Famille Puntsok
Quand je pense à l’accueil que nous ont réservé les Tibétains, il y a un mot qui s’impose : l’émotion. La chaleur, mais aussi la simplicité et la pudeur de nos hôtes m’a touché. Il faut dire que j’étais malade, très affaibli, alors, mon cerveau embrumé n’était plus capable de réfléchir, de calculer, mais seulement de ressentir. Comme quoi toute expérience même désagréable a ses bons côtés. Un sentiment surprenant m’a envahi, celui d’une sorte de retour aux sources….
Tout s’est passé un peu comme dans un rêve un peu brumeux, mais où beaucoup de choses se passaient en dehors des mots, en dehors du temps.
Quand le 4x4 s’est arrêté dans le camp 5, j’ai découvert Puntsok (76ans) et son extraordinaire sourire, si franc, si pur, il me semblait qu’un rayon de soleil inondait la maison à chaque fois qu’il nous l’offrait; et il n’en était pas avare…
A ses côtés, il y avait Pema Chuntson (70 ans) et son beau visage plein de compassion et de respect. Chaque fois que nous nous voyions, nous nous inclinions légèrement l’un vers l’autre, avec tendresse…
J’ai fait aussi la connaissance de Sonam Dolma (leur fille), si menue que j’avais l’impression qu’une rafale de vent pouvait l’emporter. Pourtant, elle assume une grande partie du travail à la maison et à la ferme.
Cerise sur le gâteau, Tenzing Gonpo (13 ans), était en vacances chez sa mère et ses grands parents. Il en a profité pour se faire cajoler et faire sa provision d’affection pendant les quelques jours qu’il passait avec les siens. Le jour où je suis reparti, il faisait de même. Un long voyage pour Dharamsala où il allait passer toute l’année scolaire loin de sa famille. Il y a 2 ans, il a été mon premier filleul, mais au bout de quelques mois, son père a enfin donné signe de vie et assumé sa responsabilité en prenant en charge les études de son fils. J’ai dû donc interrompre un parrainage devenu inutile, mais continué d’aider les grands parents pour leur permettre de se soigner.
J’ai vraiment eu l’impression de vivre avec eux, un peu comme eux. Bien sûr, c’est comme en physique quantique, la simple présence d’un observateur modifie l’expérience…mais tout de même j’étais au plus près, du moins pour une première rencontre.
Ce sont des gens à la fois très pauvres et très riches. Leur maison n’est pas en bon état. Pendant la mousson, seule la pièce principale doit rester à peu près au sec, et encore à condition de mettre des bâches devant les fenêtres, côté extérieur, car il n’y a pas de vitres. L’intérieur est nettoyé, mais tellement vieux qu’on ne sait plus de quelle couleur ont été les murs. Il y a des trous dans les murs de la réserve de grains, et Sonam a fini par m’avouer que les rongeurs prélevaient une partie importante de la récolte. Car se n’est pas facile de leur faire exprimer leurs besoins : Je suis jeune, me dit Sonam, en réponse à mes questions, d’autres ont plus besoin que moi ! (Elle omet de dire qu’elle a deux personnes âgées à la maison, et une petite santé). Les aider m’apparaît comme une priorité personnelle.
La richesse est plutôt intérieure. Je sens bien que leur religion leur apporte une grande stabilité. Puntsok est Lama, et cette responsabilité occupe une partie de ses journées.
La vie semble s’écouler au jour le jour, sans heurt, sans énervement, sans convoitise, simplement et sereinement. J’apprécie énormément. C’est ce que je recherche actuellement, et beaucoup de nos contemporains trouveraient certainement apaisement à aller faire un petit stage de vie dépouillée….Mais ça c’est une autre histoire
J’ai été heureux de rencontrer les parents de la filleule de ma mère (22 ans, étudiante infirmière) dans leur minuscule maison, mais en bon état et très propre. Lui aussi est Lama.
Beaucoup d’inquiétude par contre pour la mère adoptive de ma filleule Karma Dolma (19 ans, étudiante à Mussoorie) sa santé parait très altérée, et nous sommes passés plusieurs fois la voir avec René (le très utile et dévoué médecin du groupe !) pour essayer de la soulager.
De retour à Delhi, je suis resté quelques jours de plus et j’ai pu faire la connaissance de Karma Dolma et de son cousin, et visiter la ville avec eux. De bons souvenirs.
Je n’ai pas l’intention de vous raconter tout le voyage, mais quelques éclairages sur certains aspects, d’un grand, beau et difficile voyage qui m’a beaucoup apporté, surtout au niveau humain, tant par le contact avec les Tibétains, les Indiens qu’avec le groupe dans lequel nous avons beaucoup partagé. Il faudra du temps pour en assimiler tous les aspects et toutes les informations et leçons.
Atmosphère d'origine garantie
Puntsok dans la salle de prières
Pema Chuntson
Puntsok
Puntsok coud un porte monnaie pour Gonpo
Veillée sans électricité