dans les monastères sont surveillés de prés voir persécutés. Ils sont particulièrement vulnérables aux violences, non seulement en raison de leur choix de vie, mais aussi pour leur autorité spirituelle, leur éducation très considéré par les tibétains et leur rôle précoce dans les manifestations pacifiques. Les monastères sont une cible privilégiée pour la rééducation patriotique imposée par les autorités chinoises.
En quoi consiste cette rééducation patriotique ? Un lavage de cerveau ?
Oui, c’est ce que ressentent les témoins. Les Tibétains sont trop souvent persécutés afin qu’ils abandonnent leur fois et leurs valeurs, Pékin veut imposer sa vérité que ce soit dans les centres de détention, les institution d’enseignement ou des monastères. Personne n’y échappe ni même les nomades dans les régions reculées.
Cela se traduit comment dans les monastères ?
Les témoins expliquent que des représentants du gouvernement chinois se rendaient au minimum deux à trois fois par an, voir toutes les semaines dans certain cas, dans leur monastère pour leur imposer leurs discours patriotiques et leur donner de la documentation sur l’interprétation du Parti de l’histoire du Tibet, de la spiritualité et de son idéologie. Les nonnes et les moines devaient répéter à haute voix ce que les officiel leur disaient, par exemple que le Tibet faisait partie de la Chine depuis les temps anciens ou que toutes les souffrances des tibétains étaient causées par le Dalaï-Lama.
L’éducation a-t-elle aussi été reprise en main par Pékin ?
Oui il y a une grande inquiétude face à la disparition des connaissances des tibétains sur leur histoire et au déclin de leur langue. La Chine a placé le récit de l’histoire des tibétains sous le monopole strict et exclusif des historiens communistes officiels. Concernant la langue tibétaine, elle est de plus en plus marginalisée surtout dans l’éducation supérieure. Sa raréfaction aggrave la discrimination et la marginalisation des tibétains qui ne la maitrisent pas. Il y a aussi le côté insidieux de l’assimilation forcées : la transmission intergénérationnelle est interrompue. Comment partager le vécu, le savoir faire, la connaissance si on ne parle plus la même langue ?
Des camps de travaux forcés
Camps de formation professionnelle militarisés, transfert de mains d’œuvre; Pékin impose aux tibétains les méthodes éprouvés chez les ouïghours.
Le Tibet a un parfum de Xinjiang. Rien a voir avec la gastronomie ou la flore locale. Les autorités chinoise ont mis en place des camps de formation professionnelle militarisés qui ont fait leur preuves avec les ouïghours et autres minorités turcophones. Rien qu’entre janvier et septembre 2020, le chercheur allemand Adrien Zenz avait estimé à un demi millions le nombre de tibétains passés par ces camps. La plupart sont des ruraux vivants sous le seuil de pauvreté: les agriculteurs et les éleveurs nomades.
« Les camps de rééducations par le travail sont des camps de travaux forcés », assure la chercheurs fribourgeoise Fanny-Iona Morel, témoignage à l’appui : « les détenus sont soumis à des discours et des enregistrements soutenus vantant l’idéologie et les méthodes du Parti » Au programme encore ? Discipline militaire, enseignement de la langue chinoise, apprentissages de compétences dans la construction ou le textile. La main-d’œuvre est ensuite transférée dans les usines du Tibet ou parfois hors de la région autonome.
