CHAMDO ( TIBET ) : 200 familles de Tibétains en grande difficulté …car chassées de leurs foyers, sans aucune explication officielle …ni indemnité cependant promise
Dharamsala le 06 avril. Les autorités chinoises de la région de Chamdo dans le Tibet oriental ont ordonné, sans plus d’explication, à près de 200 familles tibétaines d’abandonner leur foyer pour permettre la mise en œuvre d’un programme gouvernemental.
Les familles du district de Dzogang, frappées de terreur, se sont vues intimer l’ordre de déménager, à leurs propres frais, vers des villes situées sur les rives de la rivière Gyalmo Ngulchu – connue également sous le nom de rivière Salouen – dans la région de Chamdo, d’après des informations rapportées par Radio Free Asia, le 04 avril dernier.
Une source anonyme citée par l’agence déclarait : « Les Tibétains vivant sur place pensent que des opérations d’exploitations minières ou d’autres projets du même genre ont été planifiés pour cette zone géographique, ce qui expliquerait l’ordre de déménagement forcé qui a été donné. Les familles contraintes au départ ont dû communiquer leur identité aux autorités ».
Comme si tout cela ne suffisait pas, les garanties d’indemnisation financière, qui avaient été précédemment données à ces familles – entre 12000 et 20000 Yuan, soit de 2176 à 2901 dollars américains – en échange de l’abandon de leurs foyers et des frais par elles assumés, ont été supprimées si l’on en croit la même source qui a par ailleurs ajouté que : « Cela a placé nombre de familles pauvres dans un état de précarité aggravé puisque, ne pouvant plus rester chez elles, elles devront faire face aux frais de déménagement avec de l’argent qu’elles n’ont pas ».
En dépit des requêtes déposées par les familles concernées pour pouvoir rester chez elles, les ordres de relocalisation ont été donnés par les autorités.
Aucune explication concluante n’a été donnée aux habitants du district de Dzogang sur cette relocalisation forcée ordonnée par les autorités chinoises. Ceux-ci pensent pourtant que la construction d’un barrage hydro-électrique sur la rivière Salouen, d’une route ou un projet d’extraction minière ordonné par les autorités chinoises pourrait être à l’origine de cette opération.
L’extraction minière a pris de l’ampleur sur les rives de la Salouen, dont le cours traverse le district de Tsawa Dzogang, une rivière considérée comme sacrée par les Tibétains. Le 07 mai 2014, Phakpa Gyaltsen et Rigzin se sont mortellement poignardés en signe de protestation contre l’extraction minière pratiquée sur place par les autorités chinoises.
Traduit de l’anglais par Eric Pegorer pour France-Tibet.
Note de France Tibet : Ces déplacements de populations chinoises ou tibétaines ont été dénoncés et ilustrés dans le documentaire du réalisateur Yvon Boutet
Un extrait concernant cette façon inhumaine de traiter les habitants des régions concernées par ces grands travaux, que ces travaux concernent le détournement des fleuves du Sud – Tibet -, vers le Nord – Désert de Gobi et Pékin, ou les exploitations minières .
Extrait du documentaire montrant la révolte de villageois chinois :
Mercredi 19, à Dharamsala en Inde, la comédienne et youtubeuse Adèle Castillon a rencontré le dalaï-lama pour une interview exclusive.
La jeune youtubeuse Adèle a évoqué trois thèmes fondamentaux avec le dalaï-lama : la jeunesse, l’écologie et la responsabilité universelle pour bâtir le monde de demain.
Adèle Castillon est âgée de seulement 16 ans, elle est en classe de seconde et est comédienne. Actuellement à l’affiche du film de Dominique Farrugia Sous le même toit, la jeune fille est en train de se faire un nom. Mais pas seulement dans le milieu du cinéma. Elle est aussi une youtubeuse à succès. Elle comptabilise plus de 420.000 abonnées sur sa chaîne Youtube Adèle.
En voyage en Inde, à Dharamsala, Adèle, a eu l’honneur, mercredi 19, de rencontrer et d’interviewer le dalaï-lama. Jamais une youtubeuse aussi jeune n’avait encore eu la chance de partager un tel moment avec le leader spirituel des Tibétains.
La jeune youtubeuse s’est confiée à 20 minutes il y’a quelque jours: « Je vais l’interviewer pendant 45 minutes avec d’autres adolescents français. Il y a quelque temps, une amie lui a écrit une lettre d’intention et il a accepté d’échanger avec nous. On aimerait lui transmettre un message d’espoir pour les jeunes« .
Adèle a donc interviewé le dalaï-lama en compagnie de son équipe de tournage et de ses jeunes amis youtubeurs Sofyan Baudouin alias Sofyan fait du cinéma et Sebastien Frit alias Seb la Frite. Cette rencontre a été filmée dans le but de réaliser un documentaire.
Image ci dessus :Sofia Stril-Rever : « Avec le Dalaï-lama et les 15-20 ans, c’était ce matin à Dharamsala, une rencontre entre Océan de sagesse et la jeunesse, pour un monde plus juste et plus fraternel »
Durant cette rencontre, trois thèmes ont été évoqués: la jeunesse, l’écologie et la responsabilité universelle pour bâtir le monde de demain.
Sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter, la jeune fille a déjà publié une photo de sa rencontre. On peut y lire les mots suivants prononcés par le dalaï-lama: « Love and compassion are the pillars of a world peace » (« L’amour et la compassion sont les piliers d’un monde en paix », en français). Une rencontre que la jeune femme et ses amis ne sont pas prêts d’oublier.
Le dirigeant tibétain, Sa Sainteté le Dalai Lama, qui parcourt actuellement l’Arunachal Pradesh, a expliqué que sa visite dans la région est « purement spirituelle et n’a rien de politique », ajoutant que la Chine aurait dû y envoyer ses représentants pour voir ses activités.
« Je souhaite et je veux qu’un délégué chinois vienne ici constater que mes activités sont à 100% apolitiques » a déclaré le Dalai Lama aux journalistes, à Dirang.
Dans sa réponse à la question de son retour au Tibet, le dirigeant tibétain a expliqué que beaucoup de bouddhistes chinois, et de Tibétains au Tibet, souhaitent son retour , tout en précisant également être prêt à y retourner dès que le Gouvernement chinois montrerait des signes positifs.
Sa Sainteté a précisé, non sans humour, que « dans les circonstances actuelles, si je me rends là-bas, je peux être aussitôt menotté à l’aéroport. »
Le chef spirituel des Tibétains a suggéré aux dirigeants indiens un aménagement, à la manière du Haj – le pèlerinage des musulmans à La Mecque – , pour les 400 millions de bouddhistes chinois voyageant en Inde. « D’une part cela conviendrait aux personnes, d’autre part elles découvriraient la liberté, notamment dans la parole publique, ce qui est une bonne chose. Malgré certains reculs, je pense que l’Inde est la démocratie la plus stable et la plus importante par sa population » a ajouté le Dalai Lama.
Le prix Nobel a estimé également que le 1,3 milliard de Chinois a le droit de connaître la réalité et, une fois celle-ci obtenue, ils seront à même de peser le pour et le contre.
« La censure des médias est moralement injuste et nuisible. La justice en Chine devrait être alignée sur les standards internationaux, car j’ai rencontré bon nombre de paysans chinois très pauvres. Au lieu de prêter attention au niveau de vie des fermiers, les autorités locales n’ont qu’une préoccupation, leurs gains personnels » a-t-il dit.
La politique d’urbanisation chinoise a un impact particulièrement significatif au Tibet.
Le Conseil d’État de la Chine a dévoilé le National New Type Urbanization Plan (NUP) en 2014 en vue de faire passer le nombre de résidents dans les villes de 52,6% de la population chinoise en 2012 à 60% à l’horizon de 2020. Le pourcentage de citadins titulaires d’un hukou urbain (un permis de résident) va passer de 35,3% à environ 45%. Après de nombreuses décennies de délibérations et de pause dans les réformes relatives au système contraignant du système du hukou urbain, le gouvernement chinois a fini par assouplir les procédures permettant aux migrants ruraux de transférer l’inscription de leur famille vers les zones urbaines.
Cette politique a un impact unique sur le Tibet, où l’urbanisation est devenue un problème majeur. Les migrants chinois originaires des provinces côtières densément peuplées ont commencé à s’installer au Tibet et la réforme du système du hukou a facilité la procédure de transfert au Tibet de leur famille.
Ce que j’entends par “urbanicide”, c’est l’extinction de la culture et de l’identité tibétaines provoquée par l’afflux de millions de migrants chinois vers le Tibet. Dans le même temps, on expulse et exproprie les Tibétains vivant dans les zones rurales. Ainsi que le suggère Emily T. Yeh dans son ouvrage Taming Tibet, cela procède de la territorialisation du Tibet par le gouvernement chinois.
La réforme du hukou au Tibet : un afflux de migrants
Cette politique est déjà opérationnelle, comme le montre la croissance des villes tibétaines. Dès 2016, Lhassa, Shigatse, Lhoka, Nyingtri, Tsosahr, Siling et Chamdo ont été élevées au rang de préfectures. Selon de récents rapports chinois, deux autres villes vont s’ajouter à cette liste : Nagshu et Ngari vont passer du statut de chefs-lieux de cantons à celui de préfectures.
