ENVIRONNEMENT

Au Népal, le Toit du Monde en alerte

Touché de plein fouet par la fonte des glaciers himalayens, le Népal tente de faire face aux menaces provoquées par les effets du réchauffement climatique

«Observe et alerte», tel est le motto des scientifiques népalais du Département d’hydrologie et de météorologie, à Katmandou. Si le bâtiment vitré abrite 230 employés, ils ne sont que cinq spécialistes chargés du système d’alerte face aux inondations fréquentes qui engendrent débordements de rivières, glissements de terrain ou ruptures des lacs formés en altitude par la fonte des glaciers. Ces hommes sont les yeux qui traquent la furie des eaux sur le Toit du Monde. Leur tâche titanesque est vouée à être fragmentaire, dans le relief himalayen démesuré du Népal, l’un des pays les plus pauvres du monde.

Sur grand écran, la petite équipe scrute la carte où clignotent les données des capteurs installés à travers le territoire. Avec 178 points de surveillance en pluviométrie et 115 pour le niveau des rivières et des lacs glaciaires, les données sont mises à jour toutes les quinze minutes et, durant la mousson, de juin à septembre, toutes les cinq minutes. Cet été, la mousson a fait près d’une centaine de morts au Népal.

Réactivité et résilience

«A cette période, nous faisons des nuits blanches, commente Rajendra Sharma, l’hydrologue à la tête du département. Les épisodes pluvieux sont de plus en plus extrêmes et leur distribution est inégale», souligne ce scientifique à la barbe de trois jours. Lorsque l’alerte maximale est atteinte, une sirène retentit dans la control room, la salle dédiée aux scénarios catastrophes devenus réalité. «Nous avons alors généralement entre trois et douze heures avant l’inondation pour alerter les populations. Parfois, nous sommes fiers de pouvoir sauver des vies.»

Les ressources en eau menacées par la fonte des glaciers