L’ambassade de Chine en suisse est toutefois catégorique : « il n’y a pas de soi disant camps de rééducation au Tibet ni ailleurs en Chine » affirme Xie Huiheng porte parole, qui insiste sur le fait que la répression ou l’exploitation n’existe pas au Tibet : » Ces dernières années, certains nomades et travailleurs ruraux ont changés leurs méthodes de production et ont choisi d’acquérir de nouvelles compétences professionnelles ou de déménager vers les villes pour travailler, où ils peuvent gagner un salaire plus élevé et améliorer leurs conditions de vie » . Si les revenus de ces tibétains devenus salariés augmentent, ce plan d’action entraine un bouleversement profond du mode de vie et des moyens de subsistance. Prenons les nomades : » l’employabilité des nomades est limitée dans les villes et, s’ils trouvent du travail les salaires sont souvent à peine suffisants pour couvrir les besoins de base compte tenu des dépenses plus élevées auxquelles ils doivent faire face » , observe Fanny-Iona Morel. Leur sédentarisation est aussi un changement radical que beaucoup vivent avec une énorme souffrance » .
Ce programme s’inscrit dans le cadre de la campagne d’éradication de la pauvreté menée par Xi Jinping. Le Président chinois fait une pierre deux coups : non seulement il peut prétendre avoir sorti les gens de la pauvreté en les forçant à être salariés, mais il peut aussi exercer un contrôle social » .
TIERRY JOCOLET
24 Octobre 2021
CHINE / TIBET : avenirs insoutenables ; la politique d’éco-compensation de la chine sur les prairies tibétaines
Un nouveau rapport publié aujourd’hui par le TCHRD fournit la preuve que l’utilisation du plateau tibétain pour compenser l’empreinte carbone de la Chine ne s’est pas traduite par une éco-compensation pour les propriétaires terriens ruraux tibétains pour leur fourniture de services écosystémiques. La Chine déforme le concept de paiement des services écosystémiques en disloquant les communautés nomades tibétaines et en les expulsant de force de leurs terres.
Le changement climatique sur le plateau tibétain a un impact considérable sur les moyens de subsistance des Tibétains, même si les modes de production coutumiers tibétains génèrent très peu d’émissions à l’origine du changement climatique. En tant que plus grand producteur et utilisateur mondial de charbon, de ciment, d’acier, d’aluminium, de cuivre et bien d’autres, la Chine est la principale cause des émissions liées au changement climatique. Cependant, la Chine utilise largement le Tibet pour atténuer son impact climatique en déclarant d’énormes bassins hydrographiques comme parcs nationaux, compensant ainsi les émissions en cours et toujours en hausse, et réparant les dommages à la réputation.
Un nouveau rapport publié aujourd’hui par le TCHRD fournit la preuve que l’utilisation du plateau tibétain pour compenser l’empreinte carbone de la Chine ne s’est pas traduite par une éco-compensation pour les propriétaires terriens ruraux tibétains pour leur fourniture de services écosystémiques. La Chine déforme le concept de paiement des services écosystémiques en disloquant les communautés nomades tibétaines et en les expulsant de force de leurs terres.
La politique d’éco-compensation de la Chine soulève des questions sur les droits de l’homme et le développement durable, et sur la contribution de la nature à l’humanité, avec des impacts et des conséquences mondiaux. Le plateau tibétain représente près de deux pour cent de la surface terrestre de la planète, soit la taille de l’Europe occidentale, et a autant d’importance mondiale que d’autres zones géographiques comparables, peut-être plus puisque l’élévation du plateau a un impact global sur le courant-jet, la dynamique de la mousson et le cycle de l’eau de tout l’hémisphère nord. La contribution de la nature tibétaine à l’humanité est exceptionnellement grande.
Ce que la Chine entend par éco-compensation est au mieux vague, faisant peu mention des bénéficiaires locaux récompensés pour rester sur leurs terres et poursuivre des pratiques propices à la protection de la biodiversité et à la fourniture de services écosystémiques. Au pire, et couramment pratiqués, la plupart des paiements de transfert qualifiés d’éco-compensation n’atteignent jamais les communautés locales, ou sont payés pour que les nomades s’installent loin de leurs terres, pour leur subsistance.