En plus des fonctionnaires gouvernementaux et des personnels militaires mutés au Tibet, il y a eu un afflux considérable de migrants ethniques chinois en raison de fortes incitations financières et d’investissements dans le développement d’infrastructures au Tibet. Les migrants chinois, parmi lesquels beaucoup fuient le chômage dans leur région d’origine, sont attirés par les emplois et les opportunités de créer une entreprise au Tibet. Le transfert de population de la Chine vers le Tibet se fait selon le même schéma que dans la Mongolie occupée par les Chinois (appelée maintenant Mongolie Intérieure) sous la dynastie Qing, et où les Mongols étaient déjà minoritaires à la fin du XIXème siècle. L’objectif agraire de telles pratiques signifiait que les migrants chinois s’installaient dans les campagnes et devenaient majoritaires parmi les populations rurales aussi bien qu’urbaines. Cette politique s’est perpétuée jusqu’à l’époque moderne : en Mongolie Intérieure, le nombre de villes est passé de 193 en 1979 à 668 en 1997.
Le Bureau de Développement de la Région Ouest (WRD) du Conseil d’État a suggéré que les autorités gouvernementales ne devraient en aucun cas percevoir des surtaxes ou des droits similaires de la part de gens transférant leur hukou vers la Région Ouest. Cette suggestion a été une raison supplémentaire de s’installer dans les villes tibétaines pour les migrants chinois. Dans les décennies à venir, le Tibet pourrait assister à une augmentation de population due à la venue de millions de Chinois dans diverses villes.
L’exode (forcée) des Tibétains des campagnes vers les villes et les métropoles
L’urbanisation du Tibet a également encouragé de nombreux Tibétains vivant dans les zones rurales à se lancer dans des métiers non agricoles au sein de villes. Leurs terres ancestrales ont été vendues à des promoteurs qui ont développé des industries susceptibles d’attirer les migrants arrivant au Tibet. Comme le rapportait il y a peu le journal Straits Times, “Sur les 31 provinces, régions et municipalités que compte la Chine, seule la Région Autonome du Tibet (TAR) maintient encore une distinction entre ruraux et citadins.″ En raison de ce mode de classification rural/urbain, les migrants Chinois venus de l’extérieur du Tibet sont tout particulièrement encouragés à s’installer dans les villes tibétaines, où ils auront droit aux plans d’aide sociale.
En plus de ces schémas de migration naturelle, un nombre croissant de Tibétains venus des zones rurales sont déplacés vers les villes en raison de la politique gouvernementale qui les oblige à s’y installer. Les pasteurs tibétains qui vivent avec leur troupeau parsemés dans les montagnes et les vallées sont déportés vers des agglomérations compactes et clôturées. Ceci permet au gouvernement d’exercer un contrôle sur les déplacements de ces ruraux au nom de la stabilité sociale. Ainsi que le souligne Sophie Richardson, en charge de la Chine à Human Rights Watch, ″Les Tibétains n’ont pas leur mot à dire dans la conception de politiques de relocalisation qui altèrent radicalement leur mode de vie et – dans un contexte déjà particulièrement répressif – aucun moyen de les remettre en question.″ Les atteintes aux droits au cours de ce processus vont du manque de consultation à l’absence d’ indemnisations suffisantes, les deux étant exigés par les lois internationales pour que de telles évictions soient légitimées. Après le déplacement [des populations] le passage brutal d’un mode de vie nomade à la vie urbaine a eu une incidence négative sur le taux de chômage au Tibet.
Une enquête de terrain réalisée en 2009 par le chercheur tibétain Gongbo Tashi (aka Gongbo Tashi) et Marc Foggin démontre l’impact empirique de réinstallations écologiques dans la préfecture de Lhoko. Les deux chercheurs ont interrogé plus de 300 personnes au cours de cette enquête. Il en ressort que les réinstallations forcées ont privé les habitants du village de Dekyi de leur cheptel, lequel constituait leur principal moyen de subsistance. La ville nouvelle où les villageois ont été réinstallés ne fournissait pas l’espace nécessaire pour élever du bétail. Les Tibétains déplacés étaient sensés recevoir une formation destinée à les aider à commencer une nouvelle vie, mais la plupart des familles se plaignent de ne pas avoir reçu les formations promises par le gouvernement avant leur réinstallation. De ce fait, la taille de leur cheptel ayant fortement diminué, des Tibétains autrefois auto-suffisants se voient maintenant largement tributaires des aides et subventions gouvernementales. Le tableau ci-dessous indique la diminution des cheptels communautaires du village de Dekyi après réinstallation.
Un autre exemple de résidents dans deux réinstallations dans la province de Qinghai de 2005 à 2009 pourrait constituer un cas d’école. Les résidents ont été interrogés par un chercheur chinois, Xu Jun, en collaboration avec un autre groupe de chercheurs. Le groupe a passé un mois de chaque année dans les préfectures de Yushul et Na-Gormo dans l’Amdo. Dans son étude des préfectures où des réinstallations ont eu lieu, Xu a constaté que les nomades réinstallés souffraient d’un fort sentiment de déracinement : “Nous avons d’abord assisté à leur lutte pour se faire une nouvelle vie lorsqu’ils s’installaient dans un endroit nouveau, se posant toutes sortes de questions quant à leur avenir. Certains sont déçus. Certains sont honteux, alors qu’ils parlaient de leur vie et de ce qu’ils devaient compter sur leur famille qui étaient restés dans les montagnes. Certains doivent retourner dans les montagnes pour y trouver des petits boulots qui leur permettent de nourrir leurs enfants.″ Cette enquête qui a duré 5 ans a montré que la plupart des personnes réinstallées dans les villes ou à leur périphérie au cours de la période du programme de protection et de reconstruction San Jiang Yun n’ont pas réussi à survivre sans accès aux ressources des montagnes. D’autre part, il n’existe pas de données précises prouvant qu’une telle migration ait pu avoir un impact positif sur les écosystèmes des montagnes, ce qui était la raison invoquée pour justifier ces déplacements de populations.
Urbanisation et stabilité sociale
Dans les villes, à l’inverse des régions les plus reculées du Tibet, les mouvements de populations et les contacts peuvent être contrôlés grâce à un système de grille. La Chine a mené sa première expérience de contrôle de gestion urbaine dans le district de Dongcheng à Pékin en octobre 2004. Sur le long terme, si la Chine demeure dépourvue d’un système véritablement démocratique, il semble probable que le développement continu du système de grille ne pourra aboutir qu’à un modèle d’état policier moderne dans le cas du Tibet. Ce qui, en partie, donne confiance en leur plan d’urbanisation au Président Xi Jinping et au Premier Ministre Li Keqiang.
Human Rights Watch a publié un rapport détaillé en 2013 sur la manière dont le système de gestion urbaine à Lhassa, capitale du Tibet, s’est avéré efficace dans le contrôle des déplacements des résidents. Dans cette administration urbaine de base, chaque “ quartier ″ ou “ communauté″ dans les villes sera divisé en 3 ou plus secteurs. Au moins huit unités de pilotage ont été mises en place à Lhassa en avril 2012, et en septembre, il a été déclaré qu’elles étaient “parvenues à des résultats notables.″ En octobre de la même année, les secrétaires régionaux du parti ont déclaré que “l’expérience de Lhassa ayant totalement prouvé l’efficacité du système de gestion en place à renforcer et promouvoir le management social (en d’autres termes à contrôler les protestations de masse) le dit-système devrait être universalisé dans “les villes, les zones rurales et les temples ″ de la Province Autonome.
Les expropriations
Les villes de proximité tout autant que les villages isolés du Tibet sont maintenant reliés à ces villes de plus en plus étendues. Des terres utilisées uniquement pour les cultures à l’origine sont maintenant transformées en des projets de vastes infrastructures ainsi que de bâtiments résidentiels et commerciaux. Selon la Banque Mondiale, en Chine, la réquisition et la conversion de terres agricoles à des fins industrielles s’est avérée être particulièrement inefficace parce que les décisions ont été majoritairement prises par des administrations et non pas en fonction de la demande du marché.
L’urbanisation de la Chine a été forte consommatrice de ressources foncières car les limites de l’urbanisation ne cessent de s’étendre et les juridictions territoriales des villes sont en augmentation, principalement en raison de l’expropriation de zones rurales environnantes et de leur intégration aux zones urbaines. Comme l’indique le graphique ci-dessous, la demande de réquisitions de terres agricoles est montée en flèche au cours des dernières années en Chine, en raison des projets d’urbanisation.
Entre 2001 et 2011, le total des terres chinoises à vocation de construction urbaine a augmenté de 17, 600 km2, pour atteindre une superficie totale de 41,805 km2 en 2011, soit une augmentation de 58% sur la décennie. Environ 90% de la demande de territoires urbains a été alimentée par l’expropriation de terres agricoles, alors que 10% seulement provenait de la réserve foncière de territoires urbains non utilisés. Si l’on se réfère à cette tendance, avec le développement des villes du Tibet, on va assister à des expropriations massives de paysans par le gouvernement chinois.
Le gouvernement, et, dans une certaine mesure, la communauté scientifique chinoise, ont largement négligé les conséquences qu’aura cette urbanisation accélérée sur des millions de fermiers et de villageois qui, légalement ou non, se sont trouvés dépossédés de leurs terres au cours des dernières années. Selon une statistique officielle, chaque année en Chine, 3 millions de cultivateurs se retrouvent sans terres. A ce rythme, on s’attend à ce que leur nombre double d’ici 2020.
La croissance des villes a une autre conséquence. Dans son ouvrage, Taming Tibet, Emily T. Yeh affirme que selon la Loi Chinoise sur l’Autonomie Régionale (LRNA), quand des régions, des préfectures et des communes sont élevées au rang de métropoles, elles y perdent leur statut d’autonomie. Uradyn Bulag, un anthropologue spécialiste de la Mongolie Intérieure, a avancé que les bénéfices du passage du statut administratif de commune à celui de ville, en particulier pour les autorités locales, “mettent en échec la sensibilité ethnique″ en ce qu’elles entraînent la perte d’un statut ethnique autonome.
Conclusion
L’urbanisation du Tibet (et d’autres endroits dans le pays) est conçue comme un remède à la récession économique en Chine. Cette politique est destinée à amener des millions de migrants chinois à s’installer et à faire des affaires au Tibet. En tant que parties prenantes dans ce projet, les villes tibétaines ont traversé des changements démographiques, qui ont eu pour conséquence d’accroître l’influence de la culture chinoise. La cadence prévue d’un Tibet urbanisé à 30% dans les années à venir signifierait que toutes les villes du Tibet seraient dominées par l’influence des Chinois ethniques. Avec pour conséquence que les Tibétains y perdront leurs droits linguistiques ainsi que le statut d’autonomie qui leur est associé. Dans le même temps, la mobilité et la communication des citadins sera contrôlée strictement à chaque fois que le gouvernement le jugera nécessaire.
Pour faire face à la croissance des villes, la terre, qui est la seule richesse que beaucoup de paysans tibétains héritent de leurs ancêtres, est achetée par des entreprises d’état et des compagnies étrangères. Les Tibétains des zones rurales qui ont perdu leurs terres doivent se mettre en recherche d’emplois non qualifiés, souvent précaires. Si le rythme actuel des réquisitions par le gouvernement chinois se maintient, la propriété de la terre dans de nombreuses régions du Tibet sera transférée aux migrants chinois, aux entreprises, et à l’état.
En réaction à ces changements, la résistance tibétaine va se renforcer. L’urbanisation du Tibet, avec ses conséquences catastrophiques sur les modes de vie traditionnels, ne peut gagner le cœur des Tibétains, ainsi que Xi Jinping l’a demandé explicitement lors du dernier Forum du Travail qui s’est tenu au Tibet. Cet appel n’a créé que d’autant plus de rancœur parmi les Tibétains.
Le Docteur Rinzin Dorjee est chercheur à l’Institut Politique du Tibet, un thinktank affilié à l’Administration centrale Tibétaine à Dharamshala (Inde).
20 Avril 2017
KARDZE (TIBET) : Un moine tibétain s’immole par le feu
Un moine bouddhiste tibétain s’est immolé par le feu dans l’ouest de la Chine, apparemment pour dénoncer la mainmise de Pékin sur le Tibet, selon ce que rapportent deux organisations.
Le moine s’est immolé samedi matin sur une place publique – Gump County – de Kardze, une ville aussi connue sous le nom de Ganze, dans la province occidentale du Sichuan, selon Radio Free Asia, une station de radio appuyée par les États-Unis, et Free Tibet, un groupe militant installé au Royaume-Uni.
Les flammes ont été éteintes et le moine emporté par les forces de sécurité, immédiatement arrivées sur les lieux. Un témoin a dit qu’il avait été si gravement brûlé que le corps carbonisé en était méconnaissable et on ne sait pas s’il a survécu, selon la directrice de Free Tibet, Eleanor Byrne-Rosengren.
Un homme qui a répondu au téléphone du commissariat de police locale a dit ne rien savoir de cette affaire. Un porte-parole des dirigeants locaux a renvoyé toutes les questions à la police.
Aucune information n’a pu être obtenue sur l’ identité de ce moine immolé ni sur son état actuel.
Des images mises en ligne sur YouTube montrent deux hommes utilisant des extincteurs pour éteindre ce qui semble être un corps en bordure d’une rue achalandée, pendant que la foule se masse. Free Tibet dit avoir obtenu les images d’un homme qui les auraient diffusées sur les réseaux sociaux.
Ce serait la 148e fois qu’un Tibétain s’immole depuis 2009, selon Radio Free Asia et Free Tibet. Au moins 125 d’entre eux sont morts.
La Chine prétend que le Tibet fait partie de son territoire depuis au moins 700 ans et elle considère que le dalaï-lama, le leader spirituel en exil des Tibétains, est un séparatiste dangereux. Les Tibétains affirment qu’ils étaient essentiellement indépendants pendant toute cette période et ils dénoncent la lourde mainmise de la Chine.
Libération de Lobsang Kunchok, survivant de son immolation, après 5 ans de prison
jeudi 13 avril 2017 par Monique Dorizon , Rédaction
Dans le Comté de Ngaba [1], un moine emprisonné depuis plus de cinq ans après avoir survécu à son immolation [2], a été libéré de prison après avoir purgé sa peine, ont déclaré des sources tibétaines dans la région.
"Lobsang Kunchok, moine appartenant au monastère Kirti de Ngaba, a été libéré le 28 mars 2017 et a été immédiatement emmené par la police dans une zone nomade loin de sa maison familiale de Ngaba", a déclaré une source locale sous couvert d’anonymat.
"Ses proches n’ont pas été informés de la date de sa libération, et personne n’a été autorisé à l’accueillir". "Les autorités ne lui permettent pas d’aller dans sa maison dans le canton de Meruma à Ngaba et le gardent loin de la population dans un lieu nomade", a-t-il déclaré.
Lobsang Kunchok avait purgé sa peine à la prison de Deyang au Sichuan au début du mois de mars, mais sa libération a été retardée en raison des tensions dans la région de Ngaba lors de l’anniversaire du soulèvement tibétain du 10 mars 1959 contre la domination chinoise.
Bien que les autorités aient espéré que la nouvelle de la libération de Kunchok ne se répande pas, "un de ses amis du monastère de Kirti en a entendu parler et est allé le voir le 29 mars, puis la nouvelle s’est rapidement propagée", a déclaré une deuxième source locale, parlant anonymement.
Lobsang Kunchok a perdu une jambe pendant le traitement des brûlures subies lors de sa manifestation et a été soumis à la torture et à d’autres types de harcèlement pendant son séjour en prison.
Survivant à ses brûlures après avoir été arrêté par la police, il a été rapidement conduit à un hôpital dans le comté de Barkham [3] pour un traitement et a été emprisonné plus tard, selon des sources.
M. Jean-Marc Ayrault s’est rendu en Chine les 13 et 14 avril.
A cette occasion, il s’est entretenu avec M. Wang Yi, son homologue, M. Yang Jiechi, conseiller des affaires d’Etat chargé des relations internationales, et Mme Liu Yandong, vice-Première ministre.
Les échanges ont porté sur l’actualité internationale et sur la promotion de nos intérêts mutuels dans le cadre de notre partenariat stratégique global, notamment en matière économique et d’échanges humains.
Il s’agit de la troisième visite de M. Jean-Marc Ayrault en Chine en tant que ministre des affaires étrangères et du développement international. Ce déplacement lui permet de prolonger le dialogue de haut niveau développé ces derniers mois avec les autorités chinoises, dans un contexte de forte incertitude à l’échelle mondiale et régionale.
Communiqué et photos Ambassade de France à Pékin*
Le mot du Bureau de France Tibet :
Nous pourrions être déçus …
Les Droits de l’ Homme pas plus que la situation au Tibet n’ étaient sans doute dans la liste des sujets à traiter …
» L’actualité internationale et la promotion des intérêts mutuels » entre la France et la Chine sont, en ces périodes de tensions internationales, des questions peu embarrassantes et qui permettent d’ établir plus facilement les consensus souhaités.
Et ce, en dépit de l’appel de Bénédicte Jeannerod , Directrice pour la France de Human Rights Watch ** qui comme France Tibet espérait que ces sujets soient au moins abordés à défaut d’obtenir des résultats probants : » A Pékin, Jean-Marc Ayrault devrait appeler publiquement les autorités chinoises à cesser de réprimer les droits des activistes à s’exprimer librement, à libérer tous les prisonniers politiques et cesser de recourir à la peine de mort. Cela montrerait que les relations diplomatiques et économiques de la France ne peuvent se faire au détriment des principes affichés : qu’au contraire, ces principes sont une composante vitale des relations de la France avec la Chine. »
Espoirs décus, disons presque comme toujours, puisque la France s’ est encore montrée plus que discrète quant à la répression conduite par les autorités chinoises.