La biodiversité mondiale est fortement menacée. Le monde attend une action efficace de la Convention sur la biodiversité (CDB) avant qu’il ne soit trop tard. Pourtant, le nouveau système de parcs nationaux de la Chine, principalement au Tibet, ne se trouve pas dans les zones tibétaines de la plus grande biodiversité. La première partie de la Conférence des Parties (COP) de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité qui s’est réunie en ligne plus tôt dans la journée à Kunming (Chine) devrait donner la priorité à la définition de son objectif 9 pour 2020 à 2030, sur les avantages pour les personnes grâce à une gestion durable. Les communautés locales autochtones et traditionnelles ayant de longs antécédents en tant que gestionnaires de terres durables doivent être les principaux bénéficiaires et les destinataires définis par la loi de l’éco-compensation, comme l’a longtemps insisté l’article 8 (j) de la CDB. Cela s’applique particulièrement aux États qui, jusqu’à très récemment, étaient peu présents dans des paysages éloignés tels que les pâturages du plateau tibétain et peu intéressés par les connaissances traditionnelles, les pratiques de gestion traditionnelles et les rituels de protection des terres sacrées.
La cible 10 des objectifs 2020-2030 de la CDB, garantissant que les zones agricoles, aquacoles et forestières sont gérées de manière durable, devrait explicitement ajouter la pêche et l’élevage, y compris le pastoralisme nomade.
La cible 2 des objectifs de la CDB à l’horizon 2030 appelle à la restauration des écosystèmes dégradés, ce qui est réalisé le plus efficacement en maintenant les titulaires de droits fonciers coutumiers sur leurs terres, en les employant pour semer des herbes indigènes et en rétablissant la couverture végétale. L’exclusion des nomades et l’empoisonnement généralisé des rongeurs des prairies sont des politiques erronées incompatibles avec la cible 2.
La politique chinoise de « retrait ordonné » des pasteurs des pâturages tibétains n’est pas scientifique, contrevient aux preuves disponibles et devrait être déclarée une infraction à l’article 8 (j) de la CDB.
La Chine affirme que sa politique actuelle de déplacement, d’exclusion, de relocalisation et d’immobilisation des Tibétains ruraux est conforme à l’objectif 3 de la CDB, qui appelle à protéger au moins 30 % des zones terrestres et maritimes. Ceci peut être mieux réalisé par l’inclusion, et non l’exclusion des communautés locales.
En septembre de cette année, lors d’une session préliminaire de la CDB, les délégués ont exprimé leur ferme soutien pour que toutes les communautés locales vivant à l’intérieur des aires protégées aient la garantie d’un consentement libre, préalable et éclairé à tout programme de protection à grande échelle des paysages dans le cadre de la cible 3. Cela devrait maintenant être adopté en tant que décision contraignante de la CDB.
La cible 21 des objectifs de la CDB pour la décennie à l’horizon 2030 requiert une participation effective à la prise de décision liée à la biodiversité. Les pasteurs et agriculteurs tibétains ont une connaissance intime de la biodiversité endémique de leurs régions, mais leurs connaissances traditionnelles ont été largement ignorées, non recueillies par les scientifiques et systématiquement ignorées.
Lors de la 26e conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP26) à Glasgow qui se tiendra du 31 octobre au 12 novembre de cette année, la principale préoccupation du monde sera le grand écart entre la rhétorique de la Chine et ses projets réels de construire de nombreuses autres centrales électriques au charbon. La dépendance continue et incessante de la Chine à l’égard de l’électricité au charbon est le principal moteur du système chinois d’échange de carbone, qui tente de compenser les critiques en proclamant que les émissions sont compensées par des paiements pour les services écosystémiques qui capturent le carbone au Tibet. Le déplacement des Tibétains préoccupe donc le monde, qui doit savoir que ce qui est étiqueté éco-compensation réduit en réalité les émissions et récompense ceux qui fournissent des services écosystémiques.