Monsieur le Ministre, rappelez -vous : dans votre très récent discours du 23 mars 2017 ****, vous aviez souligné l’importance des droits humains dans la diplomatie française. Nous vous citons : « Les droits fondamentaux et leur universalité sont au cœur même de notre identité et donc de notre politique » « La détermination de la France à les défendre partout (…) n’est pas contraire à nos intérêts (…). Elle contribue, en fait, à la promotion de nos intérêts. Parce que ces valeurs ne sont pas des utopies irréalistes. Elles sont des principes d’action ».
Que voilà une prise de position forte mais qui s’ avère complètement dénuée de sens puisqu’ une fois encore, exactement 21 jours après, c’est la politique de la pleutrerie face aux intérêts économiques qui vient de prévaloir .
Non, Monsieur Jean Marc Ayrault, ce n’est pas glorieux…Ce n’est pas à l’ honneur de la France … Mais cette idée même d’ honneur est tellement galvaudée qu’ il est préférable de n’ y plus penser …
Dans ce même discours, vous aviez fustigé » la paralysie des enceintes internationales qui, souvent, découragent et discréditent » – sans citer la Chine d’ailleurs – dans le cas précis de la Syrie.
Vous aviez encore critiqué » la conception étriquée des intérêts nationaux ».
Il y a toujours très loin des paroles aux actes … Nous en avons encore la preuve aujourd’ hui même, lors de votre rencontre avec votre homologue à Pékin …
Malheureusement, vous n’avez pas relevé le défi … malgré ce très beau discours du 23 mars 2017, digne d’un concours d’éloquence !
Mais ce n’est somme toute que de la grandiloquence !
Reconnaissons que, nous, modestes citoyens défenseurs des droits de l’ Homme et de la cause tibétaine, sommes d’incorrigibles utopistes.
A bien y réfléchir, nous avons aussi la mémoire courte puisque lors de votre déplacement à Pékin du 26 octobre 2016 *** pour y rencontrer Xi Xiping, il n’ y avait pas eu de remous …
Alors tournons cette page en même temps que s’ achève cette mandature de François Hollande.
Oublions ces grands discours, ces belles promesses, ces réticences successives.
Et amusons nous à imaginer le numéro d’équilibrisme auquel vous auriez dû vous livrer …
dans le cas improbable d’ un sursaut de COURAGE qui aurait pu mettre en belle concordance promesses et réalités !
La prise de risques ne fait sans aucun doute plus vraiment partie de la culture de nos hommes politiques.
Merci à nos lecteurs pour ces images inattendues !
Pour prendre connaissance de la totalité des prises de position précédentes consultez les liens ci dessous :
La Chine et l’Inde ont déposé des candidatures concurrentes pour que la médecine tibétaine soit incluse à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Les experts chinois estiment que les communautés de « Tibétains en exil » en Inde ne permettront pas au dossier indien de l’emporter.
Un haut fonctionnaire du ministère de la Culture de l’Union indienne a déclaré au journal Indian Express que « l’Inde prépare ce dossier de candidature sur la médecine tibétaine de Sowa-Rigpa depuis de nombreuses années, il a maintenant été soumis à l’UNESCO pour examen ».
L’Inde a déposé sa demande en mars, selon l’article.
La Chine considère le Tibet comme une partie inséparable et un « intérêt central » du territoire national. Elle a critiqué l’Inde à plusieurs reprises pour avoir accueilli le 14e Dalaï Lama, considéré comme séparatiste par la Chine, à « Arunachal Pradesh », appelé Tibet du Sud en Chine.
« Le système de médecine tibétaine est né au Tibet et s’est développé sur le plateau Qinghai-Tibet dans le nord-ouest et le sud-ouest de la Chine », a observé Qin Yongzhang, ethnologue de l’Académie chinoise des sciences sociales.
M. Qin a déclaré que les communautés « tibétaines en exil » en Inde contribuent éventuellement à pratiquer et diffuser la médecine Sowa-Rigpa en Inde, et affirmeront peut-être que le système de médecine a été transmis et s’est développé en Inde pour aider la candidature du pays à l’emporter.
L’Inde a décidé de déposer un dossier sur le Sowa-Rigpa pour accroître son influence, faire avancer la confiance en ses effets et en bénéficier financièrement, selon M. Qin, qui affirme que « la réalité est que la médecine tibétaine n’est pas seulement originaire de Chine, elle s’est développée en Chine ».
M. Qin a noté que des milliers de variantes de la médecine tibétaine proviennent des provinces chinoises du Qinghai, du Sichuan et du Yunnan, et que les hôpitaux de médecine tibétaine sont présents dans toute la Chine, avec un volume considérable de publications médicales ces dernières années.
La Chine a accéléré le développement de la médecine et de la pharmacologie tibétaines. Le Conseil d’Etat a nommé le système de médecine tibétaine dans le premier lot d’inscriptions au patrimoine culturel immatériel du pays en mai 2006.
L’UNESCO examinera les dossiers des deux pays lors de sa prochaine session prévue en 2018.
« En 2007, la production de médicaments tibétains a atteint une valeur de 660 millions de yuans (96 millions de dollars), avec des ventes représentant 450 millions de yuans », indique un communiqué officiel du Bureau d’information du Conseil d’Etat publié en septembre 2008.
« Des médicaments tibétains sont vendus dans d’autres régions de Chine et à l’étranger », ajoute le document.
Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
BERNE : Une première…après une manifestation pacifique de Tibétains, une plainte pénale a été déposée contre le directeur de la sécurité de la ville de Berne, Reto Nause, et contre l’ action de la police.
L’engagement de la police bernoise, vivement critiqué, contre des manifestants tibétains en janvier à Berne a des suites judiciaires. Une plainte pénale a été déposée contre le directeur de la sécurité de la ville de Berne, Reto Nause, et contre l’action de la police.
La plainte émane d’un participant tibétain à une manifestation qui s’est déroulée en marge de la visite en Suisse du présidentchinois Xi Jinping. Il accuse M. Nause et le responsable de l’opération policière d’ abus de pouvoir et de contrainte, comme le révèle une lettre du Ministère public que l’ats a pu se procurer.
La visite du président chinois avait été entourée d’un important dispositif policier . C’est que les autorités suissesvoulaient éviter les mêmes incidents qu’en 1999, lors de ladernière visite d’un président chinois. Elle avait occasionné des remous suite à une manifestation de Tibétains.
Alors président, Jiang Zemin avait été sifflé, et des drapeaux tibétains ainsi que des banderoles pour l’ indépendance du Tibet brandis. Le président chinois s’était mis en colère et avait tancé les conseillers fédéraux présents.
Interdits de place Fédérale
En janvier dernier, les Tibétains n’ont donc pas été autorisés à se rendre jusqu’à la place Fédérale. Seule une manifestation avant l’arrivée du président chinois a été autorisée, en dehors de la place Fédérale. Plusieurs centaines de Tibétains s’ étaientalors rassemblés le matin pour une manifestation bruyante mais pacifique.
Ils ont demandé au président chinois Xi Jinping d’initier undialogue avec le dalaï lama, de cesser immédiatement lestortures à l’encontre des opposants tibétains et de permettre à des organisations internationales , telles que l’ONU, d’accéder à toutes les régions du Tibet pour se faire une idée de la situation.
Manifestants évacués
Après la manifestation du matin, quelques activistes membres de l’Association des jeunes Tibétains en Europe (VJTE) se sont rassemblés de manière non autorisée sur une place plus proche de la place Fédérale. La police a emmené 26 personnesqui refusaient de quitter les lieux malgré les injonctions. Après un contrôle au poste, elles ont été relâchées.
L’intervention de la police a soulevé de vives critiques. La section suisse d’ Amnesty International s’était inquiétée des restrictions aux manifestations imposées durant la visite d’Etat.
Présente à la manifestation autorisée du matin, la présidentedes Verts Regula Rytz a elle aussi jugé disproportionnées les mesures de sécurité prises par les autorités helvétiques à l’ occasion de cette visite.
Tâche difficile pour la police
Après la manifestation autorisée du matin, la police avait pour mandat de ne pas laisser se dérouler de rassemblement non autorisé. Reto Nause avait aussi fait valoir que la tâche des forces de l’ordre n’ avait pas été aisée, car en même temps que la visite d’Etat s’était déroulée une manifestation non autorisée contre le Forum économique mondial (WEF).(ats/nxp)
Créé: 12.04.2017, 20h
image : L’action de la police bernoise a été critiquée.Image: Keystone
16 Avril 2017
Le Dalaï Lama suggère une conférence sur l’avenir de l’institution des dalaï-lamas
Sa Sainteté le Dalaï Lama s’adressant aux membres de la presse à Tawang, Arunachal Pradesh. Photo/Jamyang Tsering/DIIR Photo / Jamyang Tsering / DIIR
TAWANG – Après le premier jour d’enseignements au temple Yiga Choeling dans le monastère de Tawang, Sa Sainteté le Dalaï Lama a parlé à plus de 50 membres de la presse et des médias.
S’adressant aux journalistes, le Dalaï Lama s’est félicité du rôle important joué par la presse dans l’éducation des masses sur le monde. Cependant, Sa Sainteté a rappelé à la presse le rôle encore plus important d’un rapport objectif dépourvu de préjugés ou de notions préconçues pour fournir des informations véridiques.
Sa Sainteté a également parlé de ses trois principaux engagements, notamment la promotion des valeurs humaines, la promotion de l’harmonie religieuse et enfin la préservation de la culture bouddhiste tibétaine et de l’environnement fragile du Tibet.
Soulignant le besoin croissant d’éthique séculaire dans le monde, Sa Sainteté a parlé d’un programme basé sur le pouvoir de l’éthique laïque préparé par l’Ecole Tata des Sciences Sociales et de la Recherche. Sa Sainteté a informé qu’une Conférence sur le sujet se tiendra prochainement, indiquant que la Conférence se concentrera strictement sur l’éthique séculaire à travers sa propre expérience, le bon sens et les résultats scientifiques.
Répondant aux questions sur le prochain Dalai Lama, Sa Sainteté a déclaré que l’Institution du Dalaï-lama qu’elle subsiste ou non, devrait être déterminée par le peuple tibétain.
Sa Sainteté a expliqué que la participation des anciens empereurs Qing dans le processus de sélection du Dalai Lama est quelque peu légitime, parce qu’ils étaient bouddhistes et aussi en raison de la relation « prêtre-patron » existant entre le Tibet et la Chine à ce moment-là.
Cependant, Sa Sainteté a clairement déclaré que le régime chinois actuel n’a aucun rôle dans le choix du prochain Dalai Lama ; d’abord parce qu’ils sont communistes et deuxièmement parce qu’ils ne croient pas au concept de religion.
« Pour participer au processus de réincarnation du prochain Dalaï Lama, ils devraient d’abord exprimer une forte croyance en la religion et ensuite avoir confiance dans le concept de renaissance. Ils devraient ensuite chercher la réincarnation de Mao, Deng Xiaoping, puis enfin le Dalaï Lama, » a affirmé Sa Sainteté.
Un journaliste a ensuite demandé à Sa Sainteté s’il y a la possibilité que le XIVème Dalaï Lama soit le dernier Dalaï Lama. Sa Sainteté a réitéré sa réponse et a affirmé que le peuple du Tibet déterminera la poursuite ou non de l’institution du Dalaï Lama. « Si la majorité des Tibétains estiment que l’institution Dalaï Lama n’est plus nécessaire, alors l’institution devra être abandonnée », a souligné Sa Sainteté.
Cependant, Sa Sainteté a précisé qu’à l’heure actuelle, il existe beaucoup de respect pour le Dalaï-Lama dans de nombreuses régions du monde, y compris la Mongolie, le Ladakh et l’Arunachal Pradesh entre autres. Par conséquent, Sa Sainteté a également laissé entendre qu’une Conférence pour discuter de la question du prochain Dalai Lama, puisse être convoquée avant la fin de cette année 2017.
Le chef auto proclamé de l’ULFA, un groupe considéré comme extrémiste par le gouvernement indien, a publié une lettre ouverte au Dalaï Lama dans laquelle il l’invite à éviter toute mauvaise parole envers la Chine à Assam où il doit se rendre cette semaine. Cette lettre a en fait tous les aspects d’un jeu géo politique de bien plus grande envergure nous assure Claude Arpj, écrivain et spécialiste de l’armée et de la défense Chinoise, qui ajoute « il est certain que la Chine tire les ficelles derrière l’ULFA » pour exprimer des objections et des critiques à l’encontre du leader tibétain.
Abhizeet Asom ou Abhijit Barman, le chef de l’ULFA (United Libération Front of Assam, le Front Uni pour la Libération d’Assam), groupe listé comme appendice terroriste a prévenu le lauréat du prix Nobel de 1989 en ces termes « Vous ne prononcerez aucune idée nocive à la Chine, ni en privé ni en public, car la Chine a toujours été une nation voisine amicale et que la relation liant Assam et la Chine s’enracine aussi bien dans la langue que dans l’héritage culturel des deux nations. Nous ne tolérerons pas que le point de vue de l’Inde soit propagé depuis le sol d’Assam. »
Abhizeet Asom poursuit en exhortant le Dalaï Lama à limiter ses efforts pour raviver la flamme de l’héritage du bouddhisme à Assam et lui recommande de considérer sa visite comme « une opportunité en tant qu’ambassadeur de la paix de faire quelque chose de marquant, un legs ». Le leader fugitif en exil à Londres continue en qualifiant la décision du Dalaï Lama de se rendre à Tawang zone voisine d’Arunachal Pradesh malgré les protestations de Beijing qualifiant cette visite de « peu judicieuse », zone indienne mais revendiquée par la Chine.
Claude Arpi qui a toujours té une voix importante et indépendante au sujet des relations entre la Chine, l’Inde et le Tibet a confié au journal Phayul que la lettre est sans doute une demande cachée de la Chine. « Si vous prêtez attention au style de rédaction de la lettre de ce gentilhomme (Abhizeet Asom) vous remarquerez que beaucoup de tournures de phrases sont typiquement chinoises. Le fait même que l’auteur de cette lettre avance que le conflit entre la Chine et l’Inde de 1962 ait été causé par une agression de la part de l’Inde est la version chinoise des faits, il ne fait donc aucun doute que l’ULFA n’est que l’outil de la Chine » analyse Arpi.
Les renseignements militaires nous informent que l’ULFA a été repoussée jusque profondément dans le territoire chinois, près de la frontière entre la Chine et la Birmanie. Le commandant en chef Paresh Baruah, condamné à mort par la justice du Bangladesh s’est réfugié dans le Yunnan où il a pu établir des camps d’entraiment pour agir dans le Yunnan.
En approfondissant la question, Claude Arpi ajoute que les deux nations œuvrent pour leurs intérêts essentiels, l’utilisation par Pékin de la carte « Dalaï Lama » pour en fait masquer ses intentions ou les réelles sources de perturbations de la zone, tandis que l’Inde a toujours montré une constance dans ses relations avec le Dalaï Lama car elle le considère comme « un invité d’honneur » depuis son exil le 31 Mars 1959.
« Que ce soit le Congrès (Congrès National de l’Inde) ou le parti Bharativa Janata, la position du gouvernement indien n’a jamais changé quant à l’accueil en Inde du Dalaï Lama en tant qu’invité d’honneur. La Chine peut donc s’agiter autant qu’elle veut, le Dalaï Lama sera toujours libre de ses mouvements en Inde et cela ne saurait altérer le point de vue du gouvernement Indien » poursuit Arpi.
Le leader spirituel octogénaire du Tibet devait visiter Assamet Arunachal Pradesh à partir du 1er avril. Le Dalaï Lama qui se décrit lui-même comme un « fils de l’Inde » donnera des conférences à l’Université de Dibrugarh pour entre autres présenter ses mémoires intitulées « Ma Terre et Mon Peuple » traduit en Assamais et enseignera à Tawang. À la suite de la réception de cette lettre de l’ULFA qui recherche l’indépendantisme d’Assam, tous les districts ont été mis en alerte en amont de la visite du leader Tibétain.
8 Avril 2017
La Chine récompense financièrement les moines et nonnes "bons patriotes" à Rebkong
jeudi 23 mars 2017 par Monique Dorizon , Rédaction
Lors d’une nouvelle campagne visant à promouvoir la fidélité tibétaine à Pékin, les autorités chinoises du Qinghai ont commencé à distribuer début mars 2017 des récompenses aux moines et aux monastères tibétains considérés comme ayant coopéré avec le régime du Parti communiste.
Le 6 mars 2017, une assemblée de la Préfecture de Malho [1], à Rebkong [2], a réuni des représentants d’environ 40 monastères appartenant à différentes écoles du bouddhisme tibétain.
Des responsables du Ministère du travail du Front uni et du Bureau des affaires religieuses ont distribué des récompenses d’environ 10 000 yuans (1 370 euros environ) chacun à des délégués individuels, et a également décerné des récompenses d’une valeur de plusieurs milliers de yuans à des représentants des monastères.
"Dans le même temps, ils ont averti que les moines qui avaient récemment voyagé en Inde et au Népal seraient (identifiés et) punis" [3], a déclaré une source parlant sous couvert d’anonymat.
"Au cours de la réunion, les autorités ont reconnu les récipiendaires, moines et nonnes, comme étant fidèles à la Chine et au parti communiste chinois au pouvoir", a ajouté la source, ajoutant que "des certificats d’unité et d’amitié avec des prix en espèces de 10 000 à 20 000 yuans" ont été remis aux monastères représentés.
"Beaucoup pensent que c’est un stratagème chinois pour anticiper les manifestations tibétaines du 10 mars", a déclaré la source.
Les autorités chinoises de Rebkong ont souvent tenu des réunions avec des Tibétains locaux, les exhortant à soutenir les politiques gouvernementales et à "apprécier les avantages étendus et complets du développement et de l’aide gouvernementale", ont précédemment affirmé des sources.