Si la Chine déployait la puissance de son style autoritaire et taxait directement les pollueurs, il n’y aurait pas la comédie de prétendre payer les Tibétains ruraux pour leur fourniture de services écosystémiques. La présence du parti-État est omniprésente, orchestrant toutes ces stratégies. Cela soulève des questions sur la préférence marquée de Pékin pour l’échange de droits d’émission de carbone et l’éco-compensation basés sur le marché. Qu’est-ce que l’économie de marché signifie lorsque l’État-parti exerce si fortement ses pouvoirs d’allocation, pour choisir les gagnants, favoriser ses favoris, dominer la financiarisation et insister sur la participation active du PCC aux décisions de gestion, ainsi qu’à posséder directement presque toutes les grandes sociétés de production. Pourquoi, compte tenu de l’omniprésence du parti-État, ne se contente-t-il pas de décréter qui réduira les émissions de combien, ou d’imposer une taxe directe aux émetteurs.
16 Octobre 2021
TOKYO : Jigme Trinley, jeune espoir du cinéma tibétain bientôt à l’honneur au Festival international du film de Tokyo.
Les films tibétains sont rarement présentés dans les festivals internationaux, car noyés dans la production chinoise. L’hebdomadaire Tibet Times souligne que One and Four, dujeune réalisateur Jigme Trinley,échappe à cette règle au prochain Festival du film de Tokyo. Sur le papier, le film semble très prometteur.
Un registre inattendu pour un film tibétain
Le film bénéficie du soutien du célèbre cinéaste tibétain Pema Tseden, connu des cinéphiles étrangers pour son travail quasi documentaire sur sa région d’origine (son dernier film, Balloon, est sorti en France en mai dernier). One and Four a d’ailleurs pour chef opérateur Lu Songye, un technicien chinois associé de longue date avec Pema Tseden. Et il met entre autres en scène Jinpa, l’un des acteurs fétiches de ce cinéaste.
D’après des informations diffusées par des organes de presse chinois, ce film ne se contente pas d’être un film plus abouti esthétiquement que d’autres films tibétains, mais il témoigne aussi des progrès accomplis par le cinéma local. Par ailleurs, il relève d’un genre cinématographique inédit au Tibet : l’absurde et le suspense. C’est en effet l’histoire de trois braconniers qui, venus de nulle part, arrivent dans une forêt protégée : ils sèment la terreur et le garde forestier est vite dépassé par les événements.
Le jeune réalisateur tibétain Jigme Trinley est diplômé de la section “mise en scène” de l’Académie du film de Pékin et a également travaillé lors de ses vacances sur les tournages des films de Pema Tseden tels que Balloon, mais aussi sur des films de réalisateurs chinois.
En 2017, il a tourné un documentaire intitulé “Ils font des films sur le haut plateau”, inédit en France. One and Four est son premier long-métrage.
image : Une scène du film One and Four, le premier long-métrage du réalisateur tibétain Jigme Trinley.Photo Mani Stone Pictures/ Festival international du film de Tokyo.
Matthieu Ricard est né en 1967, à l’âge de 21 ans, à Darjeeling, en Inde. Ce jour-là, il rencontre Kangyour Rinpoché, son père spirituel qui l’émerveille par son extraordinaire qualité d’être. Cinq ans plus tard, alors chercheur en génétique à l’institut Pasteur, promis à un bel avenir, Matthieu Ricard abandonne tout pour vivre dans l’Himalaya. Un choix décisif dont il se félicite chaque jour depuis cinquante ans. Sa première vie, partagée entre la ville et la campagne, avait fait de lui un jeune homme aimant la nature et la musique classique, curieux de spiritualité et de percer les mystères de la biologie moléculaire. Sa deuxième vie le conduit sur le chemin de l’Éveil, dans les pas de ses maîtres, exemples de cohérence entre leurs paroles et leurs actes. Il partage ainsi pendant douze ans le quotidien de Dilgo Khyentsé Rinpoché, maître admiré du Dalaï-lama, source inépuisable d’inspiration.
Pendant trois décennies, la vie à la fois simple et extraordinaire de Matthieu Ricard alterne retraites méditatives dans des lieux les plus inaccessibles et voyages fascinants au Bhoutan, au Népal et au Tibet. Puis, en 1997, Le Moine et le Philosophe, coécrit avec son père, le philosophe Jean-François Revel, paraît. Son succès international inattendu plonge le paisible moine dans un maelstrom d’interviews et de conférences à travers le monde. De livre en livre, il met alors son travail d’auteur et ses talents de photographe au service de son message d’amour altruiste.
Ses Carnets racontent une vie de moine errant, sans attache matérielle ou géographique, toujours en chemin vers la liberté intérieure et le bien d’autrui.
Date de parution: 7 octobre 2021 – ISBN: 978-2-37073-386-3 – 768 pages
« CONFÉRENCES »
Venez rencontrer Matthieu Ricard lors de conférences exceptionnelles à Lyon,Bordeaux, Genève, Paris et Bruxelles.
En l’espace d’un siècle, l’astronomie et la physique ont engendré un accroissement vertigineux des connaissances et une manière radicalement nouvelle d’envisager l’Univers. A mesure que l’Homme explore les confins du monde, du cosmos au nanomonde, il prend conscience à la fois de sa petitesse au sein de l’immensité qui le contient et du fait de ne pas en être le centre. Comment physique et spiritualité abordent-elles la question des origines ? Comment chacune contribue-t-elle à repousser les limites de l’autre pour faire avancer notre compréhension du réel ?
Le samedi 16 octobre prochain, la table-ronde « A Ciel Ouvert – Science et Spiritualité », un partenariat de la Faculté de Théologie de l’Université de Genève (UNIGE) et de la Fondation Yves et Inez Oltramare offrira l’occasion inédite de croiser les regards de Matthieu Ricard, Michel Mayor (astrophysicien et prix Nobel de physique 2019) et Nicolas Gisin (physicien, professeur honoraire de la Faculté des Sciences de l’UNIGE) sur l’énigme du réel et le sens de l’existence humaine.
La table ronde sera en accès libre en direct – en ligne ou en présentiel – sur inscription en cliquant ici
Elle sera par ailleurs rediffusée sur Léman bleu (date à venir)
Ngawang Sangdrol (tibétain : ངག་དབང་སངས་སྒྲོལ།, Wylie : ngag dbang sangs sgrol), née à Lhassa en 1977 est une nonne bouddhiste tibétaine et une militante pour la liberté du Tibet. Arrêtée à l’âge de 11 ans et condamnée à 24 ans de prison, elle est à présent libérée1
En , dans la prison de Drapchi à Lhassa, quatorze nonnes, dont Ngawang Sangdrol, enregistrent clandestinement des chants de liberté. L’enregistrement est distribué dans tout le Tibet. « Ces chants sont un témoignage des souffrances et de l’agonie des prisonniers politiques tibétains »3. Pour ces chants, elles sont accusées de propagande contre-révolutionnaire et leurs peines sont rallongées de 5 à 9 ans4,5.
Un livre de Philippe Broussard et Danielle Laeng, intitulé La prisonnière de Lhassa, est publié en 2001 avant sa libération.
Le film documentaire de Marie LouvillePrisonnière à Lhassa, consacré à Ngawang Sangdrol, sa vie et sa libération, relatant l’intervention déterminante de John Kamm, a été diffusé en 2006 sur France 212.
En 2013, Ngawang Sangdrol, inquiète de la restructuration des abords du barkhor à Lhassa13, engage une pétition demandant la protection du site14.