En mars 2016, les autorités ont imposé de nouvelles restrictions aux monastères de Rebkong, les incitant à suivre strictement la direction des comités de gestion imposés par l’État et renforçant l’interdiction d’afficher des photos du Dalaï Lama.
La Chine dépose des représentations auprès de l’Inde concernant une visite du dalaï lama
2017-04-05 21:28:04 xinhua
La Chine a déclaré mercredi qu’elle déposerait des représentations solennelles auprès de l’Inde concernant la visite du dalaï lama dans la région frontalière contestée.Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a fait ces remarques lors d’une conférence de presse quotidienne, en réponse à des informations de certains médias selon lesquelles le dalaï lama, considéré par la Chine comme un exilé politique qui a tenté de séparer le Tibet du territoire chinois sous prétexte de la religion, est arrivé mardi dans la région appelée « Arunachal Pradesh ».
Malgré les préoccupations de la Chine, l’Inde a persisté à organiser la visite du dalaï lama dans la région contestée située dans la partie orientale de la zone frontalière Chine-Inde, portant gravement atteinte aux intérêts de la Chine et aux relations Chine-Inde, a indiqué Mme Hua.
« La Chine s’oppose fermement à cette visite et déposera des représentations solennelles auprès de l’Inde », a ajouté Mme Hua.
« Notre position sur la question de la partie orientale de la frontière Chine-Inde est claire et cohérente », a exprimé Mme Hua. « Bien consciente du rôle du dalaï lama, l’Inde a renié ses engagements sur les questions liées au Tibet et ravivé le conflit frontalier en invitant le dalaï lama dans la région contestée sensible », a poursuivi Mme Hua.
La porte-parole a demandé à l’Inde d’arrêter immédiatement d’utiliser le dalaï lama pour porter atteinte aux intérêts chinois et de s’abstenir de jouer sur les questions sensibles entre les deux pays ou d’endommager le fondement des pourparlers liés à la frontière et des relations bilatérales.
La Chine proteste après une visite du dalaï lama dans une région disputée
La Chine a déclaré jeudi avoir protesté officiellement auprès de l’Inde après une visite du dalaï lama dans une région frontalière disputée entre les deux pays.
Le chef spirituel tibétain s’est rendu cette semaine dans l’Etat indien d’Arunachal Pradesh (est), revendiquée par Pékin. Il y a notamment visité des monastères.
« Attente à nos intérêts »
« Approuver la visite du dalaï lama dans une région contestée entre la Chine et l’Inde porte atteinte à nos intérêts et aux relations sino-indiennes », a déclaré jeudi Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Influence du dalaï lama
Pékin se méfie de l’influence du dalaï lama, qui vit en exil dans le nord de l’Inde depuis 1959. Celui-ci demande une « autonomie » élargie pour le Tibet, mais la Chine l’accuse de double jeu et de promouvoir l’indépendance du territoire.
Protestations officielles
« Nous sommes opposés à ce que des pays fournissent au dalaï lama une plateforme pour mener ses activités anti-chinoises et séparatistes », a souligné Mme Hua lors d’un point presse régulier. La Chine a « protesté » auprès de l’ambassadeur d’Inde et du ministère indien des Affaires étrangères, a-t-elle précisé.
Rappel historique
La Chine est intervenue militairement au Tibet en 1951, après quatre décennies d’indépendance de facto du « toit du monde ». En 1959, après une tentative de soulèvement manquée, l’actuel dalaï lama a fui en Inde. Il reste cependant révéré par de nombreux adeptes du bouddhisme tibétain de l’école des « bonnets jaunes », dont il est le plus haut représentant.
Victoire militaire chinoise
L’Arunachal Pradesh a été intégré au territoire indien à l’époque de la colonisation britannique, mais Pékin en revendique la souveraineté. L’Inde a été humiliée par la Chine lors d’une guerre courte mais sanglante en 1962 pour ce petit Etat, dont New Delhi conserve la tutelle depuis le retrait des troupes chinoises à la fin du conflit.
Campagne de délation, contrôles incessants… Sous prétexte de lutte antiterroriste, les 10 millions de musulmans de cette province semi-désertique sont la cible de nouvelles mesures liberticides.
Depuis quelques semaines, Pékin rivalise d’imagination pour mater toute éventuelle rébellion des Ouïghours, une ethnie musulmane turcophone peuplant la province du Xinjiang, située au croisement des «nouvelles routes de la soie» (ou «une ceinture, une route»), stratégie économique chère à Xi Jinping.
Sous prétexte de lutte antiterroriste, l’Assemblée régionale a voté la semaine dernière une série de quinze nouvelles interdictions, mises en service dès samedi. Les «barbes anormales» sont désormais prohibées, sans que soit défini ce que représente une barbe «normale», tout comme le «voile intégral» pour les femmes et autres «signes extrémistes», dans une région où le voile, la barbe et la calotte brodée font partie de l’habillement traditionnel. Il est désormais aussi illégal de refuser d’écouter et de regarder la télévision et la radio d’Etat, entre autres.
Ces mesures viennent s’ajouter à un déploiement de forces spectaculaire, orchestrées par le nouveau secrétaire régional du Parti communiste, Chen Quanguo. Celui-ci se targue d’appliquer à cette immense région semi-désertique sa méthode de «gestion sociale par le quadrillage» imposée par ses soins au Tibet durant les cinq années précédentes. Des milliers de postes de police ont été installés dans les villes, officiellement pour «servir d’abri aux citoyens contre les intempéries» et les forces de l’ordre ont été renforcées de 30 000 hommes, envoyés parader dans les rues cet hiver. Deux mois après sa prise de poste, en octobre, Chen Quanguo avait confisqué les passeports des 20 millions d’habitants de la province.
Des mercenaires au Xinjiang
Dans un reportage publié le 5 avril, le journaliste de Reuters Philip Wen raconte comment les commerçants de Kashgar, la deuxième ville de la province, doivent se plier à des exercices d’alerte aux attentats trois fois par jour, et installer, à leurs frais, des portes à codes et des caméras qui filment l’intérieur des magasins. Les contrôles d’identité se sont multipliés, ainsi que celui des téléphones. Les applications interdites, comme la messagerie WhatsApp, sont recherchées, et la vitesse de l’Internet mobile a été rétrogradée de la 4G à la 3G. Une vaste campagne de délation a été lancée, et le GPS est imposé dans toutes les voitures sur une partie du territoire. A Hotan, une ville où l’équivalent de 275 euros de récompense sont offerts pour toute dénonciation de personnes «dont la tête est couverte» ou de «jeunes arborant de longues barbes», l’équipe de de Reuters aassisté à l’inspection des papiers et de l’habillement d’une foule de mille personnes, serrées sur un terrain de basket, et vu des policiers enlever de force le foulard d’une femme d’âge moyen.
Selon les médias d’Etat, les dépenses de sécurité pèsent pour 20% du budget de la province. Un contrat a même été signé ces dernières semaines avec le sulfureux Américain Erik Prince, ancien fondateur de la société de sécurité privée Blackwater, dont des mercenaires avaient commis des exactions en Irak, pour ouvrir au Xinjiang une «base d’entraînement avancée», chargée d’entraîner des agents de sécurité.
Mosquées détruites
Les 10 millions de Ouïghours (qui ne représentent plus que la moitié des habitants de la province) dénoncent un espionnage à grande échelle et l’accélération de l’assimilation forcée. Selon le Congrès mondial ouïghour, organisation pacifique installée en Allemagne, «les « personnes suspectes » comprennent toute personne qui affiche ouvertement son appartenance à la communauté ouïghoure. La pratique religieuse est considérée comme une « menace pour la sécurité », et depuis juin 2016, près de 50% des mosquées ont été détruites.»
Certes, la menace terroriste est réelle. Ces dernières années, plusieurs attentats ont été commis sur le territoire chinois ou contre les intérêts chinois à l’étranger, et attribués aux militants ouïghours. Plusieurs dizaines de militants ont aussi rejoint les rangs d’Al-Qaeda et de l’Etat islamique, ce dernier menaçant directement la Chine dans une vidéo le 2 mars. Mais la faction islamiste, même encouragée par la répression, ne représente toujours qu’une part minoritaire des autonomistes ouïghours, un mouvement porté par des militants non-violents forcés à l’exil.
Image :
8 Avril 2017
Selon Kanwal Sibal, ancien Ministre des Affaires étrangères indien, « la revendication du Tibet pour une autonomie est légitime »
« Le programme de Sa Sainteté le Dalai Lama reconnaît que le Tibet fait partie de la Chine mais avec une réelle autodétermination et un authentique respect pour son autonomie, ce qui constitue une revendication légitime », a déclaré hier l’ancien Ministre des Affaires étrangères et ambassadeur, Kanwal Sibal, lors de sa visite au parlement tibétain à Dharamshala.
« Si l’armée chinoise stationne au Tibet actuellement, comment peut-il être autonome ? » a-t-il ajouté, se référant au déploiement à grande échelle de l’armée chinoise au Tibet, en opposition avec les réclamations du Tibet à être une région autonome.