12 Septembre 2021
2 Septembre, la Journée de la démocratie tibétaine
Contrairement à de nombreuses démocraties établies dans l'ère moderne, la démocratie tibétaine en exil n'a pas été imposée par une puissance étrangère ou obtenue par un soulèvement populaire. Elle est top-down démocratie - fortement encouragée par le chef suprême traditionnel du Tibet, le Dalaï Lama, et volontairement établie par le peuple tibétain à son initiative. La démocratie tibétaine a évolué progressivement au cours des 61 dernières années. Elle a été guidée non seulement par les principes énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, mais aussi par les valeurs culturelles et spirituelles tibétaines.
Une brève chronologie :
2 septembre 1960 : naissance de la première Assemblée des Députés du Peuple Tibétain (aujourd’hui connue sous le nom du Parlement tibétain en exil).
10 mars 1963 : la Constitution, fondée sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, est promulguée et appliquée au sein du Gouvernement en exil.
1973 : L’introduction des contributions volontaires des Tibétains exilés connues également sous le nom de 'Green Book'.
1990 : les membres du cabinet en exil ne sont plus nommés par le Dalaï Lama qui propose de soumettre une liste de 3 personnalités à l’approbation du Parlement en exil.
La Charte des Tibétains en exil est la loi suprême qui régit les fonctions du gouvernement. Elle a été rédigée par le Comité de reformulation de la Constitution et soumise à l’approbation du Parlement tibétain en exil. Le Parlement, à son tour, a adopté la Charte le 14 juin 1991.
Avant l’adoption de la Charte, l’Administration centrale tibétaine fonctionnait plus ou moins selon le projet de constitution démocratique pour le futur Tibet, promulgué par le Dalaï Lama le 10 mars 1963.
2001 : L’élection au suffrage direct du chef du gouvernement en exil pour un mandat renouvelable de 5 ans.
Au fil des ans, la charte a été régulièrement modifiée. Après la dévolution du pouvoir politique par le Dalaï Lama, la Charte a été à nouveau modifiée en conséquence pour répartir les pouvoirs entre les trois organes : l’exécutif, le législatif et la judiciaire.
Le 14 mars 2011, la Charte a été amendée et le Dalaï Lama a transféré la totalité de l’autorité ou pouvoir politique aux dirigeants élus par le peuple, le Sikyong.
12 Septembre 2021
De l'Institut Pasteur à l'Himalaya auprès des maîtres spirituels, les Carnets de Matthieu Ricard racontent une vie de moine errant, sans attache matérielle ou géographique, toujours en chemin vers la liberté intérieure et le bien d'autrui.
Matthieu Ricard est né en 1967, à l'âge de 21 ans, à Darjeeling, en Inde. Son père spirituel est Kangyour Rinpoché, un grand maître tibétain qui l'émerveille par son extraordinaire qualité d'être. Cinq ans plus tard, alors chercheur en génétique à l'institut Pasteur, promis à un bel avenir, Matthieu Ricard abandonne tout pour vivre dans l'Himalaya. Un choix décisif dont il se félicite chaque jour depuis cinquante ans.
Sa première vie, partagée entre la ville et la campagne, avait fait de lui un jeune homme aimant la nature et la musique classique, curieux de spiritualité et de percer les mystères de la biologie moléculaire. Sa deuxième vie le conduit sur le chemin de l'Éveil, dans les pas de ses maîtres, exemples de cohérence entre leurs paroles et leurs actes. Il partage ainsi pendant douze ans le quotidien de Dilgo Khyentsé Rinpoché, maître admiré du Dalai¨-lama, source inépuisable d'inspiration.
Pendant trois décennies, la vie à la fois simple et extraordinaire de Matthieu Ricard alterne retraites méditatives dans des lieux les plus inaccessibles et voyages fascinants au Bhoutan, au Népal et au Tibet. Puis, en 1997, Le Moine et le Philosophe, coécrit avec son père, le philosophe Jean-Franc¸ois Revel, paraît. Son succès international inattendu plonge le paisible moine dans un maelstrom d'interviews et de conférences à travers le monde. De livre en livre, il met alors son travail d'auteur et ses talents de photographe au service de son message d'amour altruiste.
Ses Carnets racontent une vie de moine errant, sans attache matérielle ou géographique, toujours en chemin vers la liberté intérieure et le bien d'autrui.
Matthieu Ricard reverse l'intégralité de ses revenus – droits d'auteur de tous ses livres, photographies et conférences – à l'association humanitaire Karuna-Shechen.
12 Septembre 2021
Le Cachemire indien, refuge de la gastronomie tibétaine en exil
Les vagues d’immigration tibétaine ont transformé le Cachemire indien en une vitrine de la cuisine traditionnelle du Tibet. Les recettes y sont transmises précieusement de génération en génération. Pour les plus jeunes, elles constituent souvent le dernier lien avec le pays de leurs ancêtres, raconte Nikkei Asia.
À Srinagar [dans le nord de l’Inde], les touristes qui longent Boulevard Road en direction du célèbre lac Dal pourraient facilement passer à côté du Lhasa sans le remarquer, n’était son toit rappelant les pagodes et sa façade en bois, qui trahissent ses origines tibétaines. À l’intérieur, des lanternes chinoises en papier jettent une lueur rouge sur les photos de la ville dont le restaurant réputé tire son nom.
La décoration tibétaine n’est pas là par hasard. Lorsque Abdul Rehman Zareif a ouvert le Lhasa en 1976, c’était en partie pour préserver la culture du Tibet, son pays, qu’il avait dû fuir en 1959, après un soulèvement manqué contre la domination chinoise. [La minorité musulmane tibétaine dont il fait partie a soutenu la souveraineté du Tibet].
La puissante nostalgie des exilés pour la cuisine de leur pays
“Mon père était profondément attaché à la gastronomie de son pays d’origine”, raconte Ahmad Zareif, l’un des fils de Rehman Zareif, qui dirige désormais l’établissement avec deux de ses frères et sœurs. “La cuisine tibétaine lui rappelait son village, sa famille et son enfance. Le restaurant l’a aidé à revivre ces souvenirs heureux.”
Rehman Zareif fait partie des milliers de réfugiés tibétains qui ont traversé la frontière chinoise pour s’installer dans l’ancien État indien du Jammu-et-Cachemire — aujourd’hui séparé en deux territoires de l’Union, administrés par le gouvernement central [et jouissant d’une autonomie réduite]. Parmi ces réfugiés se trouvaient le dalaï-lama, le chef spirituel de la majorité bouddhiste tibétaine, et quelques membres de la minorité musulmane, dont Rehman Zareif.
Pour ces réfugiés, la tradition culinaire reste très importante. “Existe-t-il une nostalgie plus puissante que l’amour d’un exilé pour la cuisine de son pays? soupire un client tibétain du Lhasa. Chaque bouchée ravive des souvenirs de notre terre natale: l’atmosphère, les marchés, le retour à la maison à la tombée de la nuit, la préparation du repas bercée par les voix de la famille au loin, les réunions autour de la table, les sensations qui accompagnent le repas.”
Cuisine fusion et intégration
Si la famille Zareif sert essentiellement des plats tibétains, la carte raffinée du Lhasa comporte également des spécialités du Cachemire, comme le rista, le gushtaba et le yakhni — des recettes à base de mouton qui font partie intégrante du wazwan, un repas traditionnel composé de plusieurs plats. Du côté de la cuisine tibétaine, on retrouve du poulet cantonais et des kumloo, des raviolis frits farcis de champignons émincés. Les convives peuvent mélanger les différentes spécialités régionales comme bon leur semble.
“La plupart de nos habitués sont des Cachemiris. Ils adorent la cuisine tibétaine, se félicite Ahmad Zareif. Au fil des ans, ils nous ont véritablement adoptés dans leur société, comme si nous étions des leurs. Le monde d’aujourd’hui est déchiré de toutes parts par les conflits.