L’ancien Ministre des Affaires étrangères indien a apporté des précisions sur les avancées importantes que l’Inde pourrait faire politiquement afin de régler la question du Tibet. « En premier lieu, l’Inde commencerait par rappeler qu’elle a reconnu le Tibet comme une région autonome de la Chine, et non comme une région occupée militairement par la Chine. Que cette distinction soit faite progressivement. En second lieu, nous devrions dire aux dirigeants chinois qu’ils ont la responsabilité, dans l’intérêt de la relation Inde-Chine et d’autres contextes, de trouver une solution au problème du Tibet, en accord avec les aspirations du peuple tibétain. »
Appelant à une issue pacifique à la question du Tibet , l’ambassadeur a invité les dirigeants chinois à résoudre le problème du Tibet, qui n’a que trop duré, par une attitude responsable en faveur d’un dialogue pacifique.
« Le peuple tibétain veut un règlement par des négociations pacifiques basées sur la non-violence. Cette culture est tellement riche qu’il faut la protéger. Il y a également les problèmes liés à l’environnement. Si l’écosystème tibétain est détraqué cela peut avoir de graves répercussions. Ils doivent mener un dialogue pacifique et résoudre cette question de manière responsable et non-violente. »
Revenant sur les faits récents concernant la relation indo-chinoise, l’ambassadeur a déclaré: « Notre relation avec la Chine prend une dimension exacerbée. La Chine a commencé à s’opposer ouvertement à l’Inde dans trois domaines: ses « soi-disant revendications sur l’Inde »; le corridor économique Chine-Pakistan; l’opposition de la Chine à reconnaître Masood Azhar, le chef de Jaish-e-Muhammad, comme terroriste et son veto à l’adhésion de l’Inde au Groupe des fournisseurs nucléaires (NSG). »
Kanwal Sibal est un diplomate, à la carrière remarquable, qui fut Ministre des Affaires étrangères du gouvernement indien. Sa visite à Dharamshala s’est faite avec le concours du Parlement tibétain en exil. L’ambassadeur, accompagné de sa femme Elisabeth Sibal et de soeur Asha Nanda, s’est rendu au Parlement tibétain la semaine dernière pour assister aux délibérations lors de ses sessions.
(Photo en tête d’article : l’ancien Ministre des Affaires étrangères indien et ambassadeur, Kanwal Sibal, s’entretenant avec des membres du Parlement tibétain en exil et des officiels du Gouvernement central tibétain, dont le vice-président du parlement tibétain, Acharya Yeshi Phuntsok (à droite), et le directeur de l’Institut politique du Tibet, Thubten Samphel (à gauche), et du chefdu DIIR (Département de l’information et des Relations internationales du Tibet) Lhakpa Tsering Hall.
8 Avril 2017
5000 expulsés, la destruction continue à Larung Gar
Dharamsala — L’association américaine de défense des Libertés, Human Right Watch (HRW), a publié un communiqué le 29 mars dernier, pressant les autorités chinoises de stopper les expulsions et la rééducation politique des moines et des nonnes d’une institution religieuse majeure au Tibet. Selon des informations transmises par un abbé sur place, les autorités chinoises auraient annoncé que 3 225 logements seraient détruits d’ici le 30 avril à Larung Gar, la plus large institution au monde du bouddhisme tibétain.
De nombreux moines et nonnes déjà expulsés de Larung Gar et la communauté religieuse de Yachen Gar, ces deux institutions situées dans la région tibétaine de la province du Sichuan, ont été forcées de retourner dans la Région Autonome du Tibet – RAT – et sont désormais sujets à des restrictions exceptionnelles de leur liberté mais aussi victimes de traitements dégradants. En novembre 2016, les autorités avaient forcé certaines personnes à subir une rééducation politique et une humiliation publique à Nyingtri (en chinois : Linzhi), au Sud-est de la RAT.
« En 2016 et depuis le début de l’année 2017, 4 828 moines et nonnes ont été contraintes de quitter Larung Gar et ce sont maintenant 250 nonnes de la province du Qinghai qui doivent encore partir», selon les mots que l’abbé à adressé à la communauté le 23 mars.
« Ceux qui sont partis n’ont jamais voulu s’en aller, ils sont tous partis contre leur gré. Et qu’ils aient ou non un endroit où aller, ils ont quand même dû partir. La Chine est en train de porter atteinte agressivement à la vie et à la liberté religieuses à Larung Gar, en soumettant beaucoup de moines et nonnes expulsés à une rééducation politique forcée » indique encore Sophie Richardson, directrice pour la Chine de HRW. « Les restrictions imposées aux anciens résidents doivent être retirées pour leur permettre de pratiquer pleinement et dans le respect de leur droit à la liberté religieuse. Ceci incluant la possibilité de rejoindre librement n’importe quelle institution religieuse et d’en observer les rituels. »
En novembre 2016, sept experts des Nations Unies ont écrit au Gouvernement chinois lui demandant des explications détaillées concernant l’expulsion en masse des religieux et religieuses tibétains, chinois et d’autres nationalités, installés à Larung Gar et Yachen Gar.
Le communiqué demande également au Gouvernement de fournir des informations quant aux fondements judiciaires qui ont poussé à l’éviction des religieux et à la destruction du complexe institutionnel . Il réclame aussi des informations concernant les mesures prises pour reloger ceux qui sont maintenant sans domicile, ainsi que des explications sur l’absence de consultations préalables avec les leaders spirituels locaux ; les raisons de l’implication du Gouvernement dans les affaires monastiques et les engagements des autorités en vue de garantir les droits à la liberté religieuse.
« La conduite de la Chine à Larung Gar et Yachen Gar montre un irrespect cruel et inflexible envers la liberté religieuse. » selon Richardson. « Les autorités chinoises peuvent défaire une partie du mal commis en arrêtant la destruction de cette Communauté, repondant justement aux besoin de la Communauté religieuse et en fournissant des explications limpides à propos de ses agissements à Larung Gar et au Nyingtri. »
Le Tibet a été envahi par la Chine en 1949. Depuis cette époque plus de 1,2 millions Tibétains ont été tués, plus de 6000 monastères ont été détruits et des meurtres, viols, des emprisonnements arbitraires, des tortures et des traitements cruels, inhumains et dégradants ont été infligés aux Tibétains à l’intérieur du Tibet. De son côté, Pékin continue de parler de « libération pacifique. »
1er Avril 2017
Samedi 8 avril 2017, en lien avec l'exposition Alexandra David-Néel, un aventurière au musée
Initiée à l’occasion de la carte blanche offerte à l’artiste contemporain franco-chinois Jiang Dahai, la Journée particulière est cette saison consacrée à Alexandra David-Néel à l’occasion de l’exposition Alexandra David-Néel, une aventurière au musée.
L’exploratrice disparue il y a près d’un demi-siècle laisse un héritage scientifique, littéraire et humain de première importance. En présence de Marie-Madeleine Peyronnet, qui fut sa secrétaire particulière, le musée propose une journée cinématographique et muséale, faite de rencontres pour redécouvrir cette femme hors du commun.
Sauf mention contraire, la journée est accessible sur réservation (jparticuliere@guimet.fr) et la présentation d’un billet d’entrée.
Rencontre Marie-Madeleine Peyronnet, « Une vie avec Alexandra David-Néel »
Table-ronde entre Marie-Madeleine Peyronnet, Fred Campoy, auteur de la bande-dessinée Une vie avec Alexandra David-Néel et Nadine Gomez, conservatrice à la Maison Alexandra David-Néel de Digne-les-Bains. Animée par Sophie Makariou, présidente du MNAAG. Horaire : 10h30 Durée : 1h Tarif : Compris dans le billet d’entrée Lieu : Auditorium MNAAG (6, place d'Iéna 75116 Paris)
Rencontre Nadine Gomez, « Dans l'intimité d'Alexandra David-Néel sédentaire »
Présentation de la maison d'Alexandra David-Néel et de ses « secrets ». Horaire : 11h45 Durée : 1h Tarif : Compris dans le billet d’entrée Lieu : Auditorium MNAAG (6, place d'Iéna 75116 Paris)
Parcours En compagnie de Marie-Madeleine Peyronnet
Visite particulière de l’exposition en compagnie de Marie-Madeleine Peyronnet qui évoquera ses souvenirs de la maison de Digne-les-Bains, des objets ramenés par Alexandra David-Néel et du parcours de la cantatrice devenue aventurière. Horaire : 14h Durée : 1h Tarif : Compris dans le billet d’entrée Lieu : Exposition Alexandra David-Néel (6 place d’Iéna 75116 Paris)
Cinéma
Guru Tsedan with Yanchan Lhamo and Keydrup (c) DR « River » de Sonthar Gyal
2015, vostfr
Présenté par Françoise Robin
La vie d'une famille de bergers à travers les yeux d'une toute jeune fille. Entouré d'acteurs amateurs, Sonthar Gyal dépeint une vie tibétaine de la région du Qinghai en Chine loin des clichés, mais enchanteresse. Horaire : 14h30 Durée : 1h34 Tarif : 5/4 euros Lieu : Auditorium du MNAAG (6 place d’Iéna 75116 Paris)
Cinéma
« Alexandra David-Néel - Du Sikkim au Tibet interdit » de Jeanne Mascolo
2015, vostfr
Présenté par Jeanne Mascolo
Le documentaire revient sur un épisode méconnu de la vie d'Alexandra David-Néel, les mésaventures vécues par Marie-Madeleine Peyronnet pour mener à bien son ultime volonté : la dispersion de ses cendres dans le Gange. Horaire : 16h30 Durée : 52 min Tarif : 5/4 euros Lieu : Auditorium du MNAAG (6 place d’Iéna 75116 Paris)
Situé dans la province du Sichuan, Yarchen Gar est le second plus grand camp monastique de Chine. Des milliers de bouddhistes y vivent dans des conditions plus que sommaires. Et redoutent leur expulsion par les autorités.