Les écoliers tibétains sont contraints par les autorités chinoises à suivre des programmes de formation militaire pendant les vacances d’été dans le but d’affaiblir leurs liens avec leur propre culture et de les endoctriner davantage dans l’idéologie du Parti communiste chinois au pouvoir, selon des sources tibétaines.
Des enfants âgés de 8 à 16 ans sont désormais envoyés depuis la capitale du Tibet Lhassa et d’autres régions pour participer à deux camps d’entraînement installés dans la région de Nyingtri, dans le sud du Tibet, également appelée Kongpo, non loin de l’État indien d’Arunachal Pradesh, revendiqué par la Chine.
La fréquentation des deux camps, appelés le camp d’été militaire des jeunes tibétains Snow Hawk et le centre d’entraînement militaire Tibet Rong He, prive les écoliers tibétains des quelques opportunités qui leur sont encore offertes d’apprendre leur propre langue tibétaine dans des cadres privés en dehors de l’école, selon des sources dire.
« Coïncidant avec les vacances scolaires maintenant à Lhassa, les Tibétains ne sont pas autorisés à organiser des cours privés pour apprendre le tibétain, et les autorités chinoises obligent donc les enfants tibétains à suivre ces programmes militaires où ils dispensent une éducation politique à la place », a déclaré un Tibétain vivant dans la région. RFA dans un message écrit.
S’adressant également à RFA, Karma Tenzin, chercheuse au Tibet Policy Institute, basé à Dharamsala, en Inde, a convenu que la formation dans les camps militaires refusait aux étudiants tibétains la liberté d’apprendre leur propre langue, un soutien crucial à l’identité nationale tibétaine.
« Les enfants tibétains qui fréquentent généralement les écoles et les monastères tibétains pendant leurs vacances d’été et d’hiver n’ont désormais d’autre choix que de suivre ces programmes de formation militaire », a déclaré Tenzin.
« C’est la tentative de la Chine de laver le cerveau des jeunes Tibétains à travers une stratégie de mise en œuvre de programmes comme celui-ci », a déclaré Tenzin.
« Le Parti communiste chinois implante sa propre idéologie et son nationalisme chinois chez les jeunes Tibétains pendant leurs vacances scolaires, et cela finira par devenir une menace pour la langue tibétaine », a-t-il ajouté.
Les droits linguistiques sont devenus un objectif particulier des efforts tibétains pour affirmer l’identité nationale ces dernières années, avec des cours de langue organisés de manière informelle dans les monastères et les villes généralement considérés comme des «associations illégales» et des enseignants sujets à la détention et à l’arrestation, selon des sources.
La proximité des nouveaux camps d’entraînement militaire avec la frontière tibétaine politiquement sensible de la Chine avec l’Inde, avec laquelle la Chine s’est affrontée lors d’escarmouches au Ladakh l’année dernière, soulève d’autres préoccupations, a déclaré Tenzin.
« Si nous observons la façon dont le gouvernement chinois met en place ces camps militaires le long de la zone frontalière, il semble certain qu’ils utiliseront ces camps comme futurs boucliers militaires et les enfants comme soldats », a-t-il déclaré.
Autrefois une nation indépendante, le Tibet a été envahi et incorporé à la Chine par la force il y a 70 ans.
Les autorités chinoises maintiennent une emprise étroite sur la région, restreignant les activités politiques des Tibétains et l’expression pacifique de leur identité culturelle et religieuse, et soumettant les Tibétains à la persécution, la torture, l’emprisonnement et les exécutions extrajudiciaires.
Rapporté par Sangyal Kunchok pour le service tibétain de RFA. Traduit par Tenzin Dickyi. Écrit en anglais par Richard Finney.
Association Humanitaire exclusivement composée de bénévoles qui vient en aide aux réfugiés tibétains qui mènent la vie de l'exil et du dénuement dans les camps installés depuis 60 ans en INDE et au NEPAL.