Après Larung Gar, Yarchen Gar est l’autre grand « campement monastique » tibétain. Ici, le processus d’expulsions organisé par le pouvoir de Pékin contre les monastères « rebelles » n’aurait touché, selon les ONG, que quelques centaines de personnes.
Au commissariat de Yarchen Gar, le personnel administratif se contentera d’expliquer que le campement n’accepte plus aucun résident. « De plus en plus de gens viennent s’installer, il n’y a simplement plus de place, seuls les séjours courts sont possibles », nous explique un cadre chinois du Comité de gestion. « Ce n’est plus comme avant, il y a toutes sortes de nouvelles lois et de règles sous Xi Jinping », poursuit-il. Le cadre promet toutefois de « nouvelles infrastructures », « la construction de routes » et un « centre de service » pour les habitants dont il faut, précise-t-il, « améliorer les conditions de logement ».
Une majorité de femmes
Situé comme Larung Gar dans la préfecture autonome tibétaine de Garzê (Sichuan), à plus de 4000 m d’altitude, Yarchen s’est construit dans la boucle d’une rivière qui descend des hauts plateaux. Une statue géante de Padmasambhava, l’introducteur du bouddhisme tantrique au Tibet au VIIIe siècle, domine le campement. Les maisonnettes se sont agglutinées en cercles concentriques. Beaucoup sont faites de bric et de broc. Des toilettes sèches collectives sont aménagées à divers endroits. L’eau est récoltée dans des puits. Au-delà des dernières maisons, des petites cabanes individuelles parsèment la prairie : ce sont des cellules de méditation, justes assez grandes pour accueillir une personne en position assise.
Le campement a été fondé par Achuk Rinpoche au début des années 1980. Depuis sa mort en 2011, son principal lama dirigeant est Asang Tulku (un tulku étant la réincarnation d’un maître ou d’un lama disparu). Les lamas de Yarchen sont de l’école Nyingma, la plus ancienne du bouddhisme tibétain, mais les étudiants y reçoivent un enseignement œcuménique.
Les nonnes et les pratiquantes femmes forment à Yarchen Gar la grande majorité des quelque 15 000 résidents. Elles occupent le cœur du campement. Les hommes sont en périphérie. Le lever est à 4 h 30, le petit-déjeuner à 7 heures, il y a quatre séances de méditation par jour, de deux à trois heures chacune. Certaines des nonnes partagent des maisons : « On a acheté notre maison 5 000 yuan (environ 700 euros) il y a sept ans », dit une jeune nonne tibétaine de 27 ans rencontrée à l’extérieur de Yarchen, dans un petit restaurant où elle se presse avec deux compagnes autour de bols de nouilles fumantes. Elles disent recevoir 500 yuans (70 euros) par mois du monastère pour elles trois.
Fondé au début des années 1980, Yarchen Gar héberge près de 15 000 bouddhistes dont 10 000 femmes. La vie y est rude, rythmée par les séances de méditation. Une statue géante de Padmasambhava, l’introducteur du bouddhisme tantrique au Tibet au VIIIe siècle, domine le campement (toutes les photos ont été prises du 17 au 19 février 2017).
GIULIA MARCHI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
Le petit restaurant a ouvert en face des cabines de bain aménagées sur des sources d’eau chaude où les nonnes font leur toilette. Ailleurs dans le campement, un moine tibétain explique qu’il est là depuis dix ans et a bâti sa propre maisonnette après avoir acheté le terrain l’équivalent de 1 500 euros. Au moins un des religieux croisés à Yarchen reconnaît que des maisons ont été détruites car « il y avait trop de monde». Mais tous rechignent à évoquer leurs craintes : feront-ils partie des rares élus autorisés à rester ? Quelles concessions devront-ils faire pour cela ?
Ici, les témoins extérieurs ne sont pas les bienvenus. La présence d’un journaliste étranger déclenchera en tout cas un impressionnant dispositif policier. On sera convié à « s’enregistrer » dans l’énorme commissariat situé en retrait du camp, à l’abri d’une colline. Pour s’entendre dire au bout de cinq heures que les étrangers ne sont pas autorisés à rester« plus d’une demi-heure sur place ». Et qu’il est donc nécessaire, en vertu « des lois chinoises », de « quitter le comté [de Baiyu] le lendemain matin avant 9 heures ». Nous le ferons sous escorte, après une nuit passée sous surveillance policière dans un hôtel du bourg situé en dehors du campement.
Dharamsala — L’association américaine de défense des libertés, Human Right Watch (HRW) a publié un communiqué le 29 mars dernier, pressant les autorités chinoises de stopper les expulsions et la rééducation politique des moines et des nonnes d’une institution religieuse majeure au Tibet. Selon des informations transmises par un abbé sur place, les autorités chinoises auraient annoncé que 3 225 logements seraient détruits d’ici le 30 avril à Larung Gar, la plus large institution au monde du bouddhisme tibétain.
De nombreux moines et nonnes déjà expulsés de Larung Gar et la communauté religieuse de Yachen Gar, toutes deux situées dans la région tibétaine de la province du Sichuan, ont été forcé de retourner dans la Région Autonome du Tibet (RAT) et sont désormais sujets a des restrictions exceptionnelles de leur liberté ainsi que victimes de traitements dégradants. En novembre 2016, les autorités avait forcé certaines personnes à subir une rééducation politique et une humiliation publique à Nyingtri (en chinois : Linzhi),au Sud-est de la RAT.
« En 2016 et depuis le début de l’année 2017, 4 828 moines et nonnes ont quitté Larung Gar et maintenant 250 nonnes de la province du Qinghai doivent encore s’en aller », selon les mots que l’abbé à adressé à la communauté le 23 mars.
« Ceux qui sont partis n’ont jamais voulu s’en aller, ils sont tous partis contre leur gré. Et qu’ils aient ou non un endroit où aller, ils ont quand même dû partir. La Chine est en train de porter atteinte agressivement à la vie et à la liberté religieuses à Larung Gar en soumettant beaucoup de moines et nonnes expulsés à une rééducation forcée » a indiqué Sophie Richardson, directrice pour la Chine de HRW. « Les restrictions imposées aux anciens résidents doivent être retirées pour leur permettre de pratiquer pleinement dans le respect de leur droit à la liberté religieuse. Ceci incluant la possibilité de rejoindre librement n’importe quelle institution religieuse et d’en observer les rituels. »
En novembre 2016, sept experts des Nations Unies ont écrit au gouvernement chinois lui demandant des explications détaillées concernant l’expulsion en masse des religieux et religieuses tibétains, chinois et d’autres nationalités installés à Larung Gar et Yachen Gar. Le communiqué demandait également au gouvernement de fournir des informations quant aux fondements judiciaires qui ont poussé à l’éviction des religieux et à la destruction du complexe. Il demande aussi des informations concernant les mesures prises pour reloger ceux qui sont maintenant sans domicile ainsi que des explications sur l’absence de consultation avec les leaders spirituels locaux, les raisons de l’implication du gouvernement dans les affaires monastiques et les engagements des autorités en vue de garantir les droits à la liberté religieuse
« La conduite de la Chine à Larung Gar et Yachen Gar montre un irrespect cruel et inflexible envers la liberté religieuse. » selon Richardson. « Les autorités chinoises peuvent défaire une partie du mal commis en arrêtant la destruction de cette communauté, repondant justement aux besoin de la communauté religieuse et en fournissant des explications limpides à propos de ses agissements à Larung Gar et au Nyingtri. »
Le Tibet a été envahi par la Chine en 1949. Depuis cette époque plus de 1,2 millions de tibétains ont été tués, plus de 6000 monastères ont été détruits et des meurtres, viols, des emprisonnements arbitraires, des tortures et des traitements cruels, inhumains et dégradants ont été infligés aux tibétains à l’intérieur du Tibet. De son cote, Pékin continue de parler de « libération pacifique. »
APACT
Association Humanitaire exclusivement composée de bénévoles qui vient en aide aux réfugiés tibétains qui mènent la vie de l'exil et du dénuement dans les camps installés depuis 60 ans en INDE et au NEPAL.